Julian Barnes, en toute simplicité, retrace son histoire du monde en 10 chapitres et 1/2. Chaque partie a son autonomie propre, tout en ayant recours périodiquement à des motifs narratifs communs en guise de clin d'oeil espiègle. Tout commence avec cet ivrogne de Noé et son arche qui s'échoue sur le mont Ararat sous le regard goguenard d'un ver à bois.
Cette singulière histoire du monde illustre la folie de l'homme, son égoïsme crasse et sa fière ignorance. Le ton diffère d'un récit à l'autre, mais c'est toujours avec une grimace de commisération pour notre incurable stupidité qu'on poursuit sa lecture au pas de charge. On appréciera le lumineux petit essai sur le tableau du Radeau de la Méduse de Théodore Géricault. Une oeuvre intelligente, drôle et pertinente, bien dans la veine des productions de Julian Barnes.
Commenter  J’apprécie         40
L'histoire du monde insolite... vu par un Anglais à la plume so british... L'ouvrage a un peu vieilli. Je me suis replongé récemment dedans et j'aurais mis 5 probablement avant. Ainsi va le monde... n'est-ce pas ? Les temps et les goûts évoluent...
Commenter  J’apprécie         00
Vous avez probablement compris que l'Arche représentait plusieurs navires? C'était le nom qu'on avait donné à toute la flotille (on ne peut quand même pas espérer entasser toute la faune dans un espace de quelque trois cents coudées de long). Il a plu pendant quarante jours et quarante nuits? Ce n'aurait guère été plus que ce qui tombe au cours d'un été anglais moyen. Non, il a plus pendant environ un an et demi, d'après mes calculs. Et les eaux recouvrirent la terre pendant cent cinquante jours? Disons plutôt autour de quatre ans. Et ainsi de suite. Votre espèce a toujours été nulle lorsqu'il s'agit de dates. Je mets ça sur le compte de votre curieuse obsession concernant les multiples de sept.
De l'arche de Noé aux guerres de religion, du radeau de la Méduse à la survivante d'une guerre atomique : pour brosser une "histoire du monde" très particulière, Julia Barnes fait d'abord mine de nous offrir des variations humoristiques sur des mythes ou des événements connus de tous.
Mais bientôt apparaissent en filigrane des thèmes et des fils conducteurs inattendus et secrets.
Ironique et lucide, tendre et méchant, l'auteur nous amène sans crier gare aux camps de la mort, aux conflits atomiques, aux fanatismes religieux, à toutes les images de la folie des hommes, qui ne sont pas seulement derrière nous, mais aussi devant.
(quatrième de couverture de l'édition de poche parue en 1989)
Commençons par le commencement. L'amour vous rend-il heureux ? Non. L'amour rend-il heureux la personne que vous aimez ? Non. Est-ce que l'amour arrange absolument tout ? Évidemment non. Je croyais tout cela, autrefois, bien sûr. Qu'il n'y a pas cru (qui n'y crois pas encore quelque part tout au fond de la cale de la psyché ?)
L'amour ne serait qu'un luxe qui surgit en temps de paix, comme la fabrication des patchworks.
Julian Barnes - L'Homme en rouge