Mes impressions sur «
les diaboliques » de Jules Barbey d'Aurevilly paru en 1874 chez l'éditeur Dentu.
J'ai parfois eu du mal à entrer dans certaines
nouvelles, ce roman en contient six. Mais les chutes souvent prévisibles sont d'Enfer ! (sans jeu de mots)
« le rideau cramoisi » est l'un de mes favoris, Alberte est-elle frigide ? Quel est son jeu ? À la première page je comprends pourquoi Barbey est considéré tel le romancier qui observe comme
Stendhal, peint à la
Balzac et écrit à la façon d'un
Mérimée.
J'ai moins aimé « le plus bel amour de Don Juan » et me suis interrogé sur le sens donné à cette nouvelle. Mais le talent s'exprime dans ces extraits : « …Et c'est au teint et non aux cheveux qu'il faut juger si on est brune ou blonde … C'était une brune aux cheveux noirs »
« le bonheur dans le crime » comme les autres
nouvelles pourrait s'assimiler à une histoire authentique. C'est complètement amoral, je ne cautionne pas mais j'aime bien.
Je n'ai pas été porté par «
le dessous de cartes d'une partie de whist » mais le plaisir est resté dans ces phrases clés « C'est de l'esprit servi dans sa glace, une femme froide à vous faire tousser » ou encore dans l'observation de la jalousie « L'envie de ceux qui restent, se venge à sa façon, du plaisir de ceux qui voyagent ». Barbey se révè
le aussi en fin observateur « … le meilleur moyen, le seul peut-être de gouverner les hommes, c'est de les tenir par leurs passions »
C'est dans « à un dîner d'athées » que certains extraits m'ont séduit, Barbey exécute l'oxymore avec brio « Toutes ces bouches qui priaient à voix basse dans ce grand vaisseau silencieux et sonore ». le fatalisme surgit comme un couperet « ...J'avais ôté mon âme de cette liaison, et, d'ailleurs je ne traînais après moi, comme l'a dit je ne sais plus qui, la chaîne rompue d'aucune espérance trompée » Et, comme dans un tableau de maître l'auteur nous peint le sexe convoité « Ses cheveux appesantis par la chaleur, croulaient doucement sur sa nuque dorée, et elle était bel
le ainsi, déchevelée, languissante à tenter Satan et à venger Eve ! » Excellent Barbey aussi, dans l'exploration de l'âme féminine par les réponses jetées en salves vers l'amant jaloux et blessé qui l'assène de paroles brutales et abjectes.
«
La vengeance d'une femme » intègre mon lot de préférences. L'intrigue est bien menée dans cette vengeance destructrice. L'ambiance tient en quelques mots « …Elle monta lentement l'escalier en colimaçon – image juste car cet escalier en avait la viscosité.. » et la mise en place de la scène dans cette description « …Des robes jetées çà et là confusément sur tous les meubles, et un lit vaste – le champ de manoeuvre, avec les immorales glaces au fond et au plafond de l'alcôve, disaient bien chez qui on était … »
En conclusion, je ne sais pas si
Barbey d'Aurevilly avait des idées apophatiques sur les femmes ? Je ne suis pas hermétique à cet auteur, qui parfois se complait dans l'entropie ; il y a du talent là-dedans, c'est certain, mais que c'est long parfois! Des descriptions interminables, on a envie de bailler ! La séduction tient aussi dans ces histoires qui pourraient être réelles.