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Trademark tome 2 sur 3
EAN : 9782843448881
300 pages
Le Bélial' (19/09/2019)
4.03/5   86 notes
Résumé :
[PEUT ETRE LU INDÉPENDAMMENT DES TOMES PRÉCÉDENTS]

Sylvester Staline, citoyen X23T800S13E616, tourne des cubes colorés. Un boulot qui en vaut bien un autre, au fond, et qui a ses avantages. Son compte en banque affiche un solde créditeur de 4632 unités. Et si son temps de loisirs mensuel est débiteur de huit heures, son temps d’amitié restant à acheter est dans le vert. Sans même parler de son temps d’amour : plus de quarante-trois heures ! Une petite... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Après bonheur[tm], Jean Baret nous propose une nouvelle vision d'avenir et d'effroi avec vie[tm], une autre société futuriste fondée sur les trademarks, ces marques déposées qui régissent nos vies.

Citoyen, à vos temps de loisirs !
vie[tm] met en scène le citoyen X23T800S13E616, alias Sylvester Staline comme il s'est lui-même nommé. Comme tous les autres humains, semble-t-il, il s'éveille, travaille, se divertit, se couche chaque jour dans sa cellule de quelques mètres carrés. Il y possède uniquement un « TED », cocon qui le nourrit et le restructure chaque nuit, un fauteuil, des oreillettes et des lentilles. Ces derniers lui permettent d'accéder à l'immense réseau de hubs, de portails, de forums que la société lui propose. Ainsi, chaque jour, Sylvester possède un temps de travail à vendre, un temps de repos à acheter et des temps d'amour, d'amitié et de travail à dépenser. Or, X23T800S1E616 a pris l'étrange habitude de se suicider tous les soirs. Certes, il revient à la vie grâce à son Ted[TM], mais tout de même, le lecteur risque de se dire : « peut-être qu'il ne va pas bien, tout simplement ». « Peut-être qu'il ne va pas bien » ?? le lecteur a un oeil de lynx (voire un oeil de taupe, mais c'est une autre histoire). Heureusement, les algorithmes du bonheur sont là pour veiller sur la santé, le bien-être et le bien-consommer de notre héros. D'ailleurs, à chaque fois qu'il a besoin de quelque chose et qu'il le fait savoir (une simple recherche, une envie sexuelle, un nouvel objet à construire, etc.), un nouvel algorithme est à son service ; et même quand il ne le fait pas savoir, des formulaires sont auto-remplis pour contenter des besoins dont il n'avait pas conscience.

L'aliénation algorithmique
Jean Baret a pris le pli de mettre son lecteur en condition pour ressentir lui-même l'abrutissement et l'aliénation que l'auteur compte mettre en scène dans son roman. Cela se voit dans le style, volontairement répétitif et lancinant, et c'est au lecteur de bien faire attention aux changements, parfois infimes, qui surviennent de jour en jour. Dans vie[tm], c'est dans un monde où il n'y a plus aucune création que nous sommes conviés : le narrateur a accès à quantité de portails dédiés à toute la culture des siècles précédents, mais sans jamais avoir la possibilité de faire vraiment oeuvre de création, d'imaginer de nouveaux futurs possibles. Ainsi, les références sont constantes, il suffit de voir les noms détournés que se choisissent les citoyens, jusqu'au matricule du narrateur : X23T800S13E616 renvoie à X-23, clone de Wolverine dans l'univers Marvel Comics, au T-800, marque du Terminator de la série de films du même nom, à la E-616, pour Earth (Terre) 616, c'est-à-dire la continuité principale de l'univers Marvel Comics, par contre, S-13 est plus flou pour moi, peut-être une référence aux sous-marins soviétiques du temps de Staline justement. C'est donc un monde qui tourne en rond, où les algorithmes sont censés être nos serviteurs dociles, mais où ce sont eux qui nous aliènent. le style va un peu plus loin encore quand certaines habitudes d'écriture émergent, parfois proches de celles prises par Alain Damasio quand il invente des mots-valises comme « infomercials ». le but est de montrer que ce monde assez vide ne fait que des resucées constantes de ce qui a déjà été fait, sans aucune surprise, sans plus aucune attente.

Qu'est-ce que la vie[tm] ?
Quand absolument tout est marketé, compilé et géré par des algorithmes qui sont censés être à notre total service, que signifie être en vie ? C'est évidemment la question centrale de l'ouvrage. le héros questionne le sens de sa vie : au fond, n'est-il qu'un sourd-aveugle au monde payé à ne rien créer afin que rien ne change ? Sa quête personnelle le rapproche, par pur hasard, du nihilisme et d'une certaine forme d'anarchisme politique, on l'informe sur ces mots et sur leur histoire, mais au fond il n'écoute et ne comprend pas, tellement habitué à zapper sur des « infomercials », à faire un travail abrutissant ou à dépenser du temps d'amour, d'amitié ou de loisirs. C'est au hasard d'un séminaire instructif imposé par un algorithme envoyé via un formulaire auto-rempli, qu'il se surprend à imaginer autre chose, à s'imaginer une vie. Toutefois, là où dans bonheur[tm], Jean Baret commettait probablement une erreur en essayant de pousser l'intrigue un poil trop loin par rapport à ce qu'il avait choisi comme personnage principal, ici au contraire il s'arrête net au risque de ne rien révéler du tout. L'effet à la toute fin de la lecture est poignant : comment quitter ce livre ? Personnellement, j'ai badé un bon moment.

Jean Baret nous assène donc encore un coup de poing littéraire, alternant brins d'humour et passages trash, et nous laissant sur une terrible fin sans explication certaine : la lecture a fait son oeuvre.

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Les algorithmes sont partout : dans nos pages Facebook, dans nos paniers d'achat en ligne, bientôt dans nos voitures. Certains les imaginent déjà prendre les décisions importantes à notre place : après tout, une machine n'est ni sensible au stress, ni corruptible, ni névrosée par son enfance…

Jean Baret pousse cette logique jusqu'à sa conclusion, et laisse les machines gérer entièrement la vie quotidienne. Des prothèses vous permettent d'évoluer dans un monde virtuel ; trois jauges (loisirs, amitié et amour (ou plutôt sexe)) permet de contrôler que vous restez dans la normalité. En cas de coup de mou, une dose d'anti-dépresseur dans votre nourriture quotidienne réglera sûrement le problème. Si pas, des séminaires sur-mesure (religion, psychanalyse, nihilisme) vous permettront d'accepter votre sort plus sereinement. N'essayez pas de comprendre ce que vous faites, profitez de la vie et laissez les algorithmes s'occuper des détails pratiques.

Un seul être semble de ne pas se satisfaire de son sort : Sylvester Staline reste passablement dépressif malgré les nombreux assistants virtuels prêts à l'aider, et se suicide régulièrement (le premier suicide survient dès les premières pages, et la scène est d'ailleurs particulièrement violente). Les bains de régénération des cellules, pour le coup, semblent plus un cauchemar karmique qu'une bénédiction.

Si la première idée de cette société gérée par les algorithmes est plutôt désagréable, une réflexion plus posée donne une vision plus ambivalente ; en effet, on ne sent jamais de réelle oppression sur les humains : Sylvester veut sortir de chez lui ? Pas de soucis, il peut (le problème, c'est qu'il n'y a plus rien à faire dehors, puisqu'il est tout seul à avoir cette idée). Il possède une arme illégale pour se suicider ? Les algorithmes, loin de le traquer, s'arrangent pour signer les papiers nécessaires pour que cette possession soit régularisée. Il veut se révolter contre cette société absurde ? On lui propose quantités de reportages pour lui apprendre tout ce qu'il veut sur le sujet. Sans résultat notable d'ailleurs, car si cette société tourne totalement à vide, quelque part l'humanité a gagné la partie : elle n'a plus de crainte sur son avenir, ses besoins primaires sont totalement pris en charge, et elle n'a plus qu'à profiter d'une vie de loisirs, d'instruction et de plaisir, situation que ne renieraient pas certains philosophes, anciens ou modernes.

Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas frotté à une dystopie, depuis ma lecture des classiques du milieu du XXe siècle. Je n'ai trouvé que des qualités à ce roman : une vision claire et incisive des questions qui vont se poser prochainement à nous, une foule de petits détails qui permet de nous immerger dans cette société sans même s'en rendre compte, et, cerise sur le gâteau, un humour qui permet de s'échapper de l'ambiance souvent sombre de ce genre littéraire.
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Des déviants bien dans la norme !

Livre ouvert. Esprit™ vidé. Premiers chapitres
Premier réflexe : Ouah, ça commence fort, voilà un auteur qui n'a pas peur de pendre son PumPénis™ pour un ButtPlug™
Deuxième réflexe : en plus, c'est trop tip top rigolo, style humour noir et ironie avec une pointe de cynisme comme j'aime. Un univers sombre caché sous la poilade.
Troisième réflexe : L'auteur a le sens de la formule. En plus, il ose chercher des références pointus comme je les aime : La petite maison dans la prairie, les noms des personnages. Sans oublier bien sûr notre Daniel Balavoine.
L'auteur semble avoir du talent, être inventif, original et ça m'énerve, j"e me lève de mon fauteuil, va vers la penderie, ouvre la porte coulissante, sort une boîte, ouvre la boîte, prend le patent 626TB25, l'enfonce au fond de ma gorge et presse la détente."

Livre ouvert. Esprit vidé. Milieu du roman
Premier réflexe : Moi qui n'aime pas lire des scènes de sexe dans les romans, voilà un auteur qui comprend que ces scènes doivent avoir une utilité dans l'intrigue. Ça passe sans problème
Deuxième réflexe : Toujours aussi mordant, pas de signes d'essoufflement en vue. Mon Temps de loisir va vite devenir débiteur avec ce roman, tandis que mon temps d'amour et d'amitié vont en pâtir.
Pas grave, il ne faudrait pas me confondre avec un lecteur qui en a quelque chose à foutre
Troisième réflexe : J'avais surtout peur de lire un essai déguisé sur la Vie, une resucée de philosophie pour montrer que c'est un auteur qui a des références. Bref, un truc chiant à lire. Mais du tout, on s'amuse et on peut y lire en même temps le sous texte acerbe et et critique de notre société, sans gêner la lecture. Une revisite du célébre Métro Boulot Dodo.
L'auteur a du talent, il est inventif, original et ça m'énerve, "je me lève de mon fauteuil, va vers la penderie, ouvre la porte coulissante, sort une boîte, ouvre la boîte, prend le patent 626TB25, l'enfonce au fond de ma gorge et presse la détente."

Livre fermé. Esprit™ vidé. Chapitres terminés
Premier réflexe : Voilà un roman drôle, dramatiquement drôle, furieusement drôle, ironiquement drôle. Une farce satirique pleine de mordant. N'allez pas croire que nous sommes en terre dystopique, car c'est surtout de notre présent dont il s'agit.
Deuxième réflexe : N'allait surtout pas croire que Jean Baret est un auteur qui en a quelque chose à foutre, déjà avec une trilogie qui peut se lire de manière complètement indépendante, dans le sens que l'on veut.
Troisième réflexe : 24 suicides, voilà qui force l'admiration ! Mais ne croyez pas que X23T800S13E616 est un citoyen qui en a quelque chose à foutre. Lui, ce qu'il aime, c'est la Vie, pas la Vie™. Alors, pour tromper son mal-être...
L'auteur est talentueux, inventif, original et ça m'énerve, "je me lève de mon fauteuil, va vers la penderie, ouvre la porte coulissante, sort une boîte, ouvre la boîte, prend le patent 626TB25, l'enfonce au fond de ma gorge", le repose, me connecte à la boutique en ligne du Bélial.
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Cette lecture m'a laissée un peu perplexe. Je ne sais pas vraiment ce que j'en ai pensé. Ou en tout cas, j'ignore si je l'ai vraiment apprécié ou pas. Il faut dire que l'éditeur place la barre haute lorsqu'il dit, concluant un « mot » précédant le roman, qu'il s'agit d'« un colossal uppercut à l'estomac doublé d'un coup de talon là où ça fait mal ; le projet de SF politique du XXIe siècle ». le genre d'éloge qui, chez moi, conduit généralement à une déception. Je préfère éviter d'avoir des attentes trop élevées car, si je suis globalement bon public, trop me vanter un roman (ou un film) a souvent l'effet inverse. Je n'irais pas juste à dire que je suis déçue en ce qui concerne VieTM, mais je n'ai pas l'impression non plus que les promesses mirobolantes de l'éditeur aient été tenues.

Il y a toutefois quelque chose de particulièrement déprimant dans ce livre. Un écho de la vacuité de ma propre vie, ce qui est une thématique que je remâche régulièrement (je suis quelqu'un de tellement positif…). Evidemment, le futur décrit est loin d'être un copié-collé de nos existences et nous n'en sommes pas au point de l'humanité décrite dans le livre : isolé·es dans des appartements, maintenus en vie presque éternellement grâce à un « TedTM » (un lit nutritif qui régénère les cellules et capable de ressusciter un macchabée), absolument incapables de survivre sans la technologie avancée qui emprisonnent les personnages du roman, partageant notre vie entre le travail, les loisirs, l'amitié et l'amour selon des temps chronométrés et surveillés par des algorithmes, ignorant ce qu'est un véritable contact entre être humain hors réalité virtuelle. Mais quand même. Tous nos emplois sont-ils parfaitement intelligents et utiles à la société ? Les algorithmes n'ont-ils pas pris une place non négligeable dans nos existences ? Nos survols des articles Wikipédia sont-ils si éloignés des « infomercials », résumés en trois minutes sur tous les sujets possibles et imaginables, qui envahissent le champ visuel de Sylvester ? Les absurdités des discours algorithmiques sont-ils plus fous que notre paperasserie administrative qui se révèle parfois parfaitement absconse et sans fin ?

Sylvester Staline ressent un mal-être, indéfini mais bien présent. Et tous les soirs, il se suicide. Lorsque des algorithmes, des « codes-stars cravates », se penchent sur son cas, ajoutant des antidépresseurs dans son TedTM, le poussant à suivre un séminaire nihiliste (ça aurait pu être religieux, scientifique, ésotérique, agnostique, mais il a choisi au hasard et c'est tombé sur nihiliste), il ne va cesser de se démarquer de ses concitoyens car il s'interroge. Quel est le but de sa vie ? Quelle est sa vie ? A-t-il déjà rencontré, réellement, physiquement, d'autres êtres humains ou sa vie entière a-t-elle été bercée par des algorithmes ? Que signifie cette époque où tout est à portée de main, mais où l'on ne crée plus rien, où l'on ne fait que recycler un passé révolu ?
Dans le roman, il y a des dizaines voire des centaines de milliards d'êtres humains sur la planète. Ils peuvent se rencontrer n'importe quand dans leurs hubs virtuels, les relations amicales sont tarifées, les relations sexuelles se font à distance. Ils portent des pseudonymes qui tournent en dérision (même si ce n'est pas mon genre d'humour, ça a un peu fait un plat avec moi) des célébrités réelles ou imaginaires du passé comme Nabot Léon, Baraque Obama, Jean-Paul Tartre, Harry Poppers ou Zara Foutra. Sauf que, pour eux, il n'y a aucune notion d'humour, c'est simplement que ces noms ne veulent plus rien dire. Il n'y a plus de respect, d'admiration envers quiconque (sauf quelqu'un ayant énormément de contacts – tiens, ça me rappelle quelque chose – ou possédant de jolis et coûteux trucs virtuels) car les sentiments sincères ont disparus. Il n'y a plus de croyances, il n'y a plus de morale – la mort, les viols, la zoophilie deviennent des loisirs parfaitement ordinaires –, il n'y a plus de vie privée – on partage des sexfies avec tout le monde –, bref, cela donne lieu à des passages très crus et répugnants (ouf, il y a quand même un certain gouffre entre eux et moi !). Tout est virtuel donc rien ne porte à conséquence. On ne peut plus tuer, on ne peut plus faire souffrir et on ne peut plus déranger le système.
Un univers aberrant, improbable, excessif et outrancier qui parvient tout de même à interroger les absurdités de notre propre monde, à refléter un peu du vide de nos propres vies.

Cette chronique est extrêmement brouillonne et confuse, j'ignore si vous parviendrez à y comprendre quelque chose, mais c'est bien la preuve que ce roman me laisse perplexe. Je l'ai trouvé exagéré, poussé à l'extrême – dans ses descriptions de sexe ou de massacre, dans ses insultes ou expressions vulgaires (raah, ce « à plus on se suce », je n'en pouvais plus de lire !) – et parfois long dans ses répétitions – néanmoins très utiles car on ressent à merveille l'aliénation et la routine assommante dans lesquelles le protagoniste est enfermé –, mais il éveille indubitablement des questionnements et j'ai été enthousiasmée par cette fin percutante et parfaite.

Une découverte pour laquelle je peux remercier Babelio et les éditions du Bélial' car, même si j'ai très envie de découvrir davantage cette maison d'édition, je n'aurais probablement pas choisi ce livre insolite. Et je suis tout de même intriguée par le premier tome de la trilogie Trademark, Bonheur TM.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Chaque humain, dans cette dystopie, est enfermé nu dans une pièce totalement vide. Ses besoins physiques sont satisfaits par les machines et ses perceptions sont augmentées et modifiées par des implants informatiques. Il vit donc sa vie en imagination, au pouvoir des Algorithmes omniprésents, qui lui assurent tous les divertissements connectés possibles. Un homme se révolte contre cet esclavage et le roman raconte son histoire paradoxale. Elle débouche sur cette moralité déprimante : ne pas se révolter contre un injuste système totalitaire et abrutissant, quand on dépend de lui pour vivre.

Ce n'est pas sans embarras que l'on se retrouve ensuite devant son écran d'ordinateur à rédiger le compte-rendu de ce livre, tant la ressemblance entre nous et cette humanité esclave de l'informatique est grande. Après tout, est-ce que l'on n'ajoute pas encore du divertissement au divertissement, du vide au vide, de la pseudo-culture parodique à la parodie ? Impitoyablement, Jean Baret nous met en face de l'absurdité de notre existence connectée, de l'usure du sens et de la vie et de la futilité de notre monde. Il n'exagère qu'à peine, ne force la note qu'un tout petit peu, et nous donne à lire un roman violemment subversif, bien loin du conformisme "insoumis" de la SF française courante.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L’expérience humaine n’a aucun sens. Or, la société, en fournissant une infinité de distractions, donne l’illusion d’un sens, celui du ludique. Les hommes idolâtrent les algorithmes parce que ces derniers leur fournissent du divertissement. Et les hommes sont dépendants de divertissements, et donc des algorithmes, ce qui donne l’illusion d’un sens et asservit l’humanité.
La vie ne vaut pas la peine d’être vécue et les distractions détournent l’humanité de cette vérité : la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, elle ne vaut la peine que de se reproduire indéfiniment. Rien d’autre n’a d’importance ni d’intérêt. Il faut donc sortir l’humanité de l’illusion et l’aider à assumer le fait qu’elle n’a d’autre rôle à jouer que de se reproduire. Ainsi parlait Zara Foutra.
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"J'ai une question."
Aussitôt un algorithme apparaît, être chauve et sans visage revêtu d'un costume noir, chemise blanche, cravate noire qui dit :
"Bonjour citoyen X23T800S13E616. Je suis l'algorithme 693467796957927 mais vous pouvez m'appeler ALGO 693. Que puis-je pour votre service ?"
Sylvester dit :
"Je souhaiterai connaître la distance entre ces deux zones."
Il pointe machinalement du doigt la suite de caractères sur laquelle il cligne, et ALGO 693 dit :
"La distance entre les zones est de 38283 kilomètres."
Plus de trente-huit mille kilomètres ? Ca fait une sacrée distance. Tant qu'à avoir affaire à un algorithme, il dit :
"Et... euh, qui est le chef de ces zones ?"
ALGO 693 dit :
"La zone ZknR4247L5FjK9Qbqey8 est autocentrée. La zone MXrb59HLA6Zb59hr67tL est bicamériste symbiotique à vocation logarithmique."
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Il ne saurait dire si avoir suivi cette nouvelle étape du séminaire a été une bonne ou une mauvaise chose. Peut-être que si Dieu n’existe pas, rien n’a de sens et que de fait, même l’absence de sens n’a aucun sens. Peut-être même que cette pensée n’a aucun sens. Peut-être même qu’il ne faut pas le confondre avec quelqu’un qui en a quelque chose à foutre.
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Sylvester se dit que V n'a pas tort, que l'humanité ne crée plus rien et se contente de recycler depuis des millénaires les mêmes licences et les vieilles idées encore et encore. Il se dit que le temps n'a plus d'importance, d'ailleurs. V n'a pas tort quand il dénonce le fait qu'en l'absence de tout danger dans cette organisation algorithmique de la société, tout est parfaitement réglé, mais tout tourne à vide.

Puis il se dit qu'il ne faut pas exagérer non plus. La société humaine a gagné son combat contre le temps. Elle a organisé un cycle de vie de plus en plus long – qui confine aujourd'hui à l'immortalité –, et la reproduction est bien agencée, de sorte que de plus en plus d'humains voient le jour, et que c'est la seule raison de vivre. Se reproduire et ne pas mourir. C'est gagné. L'humanité a droit à un putain d'achievement de sa race maudite. Immortalité niveau mon cul et reproducteur golden ball de type alpha beta gamma la pute. On est les meilleurs. L'expérience humaine a réussi et V est un jaloux.
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Ne vous laissez plus faire, contrôlez vos émotions, faites confiance à nos stimuli ! Si vous souhaitez en savoir plus, clignez sur ce code.
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Vidéo de Jean Baret
Parfois notre psyché ne résiste pas aux pressions qu'elle subit, ou bien notre corps à la naissance ou à un accident ultérieur… de Jekyll & Hyde à Miles Vorkosigan en passant par Hulk, petit traité de la pathologie mentale ou physique en science-fiction.
Avec : Killoffer, Jean Baret, Claire Duvivier, Karim Berrouka Modération : Olivier Gechter
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