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sur 229 notes
Emmaüs/Alessandro Baricco
« Elle n'appartient à personne, Andre, mais nous savons, en même temps, qu'elle appartient à tout le monde. »
C'est ainsi que quatre garçons dont le narrateur, voient la sulfureuse créature qu'est Andre, personnage principal de ce roman. Jeune beauté fatale, libre et sensuelle, symbolisant le péché, elle va fasciner et tourmenter les quatre adolescents de dix-huit ans. Quatre garçons qui ont été élevés dans la religion catholique. Pratiquants et liés par une indéfectible amitié et qui ont monté un groupe de musique pour jouer lors de la messe dominicale. Ils apportent également leur aide bénévole aux malades d'un hospice.
« Nous avons une confiance aveugle en nos parents, ce que nous voyons à la maison est le juste et sage cours des choses, le protocole de ce que nous considérons comme une santé mentale. Nous adorons nos parents pour cette raison. »
Pour eux, chaque homme porte en lui l'espoir d'un sens plus élevé et plus noble des choses et l'espérance devient certitude dans la pleine lumière de la révélation.
La rencontre entre chaque garçon et Andre va donner vie à une histoire très différente pour chacun. Chaque rencontre va agir comme un révélateur pour chacun d'entre eux.
Dans un style simple et réaliste, bien maîtrisé et efficace, Baricco sait mettre en lumière le besoin d'absolu et de vérité de ces garçons qui peu à peu vont voir leurs certitudes être ébranlées et leur innocence abolie par des drames. La bonne éducation chrétienne qui les habite ne sera un rempart à l'adversité qu'un temps.
Ce récit intimiste est partiellement autobiographique ; avec la foi chrétienne en toile de fond, mais aussi la douleur et la mort, il évoque les tourments et les fièvres de l'adolescence.
Un assez bon roman, mais comme d'autres lecteurs, j'ai eu du mal à entrer dans cette histoire d'apprentissage de la vie pour quatre garçons malgré les qualités du style de Alessandro Baricco. J'avais préféré « Soie ».
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Assurément l'époque est au fait religieux. José Sarramago nous avait livré il y a peu un "Caîn" assez fabuleux, puis ce fût Erri de Luca avec "Et il dit" parabole sur Moïse, et nous voilà en pleine évangile avec cette image terrible des pèlerins d'Emmaüs qui ne reconnaissent pas le Christ ressuscité, et ne s'apercevront de leur cécité que lorsque l'aimé sera parti. C'est le thème de ce beau roman mettant en scène quatre jeunes garçons de 18 ans : le Saint, Luca, Bobby et le narrateur. Ce sont des catholiques pratiquants, on y verrai bien des apôtres, tant leurs liens d'amitié semblent forts. Ce sont des hommes, en devenir, mais soumis à leurs propres faiblesses et aux incompréhensions de tout post adolescent face à un monde adulte empli de non dits et de secrets lourds.
Leur univers s'étire entre le petit groupe de musique qu'ils constituent, leur participation comme musiciens à la messe dominicale ou encore leur bonne action hebdomadaire consistant à prendre soins de vieux "les larves" dans un hospice et bien sûr "les parents".
Il émerge de cet ensemble trop bien réglé une personnalité féminine bien singulière, Andrea, jeune beauté fatale que tout le monde nomme "Andre", si belle, si libre, si sensuelle. Elle est le corps désiré, le mouvement, la vie, l'amour, le sexe bien sûr,la somme de toutes les pulsions humaines. On l'imagine assez volontiers comme la figure de Marie Madeleine ou encore dans celle exposée par Barrico, d'une curieuse Madonne non pas immaculée ni en maternité au regard volontairement vide, mais au contraire une forme humaine toute en énergie vitale.
Le roman est l'histoire de la rencontre de cette jeune femme avec ces quatre garçons, quatre histoires différentes se dessinent, comme quatre possibilités de destins différents, à partir d'une même rencontre avec une personne. La mort rôde, s'impose, offre son horizon aux interrogations non résolues et aveuglements consentis.
Ce roman n'est pas un Barrico comme les autres. le ton est sombre, désabusé, comme si l'auteur nous disait : ne commettez pas l'erreur que j'ai moi même commise plus jeune, n'attendez pas la maturité, la vieillesse, vivez, regardez autour de vous, repérez, ressentez ceux qui vous aiment, parlez, écoutez, interrogez, bref soyez vivants. Ne pas le faire vous rendra aussi stupides que ces pèlerins d'Emmaüs qui n'auront entendu le bruit du bonheur que quand il aura claqué la porte.
Pour moi ce livre n'a certes pas le souffle poétique de "Soie", mais c'est un bien beau roman lu d'une traite, comme une saine secousse littéraire et philosophique.
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Un titre, « Emmaus », c'est le nom d'un village cité dans les Évangiles où le Christ apparaît, après sa crucifixion à deux de ses disciples.
Symboliquement un lieu où les désespérés retrouvent l'espoir et qui m'a intrigué tout au long de la lecture.
Un récit court et intense qui met en scène, en Italie, quatre jeunes hommes de « seize, dix-sept ans », musiciens en quatuor, « normaux » et " n'ayant pas prévu d'autre plan que celui de l'être", comme l'évoque dès la première page le narrateur ; très attachés aux valeurs traditionnelles, sous l'influence de leur éducation, de leurs parents, croyant au Dieu des Évangiles et très impliqués dans la vie paroissiale et l'assistance aux personnes âgées. Quatre amis.
Apparaît « André, c'est une fille » libre, d'un autre milieu, belle, fascinante, insouciante, scandaleuse Cette amitié va alors se fissurer. Des actes irréparables, se produire.
Un récit sensuel, dans une atmosphère de drame.
Un roman d'apprentissage, de l'amour, du deuil, de la rédemption, d'une génération confrontée au passa à la vie adulte avec le choc des valeurs qu'il induit. On y prend la mesure de la fragilité de la vie.
Sombre et subtil comme sait si bien le faire, l'auteur, Alessandro Baricco, dont on dit qu'il y a mis de lui-même dans ce roman…

Sommes-nous aveuglés par certaines évidences ?
Est-ce bien le sens du choix du titre, si singulier ?
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L'histoire se situe en Italie dans les années 1970.Quatre jeunes garçons très profondément catholiques et musiciens passent leur temps libre à aider les patients d'un hospice jusqu'au jour où Andrea arrive et tous quatre vont tomber sous le charme de cette jeune fille belle , riche mais jouant avec la mort . Ces jeunes gens choisiront des voix différentes et souvent dramatique.
Beau roman initiatique.


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Ouvert aux contenus des religions, cherchant petit à petit à en savoir plus, je ne dédaigne pas la littérature des religions et à ce titre, je croyais que ce livre pouvait m'être utile vu le titre qui fait référence à l'Evangile selon l'apôtre Luc qui décrit les disciples d'Emmaüs rencontrant Jésus après sa résurrection. Ceux-ci mirent beaucoup de temps à le reconnaître. Il n'en est rien, je me suis magistralement trompé. En fait, l'auteur sous le personnage dénommé narrateur relate une de ses expériences de jeunesse où lui et ses amis ayant reçu une éducation catholique stricte se laissent séduire et embobiner par une jeune fille riche de 17 ans,, belle au point de séduire tous les garçons. Les amis du narrateur : Bobby, Luca et celui prénommé le Saint, chantent et jouent d'un instrument à l'église le dimanche. Ils vont également changer les poches d'urine de patients hospitalisés. Bobby est ami de la jeune fille qui a un prénom de garçon : André. Il entraine ses amis à loger chez la jeune fille, une maison à la campagne. Après cette étape de l'histoire il y a un suicide et un travesti tué.

Le texte n'est pas du tout fluide. le style d'écriture n'est pas toujours simple à suivre. Pour comprendre, et cela en vaut la peine, il faut avoir la volonté d'aller jusqu'au bout de l'histoire.

En début de livre, le Saint certes animé de bonnes intentions va jusqu'à rencontrer la mère d'André pour lui dire avec assurance qu'elle devrait inviter sa fille à se confesser en guise de rédemption. Cette vision des choses m'a dérangé. Il est à noter cependant ― et heureusement ― que cette façon d'agir est inimaginable à l'heure actuelle au sein de l'Eglise catholique romaine.

Bonne découverte à la lecture de ce livre !

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Voici le récit d'une dynamique fatidique qui pousse un groupe de jeunes hommes de drame en drame, avec une gravité croissante, dans un univers cotoneux, calme et empreint d'une étrange résignation. Eux seuls semblent comprendre le sens de leur fatale destinée, et y consentir sans grande émotion.

L'intrigue, s'il y en a une, tourne autour d'un groupe de quatre amis, présenté comme catholiques bien qu'il n'en aient aucunement le comportement, et une jeune femme, sorte de muse d'une luxure ultra-esthétisée.

La manière qu'a Baricco de dépeindre ces jeunes gens supposément catholiques est très surprenante puisqu'il alterne les clichés grotesques et les instants de grâce où il semble saisir l'essence de la Foi catholique.

Il les présente ainsi régulièrement comme d'éternels frustrés, d'hypocrites pudibonds, en faisant volontairement des liens ineptes entre des comportements délibérément décrits de manière monstrueuse et la source de la Foi. Par exemple : "Nous croyons dans le Dieu des Évangiles donc nous laissons nos tantes passer leur vie en fauteuil roulant suite à des attaques d'apoplexie répétées. Elles bavent poliment et regardent la télévision" ou "Le sexe est un péché". Affirmations abberantes et qui pourraient laisser croire que l'auteur est totalement ignorant de ce qu'est réellement la religion catholique. Pourtant, ce n'est qu'une façade, une impéritie feinte, car dans quelques passages marqué d'une altesse véritable, Alessandro Baricco démontre qu'il est pourtant capable de saisir la substantifique moelle de la vie de foi de ces jeunes.
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Comment avons-nous pu? Voilà le prisme par lequel j'ai envie d'aborder ce livre de Baricco. de mon point de vue il ne s'agit pas d'un roman, pas d'une fiction, pas d'une histoire (même si tous ces termes sont communément admis pour parler d'un livre et donc de ce livre également). de mon point de vue la narration n'est que prétexte pour nous aider à nous poser les questions existentielles telles que des adolescents ne se les posent pas à l'instant où ils vivent les choses mais bien des années plus tard, à la lumière de leur chemin parcouru.

Italie, années 70, 80? 4 jeunes hommes, amis d'école, classe sociale modeste, laborieuse participent à la vie de la communauté en "animant" les messes du dimanche, ils y jouent de la musique raisonnablement. Ils sont bénévoles dans un hôpital pour indigents … ils rendent visite régulièrement aux larves comme ils les appellent. Ce sont des jeunes un peu désoeuvrés, aux aspirations différentes mais qui se laissent porter par la vie d'adolescents dans une petite ville de province où il ne se passe pas grande chose.

Comme séparé par une frontière invisible de l'autre côté de leur monde se trouve Andre, une belle jeune fille bourgeoise, rebelle, provocante.

Tous portent en eux de lourds passés familiaux que l'on découvre au fur et à mesure du texte. Il s'agit d'une lecture âpre, mâtinée de religiosité, le surnom d'un des 4 garçons est d'ailleurs "le Saint", il pense vraiment entrer au séminaire mais le cours de sa vie en décidera autrement.

Le narrateur est Alessandro Baricco. Il semblerait que dans cet ouvrage l'auteur ait mis de lui le plus intime, l'analyse de ses choix d'adolescents, de sa piété qu'il a depuis lors abandonnée, de ses aspirations et de celles de ses camarades qui bien évidemment se sont modifiées en fonction du cours de leur vie. Des rencontres que l'on fait, des opportunités que l'on saisit ou pas.

Le titre du livre "Emmaüs" est tiré d'un épisode de l'évangile qui raconte la rencontre de deux pèlerins et d'un troisième homme. Chemin faisant, ils discutent de certaines rumeurs étranges, de sépultures ouvertes et de tombes vides. Au moment du repas l'homme rompt le pain, avec sérénité, naturel. Alors les deux autres comprennent et reconnaissent en lui le Messie. Mais il disparaît. Se retrouvant seuls, les deux compagnons se disent: Comment cela a-t-il pu nous échapper? Il est resté avec nous tout ce temps et nous ne nous en sommes pas aperçus. (page 61)

Et nous? Comment vivons-nous? Quelle conscience avons-nous du déroulement de notre vie au moment où il se produit? L'enfance, l'adolescence … quand prenons-nous la mesure de ce qui nous arrive, comment faisons-nous nos choix? Et plus tard, comment jugeons-nous les choix que nous avons effectués? S'il nous était possible de revenir en arrière, lesquels ferrions nous? Nous pensons vivre libre mais ne sommes-nous pas tous les jours en train de mourir un peu?

"Nous n'avons pas de certitude, ce ne sont que des intuitions, des lueurs car nous progressons par éclairs, le reste est obscurité. Une limpide obscurité pleine de lumière, noire". (page 60).
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Ils sont quatre, ils ont seize ou dix-sept ans : le narrateur, Luca, Bobby et Il Santo. Catholiques, ils jouent de la musique à la messe et sont bénévoles à l'hôpital, pleins de bonnes intentions et de pieux principes. Ils vivent dans un monde à part, celui des non-dits, des sourires qui cachent les drames, des apparences à sauvegarder, des parents parfaits et des enfants modèles.
Et puis, il y a l'autre monde, celui peuplé par "les autres". de ces autres fait partie Andre, jeune fille envoutante que tous admirent. Les filles l'imitent, les garçons la désirent, tous sont sous le charme. Elle est belle, elle est riche, elle est libre comme le vent.
Leur rencontre avec Andre bouleversera à jamais la relation que les quatre jeunes hommes ont non seulement entre eux mais avec le reste du monde.

139 pages, c'est là la longueur d'Emmaus. Des jours et des jours, c'est le temps que j'ai mis pour le lire. Ne vous y trompez pas, je n'essaie pas de dire qu'il ne m'a pas plu. Au contraire. Non, c'est que ce court roman est d'une densité inattendue. Si le style d'Alessandro Baricco ne perd jamais sa grande poésie, certains passages de ce roman sont dramatiques et j'avais besoin d'interrompre ma lecture pour les "digérer".
Ah ça ! on est bien loin de Soie ou de la jeune épouse ! L'histoire d'Emmaus est dramatique. Belle mais terrible et dramatique. L'auteur illustre à la perfection la douloureuse période qu'est l'adolescence, avec ses changements, ses prises de conscience et ses doutes, et va même au-delà. Non seulement s'agit-il pour les personnages d'un passage vers l'âge adulte mais aussi vers le monde réel, le monde tel qu'il est et non tel qu'on le leur a dépeint dans leurs familles, dans leur milieu.
Emmaus est un roman profondément dérangeant... mais que je ne regrette absolument pas d'avoir lu !
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Le titre m'a d'abord surprise. Puis j'ai découvert qu'il fait référence à un épisode de l'Évangile. Et que le cheminement des protagonistes illustre cet épisode.
Quatre jeunes garçons d'environ dix-sept à dix-huit ans, amis de toujours, sont unis par une foi solide qui leur apporte équilibre et sérénité.
On connaît leur prénom à l'exception de celui du narrateur.
Ce sont des jeunes ordinaires imprégnés de la normalité transmise de père en fils. Ils respectent et aiment profondément leurs parents et la vie. Il vivent en conformité avec cette foi profonde sans jamais douter.
"j'ai été élevé dans une résistance obstinée, qui considère la vie comme une noble obligation, dont il faut s'acquitter avec dignité et intégrité. Mes parents m'ont donné de la force et du caractère dans cette perspective " dit le narrateur.
Il y a eux, les croyants, et les autres qui leur sont étrangers.
Mais voici qu'une fille, issue de l'autre clan, libre, sans entraves, très belle, magnétique, vient bouleverser le bel équilibre et les certitudes.
Ainsi, comme dans l'Évangile, tout ce qui ne peut se cueillir au premier regard bien qu'il soit sous leurs yeux, se dévoile lentement.....

On ne trouve pas la poésie, la magie des premiers romans de Baricco mais un regard sérieux porté sur les faiblesses humaines . Et toujours une écriture élégante et maîtrisée.
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Le sort de quatre garçons et d'une fille raconté par l'un d'eux. Quelques beaux paragraphes, de belles phrases, de belles idées mais, somme toute, un roman flou et décevant de la part de ce grand écrivain.
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