L'ouvrage est exhaustif (peut-être un peu trop quant à la multiplicité des détails) et profond. La culture littéraire et politique de l'auteur font que le récit parle à l'esprit. Seul bémol: pourquoi mettre de-ci, de là, des piques contre tel ou tel? Cela nuit à l'ensemble à mon sens.
Ce récit est une tentative de percer l'homme que fut l'ancien président de la République et nous offre à travers ses derniers mois de vie matière à penser et à se souvenir.
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Pour Laurent Fabius, c'est "l'ambivalence " qui résume le mieux François Mitterrand. "Je dis bien "l'ambivalence" et non pas l'ambigüité en quelque sorte ordinaire, la duplicité médiocre ou l'opportunisme si fréquents en politique. Une ambivalence fondamentale, métaphysique, qui le fait considérer toute chose comme à la fois elle-même et son contraire, toute personne comme à la fois bonne et mauvaise, toute situation comme simultanément tragique et pleine d'espérances. Ambi- valence: valeur double. "Une perception chez lui totalement dialectique de la réalité humaine".*
* Laurent fabius, Les blessures de la vérité, Flammarion, 1995, p. 292
p. 192
Il a très fréquemment interrogé Marie de Hennezel sur le moment même de la mort. "Il est vrai que j'ai très souvent été présente dans un tel moment, auprès des malades, explique-t-elle. Je lui répondais que c'est aussi simple que de naître. Le corps est prêt pour cela. Il sait naître et mourir. C'est comme une bougie qui s'éteint. La peur est causée par notre propre imaginaire, à ce moment-là. L'arrivée du souffle, ce qui maintient en vie, est un moment que le corps sait traverser; l'organisme doit savoir aussi passer dans l'autre sens."
(entretien avec l'auteur, 17 juin 1996.
p. 316
Christophe Barbier - Deux Présidents pour rien