Une BD « Outrenoir » qui soulage.
Ne comptez pas bronzer en la lisant. Inutile d'enfiler les Ray Ban et de vous tartiner de crème de solaire façon blinis. Côté couleurs, c'est pas tata Yoyo, et sous son chapeau, le protagoniste de l'affaire n'est pas une lumière.
Le titre aussi interpelle. le gars qui inventera une vraie cage aux cons mérite le concours Lépine mais c'est un coup à tous finir embastillé car la peuplade est à la fois juge et partie. L'objectivité d'un jury de patinage artistique.
Adaptée d'un roman de
Franz Bartelt «
le jardin du Bossu » qui date de 2004, cette BD de Robin HECHT et
Matthieu ANGOTTI rend un bel hommage à l'humour noir et à la truculence franchouillarde de l'auteur. Tout pour me plaire. « Masse critique » commence à subodorer mes goûts et on ne me propose plus le dernier guide de développement personnel qui rend heureux tout plein. Un grand merci.
Le héros du roman partage les traits de Lambert, le pompiste de nuit joué par
Coluche dans Tchao Pantin. Expulsé de sa bicoque banlieusarde par sa rêche dulcinée qui ne supporte plus de vivre avec un fauché congénital, le bonhomme aux pensées humanistes mais aux scrupules light, noie son chagrin au zinc du coin quand il entend un client du bistrot bien imbibé se vanter qu'il planque des millions dans sa maison. Après un examen de conscience plus rapide qu'un Test Covid, notre petite frappe se met en tête de cambrioler le bourgeois pour le débarrasser de ses sesterces. Manque de bol, l'Arsène Lupin low cost se fait prendre la main dans le sac par le proprio qui avait simulé l'ivresse pour piéger le premier couillon venu. And the winner is... sa pomme. Flagrant délire.
Otage de ce personnage aussi poli que cinglé qui séquestre des paumés pour en faire des bons à tout faire, le gusse est chargé d'une première tâche ménagère : enterrer dans la cave son prédécesseur, trucidé pour incompétence. Pas très futé mais soucieux de préserver sa carcasse, le gazier comprend qu'il doit simuler la soumission et obéir aux maniaqueries de son ravisseur.
J'en bave pas plus façon bulldog qui ne sait pas tenir sa langue mais le huis clos est agrémenté de visites impromptues assez succulentes : la mère du propriétaire qui rappelle la maman de Norman Bates, une prostituée serviable et un flic fatigué, caricature très réussie de Lino Venture.
Le dénouement qui transhume du côté de la grande illusion (Messmer, pas Gabin hélas) est imprévisible et pourra en chagriner certains. Pour ma part, au contraire, j'ai vraiment mordu à l'hameçon, comme une tanche !
J'ai retrouvé la qualité des dialogues qui charpentent les romans de
Franz Bartelt et le noir et blanc sied bien au teint de l'histoire. On est plus proche de l'univers d'
Honoré Daumier que des clips de son arrière petit-neveu, Julien Doré. RER versus Seychelles.
Du bien bel ouvrage même si il ne doit pas rester beaucoup de Toner dans l'imprimante de l'Editeur ! Il n'y a plus d'encre en Chine.
Tchao.