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EAN : 9782844144911
124 pages
L'Association (16/11/2013)
3.91/5   17 notes
Résumé :
Après Viva la vida, Baudouin et Troubs réalisent ici leur second voyaage, carnets en main.
Invités par deux sociologues colombiens impressionnés par la force et 'humanité de leur reportage à Ciudad Juarez, ils se rendent cette fois en Colombie où ils voyagent en reprenant le même principe.
Pour rencontrer les gens, ils échangent leur portrait contre le récit d'un souvenir.
Ils arrivent à Bogota avec cette interrogation : qui sont les paysan ? qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Yaira Fernanda n'a rien à faire des souvenirs, elle veut demain.
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Cet ouvrage constitue un récit complet indépendant de tout autre. Sa première édition date de 2013. Il a été réalisé à quatre mains pour le scénario et les dessins, par Jean-Marc Troubet (Troubs) et Edmond Baudoin. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, comptant 125 planches, dont une réalisée et ajoutée pour la deuxième édition. le tome s'ouvre avec un texte introductif de 2 pages, rédigé par Alfredo Molano Bravo (1944-2019), sociologue, journaliste et écrivain colombien. Il évoque le projet des auteurs : peindre des histoires de leur main prodigieuse et assurée, peindre des visages, peindre des mains, peindre des rues, peindre la vie et peindre la mort : la mort qui est partout, dans les récits des gens et jusque dans leurs rêves. Puis à San Vincente del Caguán, tous ses habitants ont une histoire à raconter, une seule et même histoire : celle de l'homme qui fuit. Ces eux auteurs ont précédemment réalisé un autre récit de même nature : Viva la vida (2011) sur les habitants de Ciudad Juárez. Par la suite, ils en ont réalisé un troisième sur les migrants : Humains, la Roya est un fleuve (2018).

Baudoin se tient debout sur un rocher au bord de la mer. Il est né sur un bord de la Méditerranée, Jean-Marc Troubs sur une rive de l'Atlantique. Qu'est ce qui donne le goût à une terre, une herbe, un arbre, un fruit, une eau, un homme, un peuple ? Sur la totalité des côtes méditerranéennes les hommes, pendant des millénaires, se sont penchés sur la même terre. Ils ont bu du lait de chèvre, cultivé des oliviers, construit des murs de pierres sèches. Troubs a grandi sur les bords de l'Atlantique. Mais il est ensuite venu s'installer à l'intérieur des terres, à la campagne, à l'Est de Bordeaux. Dans une campagne encore comme avant, en dehors des routes. C'est plus la forêt que la campagne ; quelques prés, quelques vignes, et puis des arbres à perte de vue. Un des endroits les moins peuplés de France. Ce jour-là, il discute avec son voisin, Raymond, 80 ans, un ouvrier agricole à la retraite dont le motoculteur ne veut pas démarrer. Ils parlent des semailles dans quinze jours à la Lune vieille, du départ de Troubs en Colombie, de ce qu'ils peuvent cultiver là-bas.

Baudoin évoque la manière dont le nord de l'Europe a asservi l'Afrique à ses besoins, par la colonisation, par l'économie et le marché. Comment la Méditerranée est passée d'un lieu de rassemblement avec une culture partagée sur tous ses bords, à une frontière protégée par un mur de visas. Il évoque la frontière du Rio Bravo entre les États-Unis et le Mexique. Lui et son collègue sont prêts pour partir en Colombie, âgés respectivement de 70 ans et de 40 ans. Invités par deux universitaires colombiens qui ont lu Viva la vida, Ils partent cinq semaines pour rencontrer les paysans qui vivent dans la région de Caquetá, proche de l'Amazonie. Ils ne sont pas très sûrs de la nature de leur projet : ils ne savent pas à quoi cette région ressemble. Il y a des guérilleros appelés terroristes par les démocraties.

S'il a lu Viva la vida, des mêmes auteurs, le lecteur sait à peu près à quoi s'attendre. Sinon, il peut se référer à la manière dont Baudoin parle de cet ouvrage dans la dernière page : Ce livre n'est pas vraiment un reportage, pas un carnet de voyage, pas une étude sociologique. Est-ce une bande dessinée, une performance ? La forme est un peu déconcertante de prime abord. le livre a été réalisé à quatre mains. S'il n'identifie pas qui a fait quoi d'après les caractéristiques des dessins, le lecteur peut se fier à la graphie du texte : Baudoin écrit en majuscule, et Troubs en minuscule. La question de la nature de l'ouvrage peut se poser dès les premières pages. Dans l'introduction réalisée par Baudoin, il s'agit plus d'un texte illustré par des images, une ou deux par pages, les informations visuelles venant compléter ce que disent les mots. Dans celle réalisée par Troubs, la forme est plus proche d'une bande dessinée classique avec des cases, une action racontée par la succession de plusieurs cases, des phylactères. Très vite, le lecteur constate qu'il y a beaucoup de textes : des éléments de contexte pour exposer la situation de la Colombie dans ces années-là, un peu d'histoire, un peu de géographie, la présentation de quelques personnages, les personnes rencontrées et dessinées qui racontent leur souvenir le plus marquant. Ce n'est pas une bande dessinée d'un format traditionnel ce qui peut rebuter en la feuilletant rapidement.

En revanche, une fois qu'il s'est adapté aux caractéristiques de la forme, le lecteur assiste effectivement à une sorte de performance, pas au sens de l'exploit, mais au sens d'une oeuvre qui prend forme au fur et à mesure des rencontres, des événements, des déplacements, sans planification réelle autre que la destination du voyage et le projet de discuter avec des gens. Les dessins des deux artistes sont en noir & blanc, plus chargés et un peu charbonneux pour Baudoin, un peu plus en mouvement pour ceux de Troubs, avec une touche amusée, une sorte de plaisir évident. Indubitablement, les images font voyager le lecteur : dans des villes, dans des habitations, dans la nature sauvage, dans des zones cultivées, sur la route. Il ne s'agit pas d'un carnet de voyage avec de belles images de paysage, mais plus de croquis donnant la sensation d'avoir été faits sur le vif. En réalité, les auteurs se sont bien livrés à un travail de composition, de réalisation des pages après coup : ils se dessinent en train de travailler dans les planches 42 & 43. le lecteur a vite fait de s'acclimater à ces planches rugueuses, à ces visions qui reflètent la préoccupation ou l'intérêt du moment de l'un ou l'autre des auteurs. Il partage leur regard qui ne constitue pas une description neutre de ce qui les entoure, mais un choix de ce qui les marque.

Bien sûr, une quantité significative de cases se présente sous la forme d'un gros plan sur un visage, le Colombien en train de parler et de raconter son souvenir le plus marquant, parfois en une phrase, parfois dans un long texte. Les portraits, des visages en gros plan, ne cherchent pas à montrer une vision idéalisée de la personne, ou embellie : c'est un dessin un peu simplifié par rapport à du photoréalisme, s'attachant à l'impression donnée par l'interlocuteur, son trait de caractère apparent lorsqu'il s'exprime. Il est vraisemblable que s'il les croisait dans la rue, le lecteur ne les reconnaîtrait pas. Il semble qu'a contrario l'individu reconnaît sa personnalité dans le dessin qui est fait de lui. Les auteurs ont composé leur ouvrage de manière que le lecteur essente l'impression de faire la connaissance de ces individus qui lui parlent pendant quelques minutes. Il les rencontre au gré des déplacements et des visites des artistes. de la même manière, il ressent les impressions laissées par les différents endroits : le bruit et l'immensité de Bogotá, le caractère rural du village de Belén, l'isolement du village de San Vincente del Caguán, la réalité de la nature dans la forêt avoisinante, avec les arbres, un singe-araignée, les chants d'oiseaux au réveil le matin, une tortue qui les regarde passer lors d'un voyage d'une heure de pirogue, une poule en liberté, un perroquet, etc.

En fonction de ses centres d'intérêt, le lecteur est plus moins ou familier de la situation de la Colombie en 2013. Les auteurs font en sorte d'intégrer les notions d'histoire et d'économie nécessaires, la guerre civile, les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, 1964-2016), la corruption, la culture de la coca, les intérêts des multinationales, les organisations paramilitaires, les narcotrafiquants, la criminalité qui fait environ quarante morts par jour, la pauvreté, la diminution de la population d'indiens Huitoto / Uitoto, les six millions de Colombiens déplacés à l'intérieur du pays. En fonction de la nature de l'information, elle est soit exposée par les auteurs, soit par une personne qu'il rencontre, avec qui ils échangent. le lecteur sait bien que Baudoin et Troubs ont choisi leurs interlocuteurs dans une classe sociale bien définie, et que l'image qui en ressort est donc partielle. Les premiers témoignages de violence sont terribles et durs, mais similaires à ce qu'il a pu lire dans la presse. C'est l'effet cumulatif de ces souvenirs marquants qui dessine le climat de cette région du pays pour la population. Dans la planche 103, Troubs pense en son for intérieur que très souvent quand il rentre de voyage, il se dit qu'on est en démocratie en France, qu'on a la sécu, une justice pas corrompue. Chaque fois qu'il va voter, il a l'impression de participer à la vie politique, de s'impliquer, même s'il sait bien que ce n'est qu'une illusion. Mais que ferait-il s'il était colombien ? S'engagerait-il ? Fermerait-il les yeux ? En effet, l'ouvrage n'apparaît pas comme une dénonciation, mais plus comme un témoignage sur la force vitale de ces êtres humains. le lecteur fait le lien avec ces images montrant des fourmis portant une charge beaucoup plus volumineuse qu'elles. Il pense au plaisir de vivre des habitants de Caquetá, malgré la violence arbitraire des factions armées, malgré les traumatismes de leur passé individuel. Il ressent la force de vie à la fois fragile et plus forte que tout, pour assurer les besoins vitaux de nourriture et de logement, mais aussi d'éducation, de sécurité, de moralité, de famille, et lorsque c'est possible d'éducation, de projets à long terme comme une réserve naturelle.

Le lecteur sait qu'il s'embarque pour un voyage en Colombie, à la rencontre d'habitants de villages dans une zone rurale du pays. Il découvre un ouvrage qui défie les conventions de la bande dessinée, mélange de narration séquentielle, et de texte illustré, dans un noir & blanc sans afféterie, dont la somme des parties fait un tout étonnamment harmonieux. Il ressent qu'il rencontre les habitants dont les artistes font le portrait comme s'ils leur parlaient en direct. Il voit un portrait de cette région du pays se dessiner progressivement, sans parti pris politique, sans dogmatisme, montrant le peuple qui vit dans un pays en guerre civile. Extraordinaire.
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Plongée au coeur de la guérilla colombienne, dans ces villages esquissés en larges traits noirs. Un portrait en échange d'une confession. Visages marqués, beaux, dont les yeux reflètent souvent un éclat sombre, qui en dit plus que ces paroles qui parfois ne dépassent pas les lèvres, qui se taisent, finalement.
Baudoin et Troubs, suite à la publication de leur BD reportage au Mexique, Viva la Vida, ont été sollicités par deux universitaires colombiens pour mener un autre reportage sur les FARC. Ils traversent ainsi l'océan puis la Colombie, rencontre la population qui se trouve au coeur de cette guerilla, qui la fréquente peut-être, qui a été menacée, dont la famille a parfois éclaté sous la menace.

J'ai trouvé le graphisme difficile et épuisant à lire et l'angle d'approche... les témoignages échouent régulièrement, comme si la confiance ne s'était pas installée,
Sur un thème aussi sensible que celui des FARC, de la politique de CHAVEZ au Venezuela, de la situation politique en général en Amérique latine, le parti pris des auteurs m'a gênée, j'aurais voulu un reportage plus impartial que ça...

Lu dans le cadre Récits de Voyage 2014-2015
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"Le Goût de la terre" est une b.d oú les auteurs décrivent des confidences recueillies et dessinent des portraits mais aussi les non-dits.
Troubs observe les colombiens qui évoquent "leurs souvenirs sont pauvres et loin de ce que leurs yeux expriment".
Les auteurs ont bien réussi à partager ces regards remplis d'émotions, faire découvrir leurs pauvretés leur conditions.
La violence, la souffrance et la mort reviennent régulièrement dans les paroles échangées avec cette présence des FARC.
D'ailleurs on trouve le portrait de femme , Chatica, une "commandante FARC ". "Cette fille est une sirène d'Amazonie" écrit Troubs.
"Mais quand une femme est pauvre, elle n'existe pas en Colombie. Je voulais être une femme libre. Ne pas être l'esclave d'un homme toute ma vie, me sacrifier pour mes enfants, vivre dans une cuisine. Les FARC sont ma famille."
Tout au long de ces rencontres , le lecteur est aux côtés des auteurs.
Un carnet de voyage réussit riche humainement et bouleversant.
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Trois ans après être partis sur les rives du Rio Bravo et avoir produit »Viva la vida », Baudouin et Troubs s'embarquent en Colombie, avec pour seules armes leurs pinceaux et leurs crayons, avec leurs convictions de septuagénaire ancien communiste et de trentenaire solitaire retiré en terre paysanne, dans le but de palper le pays, s'en imprégner, tâcher de comprendre, en rencontrant les plus simples et les plus pauvres.

Leur méthode ? Je t'offre ton portrait (reproduit dans le livre) et tu m'offres ton souvenir le plus fort.
Avec ça, nous, Baudoin et Troubs, nous répondons l'un l'autre, partageons nos émotions, nos écritures, nos dessins en noir et blanc pour produire un livre au positionnement marqué, plein de vie vécue, d'empathie et d'émotions , mais aussi de réminiscences et d'interrogations.

C'est très instructif et vraiment très beau, d'une approche toute personnelle voire intime, une rencontre avec la Colombie à travers deux auteurs qui s'impliquent et se répondent. Un réel coup de coeur.
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Les deux auteurs dessinateurs Baudoin et Troubs reprennent ici le même principe que dans Viva la vida, à savoir partir à la rencontre d'une population en leur proposant de réaliser leur portrait en échange du récit de leur rêve. A partir de ces éléments se crée une oeuvre, mélange de bande dessinée et de carnet de voyage. Entre reportage et mémoires, où la subjectivité se mêle à l'observation. Dans cet opus, on se retrouve en Colombie, à la rencontre de sociologues, étudiants, paysans, marchands des rues et même membres des FARC.

Les auteurs nous livrent pleinement leurs impressions et sensations du moment. Les portraits et dessins transmettent une émotion forte et font de cet album un récit hors du commun.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je suis né sur un bord de la Méditerranée, Jean-Marc Troubs sur une rive de l'Atlantique. Qu'est ce qui donne le goût à une terre, une herbe, un arbre, un fruit, une eau, un homme, un peuple ? Sur la totalité des côtes méditerranéennes les hommes, pendant des millénaires, se sont penchés sur la même terre. Ils ont bu du lait de chèvre, cultivé des oliviers construit des murs de pierres sèches. Sur toutes les rives de la Méditerranée, on trouve des cactus aussi. Sur la totalité de ses rives, la même biodiversité, sur la totalité de ses rives longtemps les mêmes hommes, longtemps les mêmes cultures. Et en français comme en espagnol, le mot Culture désigne celle de la terre, et celle de la tête des hommes. Tanagras grecs découverts à Alexandrie, en Égypte. J'en ai vu aussi à Marseille en France, à Byblos au Liban. Pendant très longtemps, ce fut ainsi, mais les hommes du nord, dans leurs confrontations incessantes sur des océans dangereux, devinrent de grands marins. Ils parcoururent le monde avec des bateaux et des canons. Ils colonisèrent des pays et des continents. Ils découpèrent l'Afrique avec des guerres et es règles, ils inventèrent des frontières. Le savoir-faire des pêcheurs et des paysans méditerranéens n'eut plus aucune valeur. Il fallait nourrir le Nord (90% des exportations de l'Algérie sont à destination de l'Europe). Un peu plus tard, les colonisateurs découvrirent des trésors sous la terre africaine. La science des arbres, des herbes, des poissons, des animaux, des patois, de la poésie, de l'histoire qu'avaient les hommes vivants dans cette région du monde fut noyée dans la pollution et les dérèglements climatiques et culturels. Le Nord dévorait les richesses du Sud. Il avait besoin des hommes aussi. Par de leur cuture, mais de leurs bras. Ensuite il n'en eut plus besoin. Alors, le Nord construisit un mur de visas au milieu de la méditerranée. Frontières géographiques, frontières entre les hommes et les femmes, frontières économiques. C'est la question de la frontière qui nous a fait partir Troubs et moi, sur les rives du Rio Bravo.
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Dans les années 1950, le paysan colombien était martyrisé à cause d'une violence générée par des différences politiques, la pauvreté et l'avidité des grands propriétaires terriens. Les FARC naissent d'un groupe de paysans libéraux et communistes qui luttent pour leurs terres. Le gouvernement les bombarde en un lieu appelé Marquetalia. Les survivants, sous les ordres de l'un des leurs Tirofijo, fuient en divers endroits. C'est dans l'un d'eux, El Pato, dans le Caquetá, que véritablement ils s'organisent et fondent les FARC en 1964. La guérilla la plus vieille d'Amérique latine. Dans la décennie des années 1970, le trafic de marijuana ver les États-Unis devient une réalité, de même pour la cocaïne. Cultiver la coca est alors la seule ressource pour des milliers des paysans. Pour un paysan, c'est plus cher d'aller au marché vendre ses bananes que d'en acheter. Le trajet vers la ville est plus couteux que ce qu'il reçoit de la vente. Grâce à la prohibition, le narcotrafic devient le meilleur négoce de Colombie. Les groupes armés croissent au même rythme que les narcotrafiquants. Les conflits augmentent, et c'est la population qui en souffre. Les grands propriétaires terriens, les narcotrafiquants, la force publique et politique s'unissent pour combattre les FARC. Et c'est ainsi que se créent les groupes paramilitaires. Cette armée illégale va assassiner des milliers de paysans et de leaders politiques. Ils vont commettre des centaines de massacres, voler des terres, et déplacer des milliers de personnes. Aujourd'hui ces terres appartiennent aux grandes multinationales et sont enclavées entre des puits de pétrole.
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C'est la maman qui parle : C'était en septembre 2007. J'étais dans la maison avec ma famille. Mon époux était à côté, il jouait sur le lit avec ma fille de 9 ans. Soudain entre un homme, il tire des coups de feu, une balle entre dans un œil de Syndy Vanesa, une autre dans le front de mon mari qui meurt sur le coup. Il pointe son arme sur moi, je crie, il s'enfuit. Depuis ce moment, je m'occupe de ma fille. Il faudrait aller souvent à Bogotá, il y a là-bas un spécialiste de la rétine. Au début je pouvais y aller tous les deux mois pour les contrôles, ensuite tous les six mois. Mais je n'ai pas emmené Syndy la dernière fois. Avec le voyage, la visite, l'hôtel, j'en ai pour 200 euros. C'est ce que je gagne en un mois. Ma fille dit que je ne devrais pas m'occuper d'elle. Mais elle risque de perdre l'œil. Aujourd'hui, j'ai donné une lettre au président Santos. Le gouvernement dit qu'il aide les victimes, mais ce n'est pas vrai. Mon époux commerçait avec les FARC quand existait encore la zone de paix. Ensuite les paramilitaires nous ont accusé d'être amis de la guérilla. Je ne sais pas qui a tué mon mari, ni mon frère exécuté en 2005 parce qu'il faisait de la politique. Je ne sais rien.
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Mon souvenir le plus fort et le plus dur, c'est le jour où on m'a retiré mon fils. Mon mari travaillait dans un autre collège que mi quand les FARC l'ont obligé à fuir précipitamment. Ils l'accusaient d'avoir volé de l'argent. Il était avec notre fils d'un an. Il a fui avec lui à Bogotá. Il y a dix ans de cela. Les FARC ne m'ont jamais embêtée, mais ils m'ont retiré ce qui m'est le plus cher… Mon fils.
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Ce livre n'est pas vraiment un reportage, pas un carnet de voyage, pas une étude sociologique. Est-ce une bande dessinée, une performance ? Nous avons eu la sensation, durant ces cinq semaines, d'être des papillons volant au gré du vent et des rencontres, avec un sentiment d'imposture dans tous les genres, avec pourtant, et c'est un paradoxe, la certitude de faire quelque chose de vrai et d'important.
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