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EAN : 9782021510560
416 pages
Seuil (16/09/2022)
3.42/5   6 notes
Résumé :
Un avion militaire transporte Adriano, vétéran des années de plomb, vers l'Europe, à la suite de son extradition. Réfugié politique en Bolivie, où il se pensait en sécurité après avoir laissé femme et enfant au Brésil, entouré par ses compagnons de lutte et sous la garde d’un gouvernement ami, Adriano a été trahi. Mais par qui ? Est-ce par Martin, l’ami le plus proche, ou par Ramirez, le chef de la police ? Et surtout : n’y a-t-il pas une puissance autrement plus in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Son roman le plus personnel" annonce le bandeau.
Il me semble que c'est à la fois parfaitement faux et en même temps complètement vrai.
Battisti écrit depuis la cellule d'un quartier de haute sécurité d'une prison sarde ( Il a été transféré récemment en Calabre) . Il a avoué en 2019 avoir effectivement tué , blessé et floué toute l'intelligentsia française ralliée à sa cause ( la liste est longue, de Danièle Mitterand à Fred Vargas, de BHL à Miou-Miou etc....)
Sa biographie "connue" est incroyable. Retenons ses démêlés avec la justice italienne ( assassinats pendant les années de plomb) et une oeuvre littéraire (une vingtaine de romans ou d'essais) .
Il va fuir à l'étranger, passer 8 ans au Mexique, 14 ans en France, 14 ans au Brésil avant son ultime refuge en Bolivie ( 2018-2019).
Lorsqu'on évoque Battisti tout devient polémique , tout devient politique.
Il est très difficile, dans ce contexte, d'écrire un billet objectif en se réfugiant ,par exemple, derrière la qualité littéraire.
"Le Guet-Apens" c'est du très gros calibre . Failli être flingué (comme dit Céline Minard).
Cesare devient Adriano dans ce roman flamboyant. Une constellation de personnages secondaires défilent dans ce livre aux multiples intrigues et à la chronologie anarchique. Trois instances topologiques : la cellule sarde (chapitres non titrés), le Brésil, la Bolivie.
On comprend très vite que le "Qui a trahi " est un leurre et que tout le monde s'en fiche d'ailleurs. le lecteur comme l'auteur.
Le propos est de fustiger la déliquescence profonde de l'Amérique du Sud : le coupable est l'alliance incestueuse (politiquement) entre le Brésil de Bolsonaro et la Bolivie d'Evo Morales pour servir l'Italie de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles .
En plus compliqué bien sur.
Adriano a laissé au Brésil femme et enfant , compagnons de fuite et militants. Amis et ennemis. Tous ce petit monde se croise dans une symphonie baroque où le personnage de Mariluz sort du lot. Militante brésilienne , elle a un frère trans , Fredy, devenu pro-Bolsonaro à force de ....féquenter les militaires.
On transpire, on frissonne, on se perd beaucoup mais on se retrouve où tout a commencé : en cellule.
Il me semble ( c'est mon modeste avis ) que même ( et surtout) si Battisti nous embrouille il faut juger ce livre pour ce qu'il est : un singulier OLNI , imprégné de Garcia-Marqués, de Borgés et de Guevara. Entre autres....
Accrochez-vous!!!! Et faites vous votre avis, j'ai hâte.

Oulala , J'allais oublié de remercier les éditions du Seuil et Masse Critique.
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Adriano est le double fictif de l'auteur, Cesare Battisti.
Un avion militaire le transporte vers une destination inconnue, il ne demande pas pourquoi, il le sait. Il a passé sa vie à fuir pour ne pas en arriver là. Il pensait finir ses jours tranquillement en Bolivie, avec la protection de ses amis mais, quelqu'un l'a trahi.
Du fond de sa cellule, où il tremble de froid, ne sachant pas qu'il a contracté une pneumonie, il reconstitue les différentes étapes de sa fuite, et réfléchit au comportement des personnes qu'il a croisées sur son chemin, y compris parmi celles qui l'ont aidé. Il rêve aussi qu'il est de retour dans son jardin avec sa famille qui lui manque beaucoup.
En alternance, le roman retrace les événements politiques qui ont eu lieu au Brésil en particulier à Rio où Adriano avait obtenu le statut de réfugié, les actions de son groupe ami contre le gouvernement, leurs engagements personnels. Les vies des différentes personnes s'entrelacent. le lecteur les suit dans leur quête, dans leurs réunions officielles ou secrètes, leurs doutes, leur souffrance quand ils découvrent que quelqu'un parmi eux a trahi.
Est-ce Martin Lopez, l'ami le plus proche d'Adriano qui sera nommé directeur national de la Sécurité intérieure ? Carlos Ramirez qui s'occupe d'un groupe de défense des droits de l'homme ? Jonas, un autre exilé qui a peur pour lui à présent, ou Alfonso qui a refusé de partir du Brésil ?
Adriano était-il surveillé par les services de renseignement de celui qu'on surnomme le Capitaine ?
Contre quoi ou qui a-t-il été "échangé" ? La Bolivie a-t-elle été obligée de céder pour acheter sa paix ? Dans ce roman, comme dans la vraie vie, on parle d'une "affaire d'état", d'"équilibres politiques en jeu", de la "stabilité de la nation", du risque pour la Bolivie de tomber "aux mains du fascisme mondial", d'un "service rendu" à l'Italie (en échange de quoi ?).
Le lecteur cherche à comprendre, à dénouer les pièges, à lire ce qui ne se dit pas derrière les paroles et les actes des différents protagonistes. Et si tout cela avait été organisé par les gouvernements en place faisant fi des lois internationales sur l'asile politique ?
Ce faisant le lecteur découvre la peur des militants de gauche qui se sentent "prisonniers", qui entrent en résistance mais accumulent les déceptions. Avec l'arrestation d'Adriano, c'est tout un monde et des idéaux qui s'écroulent sous les yeux du lecteur...

Ce roman se lit comme un thriller et je l'ai trouvé très bien écrit, avec des chapitres courts et beaucoup de rythme et de suspense, même si le lecteur connait par avance la fin. Ce n'est ni un témoignage, ni une autobiographie mais ce qu'on appelle une autofiction.
Tout d'abord je tiens à dire que le lecteur n'a pas à prendre partie, à savoir si l'auteur est coupable ou pas, ce sujet ne sera pas abordé donc je ne m'engagerai pas sur ce terrain, car nous n'avons pas toutes les cartes en main et je vous conseille de lire ou relire, tout ce qui concerne les années de plomb en Italie durant lesquelles près de 12 000 attentats ont été perpétrés. Vous avez tous les renseignements sur internet nécessaires pour vous forger votre propre opinion sur ce qu'on a appelé "l'affaire Battisti". D'ailleurs, l'auteur a reconnu les faits. Mais de nombreuses questions subsistent, entre autres deux d'entre elles m'interpellent : Pourquoi certains activistes appartenant à des groupes minoritaires ont été jugés et arrêtés, ou se sont réfugiés dans un autre pays, et pas les autres ? Et, pourquoi les commanditaires de certains attentats particulièrement graves et meurtriers, sont-ils encore dans la nature ? Je ne rentrerai pas plus dans les détails par respect pour les familles qui ont perdu un des leurs car ces années de plomb ont fait beaucoup de victimes. Je ne les ai pas oublié tout au long de ma lecture, croyez-moi.
Mais tout n'est pas centré sur l'histoire personnelle de l'auteur, ce livre étant à la fois un roman et un documentaire qui nous permet de mieux connaître la situation réelle au Brésil dans les détails, les dégâts du totalitarisme sur les pauvres et les marginaux de ce pays, la répression par la violence qui est censée résoudre les oppositions au régime, et la corruption qui empoisonne la vie quotidienne des habitants.
Il y a des passages presque amusants, comme par exemple la rencontre entre le ministre bolivien et Martin et Ramirez qui cherchent à comprendre quelle est l'implication réelle du gouvernement de ce pays dans l'arrestation d'Adriano.
Il y a des passages très poétiques, des descriptions de paysages fabuleuses, des moments de grâce qui allègent le récit et permettent au lecteur de souffler un peu.
Les personnages secondaires sont tous crédibles et bien entendu, sont fictifs même si on se doute que certains ressemblent réellement aux personnes qui ont aidé Cesare dans sa fuite. En tous les cas, ils sont très réalistes, se sentent tous impliqués et vont mener l'enquête avec leurs propres "armes". le lecteur croise ainsi entre autres, Jonas, Martin, Ramirez très impliqués, mais aussi Alfonso qui refuse de quitter sa famille et le Brésil, Flora qui est née en Bolivie, Mariluz, une militante brésilienne convaincue, au caractère bien trempé et son frère trans, Fredy qui à force de fricoter avec les militaires pro-bolsonaro, finira mal.
Les vies professionnelles et privées se recoupent, des amours se tissent, des jalousies étayent le roman...parfois le lecteur s'y perd un peu mais qu'importe il sait toujours dans quel pays, il se trouve.

La critique complète est sur mon blog, il suffit de cliquer sur le lien ci-dessous si cela vous intéresse.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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J'aimerais beaucoup défendre ce livre qui m'a été offert par les éditions du Seuil dans le cadre de Masse critique, mais je ne sais pas très bien comment m'y prendre. Je l'ai lu avec grand intérêt parce que le personnage me fascine même si le mot "fascine" me semble exagéré au moment même où je l'écris. Cesare Battisti nous raconte la vie d'Adriano (son double) et nous fait vivre un chemin d'exil peuplé de fantômes, dans une logique de fuite qui, bien entendu, serait digne d'un tournage par un metteur en scène audacieux. Mais, quelque chose ne fonctionne pas dans le récit, peut-être parce qu'on ne peut vraiment pas adhérer à tout ce discours sans se poser la question de la légitimité. Même si de nombreux intellectuels et politiques lui ont manifesté leur soutien, Cesare Battisti a quand même participé à au moins quatre assassinats dans le cadre de la lutte armée, il m'est difficile de croire en son innocence et cette autofiction me dérange dans ses propos de pseudo-rédemption. Je salue l'écriture, le style. Je me méfie de son contenu.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
A Rio, tout le monde est bien. Il suffit de tourner un coin de rue pour tomber sur quelqu'un de chez soi. Alfonso s'y sent chez lui. Comme dans son village d'origine, on y apprend à fuir avant de savoir marcher. On fuit d'abord la faim, puis les balles des patrons ou de la police. Et comme cela ne suffisait pas, le feu qui détruit les favelas est le même que celui qui brûle les forêts. C'est le même ciel qui se colore de rouge. Et si la pluie ne vient pas tout laver, les larmes le feront...
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Demain. Un mot qu’on murmure sans cesse dans le même instant répété est un mensonge. On ment pour échapper, au moins par l’imagination, à une situation dans laquelle on se sent prisonnier. À quoi ressemblera demain ? Demain arrivera-il ? Une grande fête aura lieu, tout le monde se prépare : il y a des flashes, des ministres et des danseuses. Il manque les fleurs, il apportera les roses jaunes de son jardin.
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Dans le livre du futur, tout est écrit : les choses et les gens, les amours et les révolutions, sur ses pages barbouillées qui se tournent à toute vitesse. Il ne reconnait plus les vieux décors, les sentiments qui les ont gouvernés le fuient. Quand il croit avoir trouvé une raison, un voile de tristesse vient la ternir. Ses pas se font plus pesants, son corps est fatigué de le suivre...
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Il a voyagé dans un état de conscience minimale, en se raccrochant à l'idée que tant qu'il y avait des nuages sous ses pieds, il pouvait espérer qu'un autre soleil l'attende. Soutenu par ce dispositif de repli, il laisse derrière lui les continents, l'océan et ses amours. Sans croire une seule seconde qu'il les a abandonnés pour toujours.
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Un trou d’air est comme un trou de mémoire : on y tombe et, avec la conscience, on se libère du poids du passé. On perd le sens des responsabilités. Plus rien n’a d’importance. Advienne que pourra, même de sombrer dans l’eau glacée d’un hiver italien. Il fait si froid là-dehors.
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Videos de Cesare Battisti (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cesare Battisti
"Arte Reportage" diffuse samedi 16 mai un sujet sur Cesare Battisti, "Brésil : le cas Battisti". Un reportage qui fait le point sur la situation de l'Italien, anciennement réfugié en France, et toujours en attente du statut de réfugié politique au Brésil. Source : www.rue89.com
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