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EAN : 9782070197453
304 pages
Gallimard (09/02/2017)
3.41/5   11 notes
Résumé :
Lorsqu’une collègue lui soumet un article sur sa famille, le journaliste suisse Sacha Batthyany pense au baptême d’une énième rue d'après son nom, les Batthyany ayant marqué l’histoire hongroise et européenne depuis des siècles. Mais il ne se serait jamais attendu à une telle révélation : en mars 1945, à l’issue d’une fête que la comtesse Margit Thyssen-Batthyany, sa richissime tante, donna dans son château de Rechnitz, en Autriche, les invités assassinèrent 180 Jui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Kistarcsa, Kistarcsa, Kistarcsa, Kistarcsa, Kistarcsa …


A l'origine il avait là une usine de textile qui employait plus de 1000 travailleurs. On avait construit pour eux, des dortoirs de l'autre côté des voies de chemin de fer.
En 1929 c'est la fermeture de l'usine. Reprise par le ministère de l'intérieur, elle fut transformée en prison à la destinée bien particulière ; des prisonniers politiques, communistes, criminels, homosexuels, malades mentaux, et à tous ceux qui faisaient désordre... Ce lieu n'existe pas, c'est un Black Site, personne en soupçonne l'existence.

En 1939 la Hongrie est l'alliée de l'Allemagne.
le 19 mars 1944 , le camp passe entre les mains des SS, camp de transit avant Auschwitz....

En 1948 les communistes prirent le pouvoir Etmatyas Rakosi, exécuta les ordres de Staline, tous les opposants politiques s'y retrouvent.

En 1956 date de la révolte des hongrois contre les Russes, des milliers d'êtres humains dormaient là-bas à même le sol. le cardinal Mindszenty qui avait prêché contre le régime des croix fléchées, n'a pas survécu, le camp de Kistarcsa, lui a survécu.

En 1989 les cellules furent bientôt de nouveaux pleines, devenue une des plus grandes prisons d'Europe pour les réfugiés en instance d'expulsion.
Après les juifs, après les adversaires du communisme, ce furent les noirs, les indigents, les affamés, les parasites...


Kistarcsa résume toute l'histoire de la violence du siècle dernier jusqu'aux derniers pensionnaires, 18 hommes venus du Rwanda, après avoir perdu leurs proches, leurs familles, dans le froid hivernal des montagnes de l'ex Yougoslavie, raconte Sacha Batthyany Page278.

Mais en quoi suis je donc concerné ?

Quelle douloureuse question, pour ce jeune suisse, dont la famille a émaillé l'histoire de la Hongrie ?
De quel pays est-il le fils, de qui est-il issu, de quelle famille hongroise parle t-il en 1939 ?
Ou bien, n'est-il pas d'allemand car son père travaillait en Allemagne ?

Cependant son grand père survécu au Goulag, sa tante pro nazi avait fuit vers la Suisse et sa grand mère pleurait une amie, Agnès juive, qu'elle n'avait pas su protéger.
Tout le passé exploré par Sacha Batthyany s'est déroulé au temps ou la famille, toute la famille hongroise habitait en Hongrie.

A travers deux journaux intimes Sacha restitue l'essentiel de ce passé, qui à la manière d'un Modiano ne juge pas mais raconte ce qui parfois est l'insoutenable.
On touche au sublime de notre condition humaine et à ses pires dérives.
Un livre telle une séquence dessinée à l'ombre de "Si c'est un Homme" de Primo Levy.
Un très grand livre de témoignages que je vous invite à ouvrir.
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Sacha Batthyany est issu d'une vieille famille noble hongroise qui a émigrée en Suisse. Journaliste, il est en train d'écrire son article sur un donneur de sperme, lorsqu'une collègue lui met un journal sous le nez en déclarant « Dis donc, tu en as, une de ces familles ». Là, il découvre que tante Margit « Celle qui tirait légèrement la langue » « aurait participé au mois de mars 1945 à un massacre de 180 juifs dans la ville de Rechnitz située à la frontière autrichienne. Elle avait bu et dansé dans une fête qu'elle avait organisée et puis, vers minuit, pour s'amuser, elle était allée braquer un pistolet sur la tempe de ces hommes et de ces femmes nus avant d'appuyer sur la détente... »
Accompagné de son père, il décide d'aller en Hongrie à la recherche de leur passé, surtout après que son père lui ait donné une boîte contenant les journaux intimes de Maritta et Agnès.
Après la signature du traité de Trianon signé en 1920, la Hongrie perd les deux tiers de son territoire répartis entre les pays frontières. C'est le début de la décadence. La seconde guerre mondiale et la partition de l'Europe, l'arrivée des russes, la soviétisation de la Hongrie. Une histoire que je ne découvre à travers la famille Batthyany. Grande famille hongroise qui depuis 1920 connaît une décadence accélérée par l'arrivée des russes. Ils sont passé d'un château avec moult serviteurs à une cabane de chasse sans confort à devoir travailler la terre pour se nourrir. Tante
Les frères Batthyany Ivan et Ferenc ont épousé l'un Margrit, l'autre Maritta. Margrit et Ivan fricotent avec l'occupant pendant que Ferenc, grand-père de l'auteur, est interné. Sacha Batthyany raconte, à travers le journal de Maritta, sa grand-mère, qui, vivant dans le château, a assisté, sans pouvoir, oser, bouger au meurtre des époux Mendl, les épiciers du coin dont la fille ; Agnès, leur fille, était son amie. Pour Maritta, ce fut un déchirement, sa vie est marquée par ce drame qu'elle n'a pu ou su éviter. Cela revient très souvent dans son journal.
Ferenc est interné dans le camp de Kistarcsa qui, à l'origine, est une usine textile, pour devenir un camp de prisonniers hongrois, continuer en un camp de concentration, puis en camp d'internement du temps des soviétiques, pour terminer, en 1989 par être un camp très important pour les réfugiés noir en voie d'expulsion… A méditer
D'après les panneaux explicatifs, la Hongrie aurait toujours été victime « La Hongrie n'avait cessé d'être une victime innocente. Mais n'était-ce pas plutôt ce camp de Kistarcsa qui aurait dû être le véritable monument commémoratif ? N'aurait-on pas dû conserver quelques uns au moins de ses murs afin que ne soient pas oubliés les actes inhumains dont les gardiens hongrois s'étaient rendus coupables ici pendant près d'un siècle ?… Quelle histoire choisissait-on de raconter ? »

La question « En quoi suis-je coupable » est omniprésente. Il prend sur lui la culpabilité de sa grand-mère, se rend en Argentine à la recherche d'Agnès qui a survécu au camp de Birkenau. « Ne me sentais-je pas toujours coupable parce que tout allait trop bien en Suisse ? » est la question qui tourne tout au long du livre. Pourquoi cette quête jusqu'en Argentine ? « En vérité, j'étais venu pour moi, pour vivre quelque chose ».
« Nous avons grandi avec le sentiment, ajouta Mirta, que ce passé douloureux pèse sur notre présent. C'est notre héritage, il a toujours été là, à chaque minute de notre enfance, à chaque heure de notre jeunesse, à chaque jour de notre vie » lui dit Mirta, petite-fille d'Agnès
Combien de personnes pouvait-il y avoir sur cette planète dont la destinée aurait été radicalement différente si les parent de ma grand-mère les avaient aidés ?… Ne serais-je pas devenu également un autre homme s'ils avaient agi au lieu de rester dans rien faire ? Cette dernière pensée me terrifia. »
Les journaux intimes des deux amies permet un éclairage et deux regards sur la vie, la politique hongroise, juste entraperçu avec Sandor Marai ; Une histoire entre la seconde guerre mondiale, les camps, l'avancée et la conquête soviétique.

Nous ne sommes pas responsables des actes de nos ascendants, mais nous en portons toujours le poids.
Un livre très bien écrit, précis et plus qu'intéressant.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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"Mais en quoi suis-je donc concerné ? " de Sacha Batthyany (290p)
Ed. Gallimard

Bonjour les fous de lectures ....

Ceci n'est pas un roman mais le témoignage de Sacha Batthyany qui revient sur l'histoire de sa famille et des conséquences qui en ont découlé.

Tous commence par un article de journal où l'auteur apprend que sa grand-tante "aurait " participé à une tuerie nazie.
Lu tout d'abord de façon anodine, l'auteur va petit à petit se poser des questions et enquêter sur l'histoire familiale.
Ses recherche vont le mener en Hongrie, pays d'origine de sa famille, en Argentine, pays où ont émigré de nombreux rescapés des camps et en Russie, où son grand-père connu le goulag.

Livre sur la quête d'identité, sur les origines, la transmission.

Tout au long de son parcours, Sacha se posera la question " Suis-je coupable du passé ? la culpabilité se transmet-elle de générations en générations?"

Subtil mélange entre réalité et fiction ( l'imagination de l'auteur part au galop par moment).
Ce livre nous rappelle que nous ne sommes en rien responsable des erreurs des anciens et que l'Europe d'hier n'est pas si éloignée de celle d'aujourd'hui ( migrants, familles déchirées, brisées, non-dits...).

Lecture très intéressante autant du point de vue historique que psychologique.

Lu dans le cadre '" je noircis mon planisphère " .. me voici ayant validé un auteur suisse.
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un livre très "fort" , qui m'a beaucoup fait réfléchir,
à lire absolument ...
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critiques presse (1)
Telerama
08 mars 2017
Un récit saisissant sur le legs et la culpabilité.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
De tout cela, je discutais une fois par semaine avec mon psychanalyste à Zurich. Nous parlions de Staline, de la Shoah et des fosses communes tandis que d'autres profitaient de leurs pause-déjeuner pour engloutir des pizzas. Tout récemment, je lui avais demandé : "Mais au fait, suis-je véritablement malade ?" "Comment voulez-vous que je le sache ?", m'avait-il répondu.
J'avais l'impression de vivre dans une machine à remonter le temps où coexistaient le passé et le présent. Quand je passais de l'un à l'autre, je me voyais comme un funambule qui vagabondait dans son existence. Sept ans, c'était aussi l'espérance de vie de ces taupes que j'avais si souvent croisées dans le journal de ma grand-mère, qui ne cessait de se comparer à elles.
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J essayais de me raisonner. Tu as pourtant grandi à Zurich, loin des bazookas et des impacts de balles. A l'école, quand tu faisais sécher des renoncules et des prunelles, ton herbier faisait la fierté de ton professeur. ;...
Voilà ta vie, elle ne te suffit donc pas ? Non, rien n y faisait. IL manquait toujours quelque chose . Ce monde sans nuage où j'évoluais, aussi impeccable que les polos blancs que je portais en relevant le col au milieu des années quatre-vingt, n'était pas le mien. Je suis un petit-fils de la guerre : plus je pensais à cette phrase, plus celle-ci sonnait juste. Mon père avait passé la fin du conflit dans une cave, mon grand-père avait été déporté par les Russes en Sibérie, ma grand-mère avait perdu son second fils et ma grand-tante avait à répondre du massacre de 180 juifs. Ils avaient été à la fois coupables et victimes, chasseurs et chassés, des bâtards de l'Histoire d'abord célébrés, puis méprisés. Après avoir perdu toute estime d'eux mêmes, ils avaient perdu leur voix et fini par traverser leur vie tout cabossés. Nous sommes une famille de taupes, écrivait ma grand-mère Maritta dans son journal, nous avons battu en retraite, nous ne croyons plus en rien, recroquevillés sur nous mêmes, la tete enfouie sous le sol, l'échine toujours courbée.
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Agnès est sortie de sa chambre. Bien coiffée et bien maquillée. Elle s’était faite belle pour moi. Ses f illes l’entouraient, heureuses de voir leur mère aussi resplendissante. — C’est notre visiteur venu d’Europe, lui expliquèrentelles, le petit-fils. — Qui ça ? demanda-t-elle, un peu trop fort. — Le petit-fils, tu sais bien. Non, à l’évidence, Agnès ne savait pas. Après nous être salués, nous avons pris place autour de la table ronde de la salle de séjour. Nous étions à Buenos Aires. J’avais fait connaissance avec Agnès grâce au journal de ma grand-mère, lequel se trouvait à présent dans mon sac. Elles avaient grandi ensemble dans un minuscule village de l’ouest de la Hongrie, où elles se croisaient chaque jour sans pourtant appartenir au même monde. Les parents d’Agnès tenaient une épicerie, ceux de ma grand-mère possédaient un petit château où se dressait un châtaignier au milieu d’une cour recouverte de gravier. Une vie tranquille à la campagne, avait écrit ma grand-mère pour décrire cette enfance, une vie qui s’écoulait au rythme des saisons . Du moins jusqu’à la guerre.
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J'ai relevé la tête en souriant, puis j'ai jeté un rapide coup d'œil à l'article qu'elle avait découpé pour moi. Je m'attendais à un vieux truc du XIXe siècle, encore une de ces histoires où l'on croisait des chevaux ou des habits à jabot, ou à un de ces ponts baptisés d'après l'un de mes ancêtres (...) Car je portais l'un des noms les plus célèbres de Hongrie. Chez les Batthyany, il y avait eu pléthore de comtes, de princes, d'évêques (...) La saga de la famille remontait jusqu'au XIVe siècle et aux guerres contre les Ottomans. Mais à l'ouest, ce nom de Batthyany n'évoquait pas grand-chose. La plupart des gens croyaient avoir affaire à un nom d'origine tamoule, en raison de tous ces "y" qui faisaient penser au Sri Lanka.
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Dans les usines il y avait tellement de poussière que souvent on ne voyait même plus ses mains.
(Russie Sibérie)
p 157
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