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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Journal de deuil.
Des petites phrases posées comme des petits cailloux sur une tombe, pour dire... voilà, je suis encore près de toi.
«Après-midi triste. Brève course. Chez le pâtissier (futilité) j'achète un financier. Servant une cliente, la petite serveuse dit «Voilà». c'était le mot que je disais en apportant quelque chose à maman quand je la soignais. Une fois, vers la fin, à demi inconsciente, elle répéta en écho « Voilà» ( je suis là, mot que nous nous sommes dit l'un à l'autre toute la la vie).
Ce mot de la serveuse me fait venir les larmes aux yeux. Je pleure longtemps (rentré dans l'appartement insonore )»
Des mots pour dire pour dire, voilà ... vois la, encore un peu.
Un chagrin pareil aux barthes de l'Adour, zones marécageuses laissés par la crue, près de Urt, en pays basque, où l'auteur résidait parfois.
Ce livre de deuil n'est pas le livre d'un écrivain. C'est la lente mélopée d'un fils qui vient de perdre sa mère. le quotidien qu'il faut affronter seul. Voilà, c'est tout.

La maison de Roland Barthes s'ouvre une fois l'an au public pendant les journées du patrimoine. Urt - pyrénées atlantiques - 64.
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Beaucoup de vide dans ces pages, pour peu de mots. Mais quels mots. Il en va de même du deuil de Roland Barthes, qui peine à exprimer son chagrin : le silence règne et les mots manquent. Pourtant, comme il l'écrit lui-même : "Qui sait ? Peut-être un peu d'or dans ces notes ?" Et en effet ce sont des pépites éparses que le lecteur trouvera dans ces carnets.
Barthes cherche à mettre le doigt sur l'essence de son chagrin par petites touches, par fragments, car l'aborder dans une forme de globalité serait proprement impensable.
Quelque chose d'extrêmement émouvant dans la relation fusionnelle de Barthes avec sa mère. Sa mort est un déchirement. Comment vivre après, comment se souvenir, comment exprimer l'inexprimable. Tentatives de réponses et au milieu jaillit souvent la beauté, l'émotion et la littérature.
Et toujours cette recherche autour du langage, compulsive, ce fantasme d'un énoncé neutre, épuré, qui se ferait l'exacte représentation du réel.
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Lecture que j'aurais aimé faire il y a quelques mois, en août dernier. Et aimé partager avec ceux de mes proches le plus tenaillés par la douleur du chagrin. J'ai déjà donné quelques citations, sur ces pages et sur Apostilles, j'en donne plusieurs autres ici tant j'ai trouvé que ce recueil de notes -- lequel, semble-t-il, n'était pas destiné à la publication, d'où, à l'époque, l'inévitable polémique éditoriale parisienne --, brèves annotations jetées sur des fiches, était juste dans sa façon de contourner, de le tender du moins, l'impossibilité de « dire » la mort : « Mon chagrin est inexprimable mais tout de même dicible. le fait que la langue me fournit le mot « intolérable » accomplit immédiatement une certaine tolérance ». Et aussi : « Je ne veux pas en parler par peur de faire de la littérature -- ou sans être sûr que c'en ne sera pas -- bien qu'en fait la littérature s'origine dans ces vérités. » D'ailleurs, Barthes n'aime pas le mot deuil, lui préférant celui de chagrin. Impossibilité pour lui, donc, de faire un « récit de vie » de la mort de sa mère, seulement, par attouchements, pourra-t-il restituer la présence de l'absence : « Dans la phrase "Elle ne souffre plus", à quoi, à qui renvoie "elle" ? Que veut dire ce présent ? » et des effets de cette mort sur lui : « J'habite mon chagrin et cela me rend heureux. Tout m'est insupportable qui m'empêche d'habiter mon chagrin. », qui ressent en outre une très forte et constante peur d'une catastrophe qui a déjà eu lieu (référence au psychanalyste Winnicott) et incessamment douloureuse.

Beaucoup de références à Proust, évidemment, et on pourra lire, comme le suggère Antoine Compagnon dans son cours Écrire la vie : Montaigne, Stendhal, Proust du Collège de France (qu'on peut écouter en podcast), Albertine Disparue. L'un et l'autre livre, si opposés par la forme, sont absolument complémentaires l'un de l'autre.

Inéluctable conclusion : « La vérité du deuil est toute simple : maintenant que mam. est morte, je suis acculé à la mort (rien ne m'en sépare plus que le temps). »

Pour moi, et conscient de l'étrangeté de ce que j'écris : cette douleur crée de la beauté, ne pouvant s'intégrer au récit de vie de Barthes, elle est désormais liée à la mienne, par l'écho qu'elle suscite en moi avec celle découlant de la mort de ma mère. Beauté douloureuse, mais Beauté : je suis un survivant de Beauté.


Lien : http://les-cendres-et-le-plu..
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« Neige, beaucoup de neige sur Paris; c'est étrange.
Je me dis et j'en souffre: elle ne sera jamais plus là pour le voir, pour que je le lui raconte. »

Suite à la perte de sa mère, Roland Barthes écrit sur le décès qui bouleversera sa vie et rassemble ses feuillets en un journal.
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Après la mort de mam : de justes remarques sur la distinction entre le deuil, psychanalytique, et le chagrin qui ne se dialectise pas avec le temps.

Sur le fait que ce chagrin est inexprimable mais tout de même dicible.

Sur le besoin de solitude de qui a connu l'irrémédiable, sur l'acédie (la sécheresse de coeur) si contraire aux valeurs de mam, sur la dépression, sur la peur de ce qui a eu lieu ("La crainte de l'effondrement", Winnicott).
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