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3,49

sur 864 notes
Il est heureux que cette rentrée littéraire fasse un très joli accueil au onzième roman d'Emmanuelle Bayamack-Tam. La presse qui compte a mis le paquet ( de Télérama le mettant en tête de gondole aux Inrocks avec un portrait de l'auteure) et déjà, le roman apparaît dans les premières listes des futurs prix. Ce n'est que justice, car loin des prêches lassants de Jérôme Ferrari ou des copies encyclopédiques pouffantes de Maylis de Kerangal, "Arcadie" décoiffera sérieusement le lecteur et lui prouvera que l'on peut formidablement bien écrire et raconter une histoire aussi inventive qu'impertinente.
Emmanuelle Bayamack-Tam, c'est d'abord une écriture, une vraie, nourrie de mille références que l'on peut ne pas remarquer, qui ne sont jamais mises en avant mais ajoutent une profondeur à un style par ailleurs sarcastique, infiniment drôle, qui cherche à nous déstabiliser et donc à nous faire réfléchir. La lecture de ses romans s'avère délicieuse comme un mojito à qui on a mis une bonne dose de rhum.... et je pourrai dire jouissive pour ce nouvel opus !
Emmanuelle Bayamack-Tam c'est aussi, encore et toujours, une narratrice adolescente ingrate physiquement mais à l'esprit exceptionnellement affûté. Farah, sa nouvelle trouvaille, possède un corps massif ingrat, qui hésite entre fille et garçon. Elevée librement à Liberty House, une grande propriété loin des ondes électromagnétiques et du wifi, donc quasi coupée de ce qui fait l'essentiel de la vie des ados d'aujourd'hui, à savoir Facebook, Whatsapp ou les jeux vidéos, elle attend avec ferveur le moment où elle perdra enfin sa virginité. Et pour elle rien de plus facile, même vivant dans un monde clos, l'amour physique est considéré par tous les habitants de sa drôle de résidence comme aussi simple, normal et libre que de manger un radis ou de boire un café. Avec un homme, avec une femme, avec un paraplégique, un vieillard, peu importe tant que cela est consenti librement. La première partie tournera donc autour de cet apprentissage et mettra aussi en évidence la troisième thématique récurrente de l'auteur : le corps.
En plus de vouloir se faire déflorer, Farah se débattra avec un corps ni fille, ni garçon et passera son temps à questionner sur la féminité ( et donc la masculinité). Avec son langage à la verdeur tonique, elle provoque autant le lecteur que les autres personnages qui l'entourent. Attention quand je dis "provoque", il faut le lire dans les trois sens du terme ... Farah sera donc la cause d'un défi incitateur qui suscitera bien des désirs et bien des plaisirs charnels pour elle, mais aussi de lecture pour nous lecteurs.
Je ne dévoilerai pas plus de ce qui représente un des meilleurs romans de cette rentrée. On y parle aussi bien de naturisme, de la méthode de lecture Daniel et Valérie, de lesbiennes, de flux instinctif libre, de genre, de migrants, ...
Un peu plus sur le blog

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Ce roman m'avait échappé à sa sortie, le Prix Inter me l'a fait découvrir ...
Je ferai donc partie des rares billets à peine étoilés.
Farah est une petite fille qui arrive avec sa famille à Liberty House(maison du jouir), tout est dit. C'est une sorte d'ashram en zone blanche qui héberge un éventail assez pittoresque d'individus. Maison cossue , et dirigée par Arcady, une sorte de gourou, pas maléfique, non ,cupide un peu tout de même,qui se dévoue sexuellement pour tout le monde sans distinction, mais Farah amoureuse de lui devra quand même attendre sa majorité sexuelle pour s'envoyer en l'air avec lui, avec beaucoup de bonheur d'ailleurs.
Mais Farah, petite fille disgracieuse voit son corps se transformer au masculin et ne sait plus de "quel genre" elle est.
Puis elle découvre un migrant bien noir dans la propriété, elle fantasme, mais il se fait jeter par toute la bande si généreuse et ouverte au monde entier de Liberty et ce au grand dam de Farah, qui, à 18 ans voudra respirer un autre air.
L'auteur s'appuie lourdement sur des sujets sociétaux dans l'air du temps, l'écriture aussi.
Beaucoup d'obscénités inutiles entre autres.
Je me suis franchement ennuyée dès le milieu du livre, et l'ai terminé péniblement.
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Nous voici donc conviés à la maison du jouir, cette Liberty House repliée dans les collines de l'arrière-pays mentonnais. Arcadie, le nom du roman d'Emmanuelle Bayamack-Tam est évocateur à plus d'un titre. On se prend à rêver d'une contrée bucolique et paisible, d'une douce utopie, on revoit le magnifique tableau de Poussin, Les Bergers d'Arcadie, dont l'autre appellation est plus insidieuse : Et In Arcadia Ego. Bien sûr l'auteure qui est très cultivée n'ignore aucune de ces poupées gigognes dans lesquelles elle abrite son roman et qui en dressent dès lors les lignes de fuite.
Farah Marchesi est une enfant heureuse depuis que ses parents et sa grand-mère ont fait le choix de rejoindre une petite communauté installée dans un ancien pensionnat religieux du sud de la France. Liberty House, située en zone blanche, est un refuge pour sa mère Bichette qui souffre d'hypersensibilité électromagnétique. Tout un petit monde d'excentriques, de parias, d'êtres blessés gravite autour d'Arcady Gharineyan, le berger de cet éden. Quinze ans de bonheur et de liberté pour Farah qui grandit dans cette propriété où chacun fait ce qu'il veut à condition de bannir portables, ordinateurs, régime carné et sélectivité. En effet, la maison du jouir (clin d'oeil à Paul Gauguin) ne connaît qu'une seule orthodoxie, celle du droit à la jouissance sexuelle de tous, vieux comme jeunes, beaux comme laids, handicapés comme bien portants. Farah grandit avec l'obsession d'être un jour dépucelée par Arcady, son adoré. Mais, comme rien n'est simple, même au paradis, Farah souffre d'intersexuation. de petite fille laide, elle se transforme en un être doté de caractères sexuels hybrides. Bon, ce n'est pas trop grave car Arcady ne va pas s'arrêter à si peu et sa connaissance du plaisir pallie bien des désagréments physiques. Hélas, l'arrivée d'un jeune migrant dérègle le fonctionnement jusque là harmonieux de Liberty House et annonce la catastrophe à venir.
J'avoue m'être beaucoup ennuyée à la lecture de ce roman. Il est de mode aujourd'hui de citer, en fin d'ouvrage, un certain nombre de crédits. Parmi la liste de noms tirés du chapeau d'Emmanuelle Bayamack-Tam, j'en ai recherché un : Vladimir Nabokov. Comment ne pas retrouver dans Farah une bien pâle ressemblance avec l'Ada de Nabokov ? Et dans le livre un décalcomanie d'Ada ou l'Ardeur où bien des éléments sont transposés, les lieux tout d'abord, le château, la bibliothèque, le parc, mais aussi « l'innocence arcadienne », la jouissance juvénile, l'entourage baroque… Au-delà de ce détournement maladroit – mais la littérature abonde de dérivations plus ou moins réussies – l'auteure convoque à peu près tous les thèmes d'actualité : l'électrosensibilité, les migrants, l'intersexuation, le lesbianisme, le naturisme, le végétarisme, le véganisme, la sexualité précoce, l'influence médiatique, les oeillères de la justice. Preuve ultime de modernité, l'utilisation du verlan dans les dialogues entre jeunes : ça décoiffe même si on ne comprend pas la moitié des mots.
La modernité n'est pas dans les habits de la modernité, elle est dans le fond de l'histoire que l'on veut raconter. Emmanuelle Bayamack-Tam l'atteint dans les deux derniers chapitres de son livre enfin débarrassés du superflu.
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Une famille inadaptée fuit le monde contemporains, ses ondes électromagnétiques partout dans l'air, sa catastrophe écologique imminente, sa mondialisation dévorante, pour se réfugier dans une communauté auto-gérée aux moeurs libertaires et écolos dans le sud de la France, près de la frontière italienne.
Farah, fille de cette famille indolente, va grandir dans cet environnement et s'y questionner, à propos de sa sexualité, de son genre, de son corps, tandis que l'adolescence affleure.
Alors qu'un migrant s'introduit dans le domaine qui sert de véritable refuge à cette communauté, Farah va devoir repenser son monde-refuge face à celui qui, à l'extérieur, n'est que dangers et possibles.

Le roman est dense et aborde une foule de sujet : secte, écologie, sexualité, engagement politique, crise migratoire, tout en étant à la fois un roman d'apprentissage. Cette densité du propos, loin d'être brouillonne est servie par un répertoire de personnage haut en couleurs, dépeint au vitriol par Emmanuelle Bayamack-Tam qui emmène tout ce monde avec dynamisme. le regard total porté sur notre monde à travers les yeux de cette adolescente pleine de courage et de questions est presque tendre, presque plein d'espoir.
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Décidément, j'aime vraiment cette autrice qui, à mon avis, possède une grande liberté de paroles et de pensées. Au milieu de tous les romans que je peux lire, elle est réellement novatrice, intéressante, subversive, non-conformiste, innovante, libre et idéaliste. J'adore.

Elle dénonce les idées toutes faites, les communautés si bienveillantes soient-elles, l'entre-soi, le manque d'entraide, les hypocrites végétariens, ceux qui « adoreeeee » les animaux, mais pas les gens, l'hypocrisie générale, les gourous à deux balles etc etc la liste est longue… Elle pointe le doigt sur bien des clichés et enfonce le clou là où ça fait mal.

Chacun en prend pour son grade. Elle appelle un chat, un chat, je comprends que certains lecteurs soient choqués mais moi je suis totalement fan. Quant à l'héroïne, Farah est la sagesse absolue, intelligente, pleine d'humour, lucide sur la société humaine et totalement libérée sexuellement.
Le tout écrit dans un style fabuleux.
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Liberty House, un Éden illusoire où des vieux friqués fuient la capitale du citron pour une (fin de) vie hédoniste et une fête perpétuelle des sens et du sexe, où quelques rares « jeunesses » apprennent sans complexe la leçon du jouir de tout, nature, culture et confiture, à l'abri du moindre courant d'air susceptible de gripper la petite communauté.
J'avoue honnêtement qu'au kilomètre 150, j'ai failli abandonner. Trop de tout, pleasantville nouvelle formule, nombrilisme et idées arrêtées sur le monde par des post soixante huitards étriqués et décrépis, une Farah de seize ans en voie de mutation sexuelle qui, élevée au lait libertaire, n'a qu'une idée en tête (hors courir la prétentaine et se fabriquer une culture sur mesure), se faire sauter par un Arcady de 30 ans plus vieux à la complaisance illimitée dans tous les domaines et prêt à toutes les hardiesses, à toutes les faiblesses et d'une malhonnêteté à toute épreuve.

Et puis j'ai persévéré (parce que je suis comme ça) c'est dans ma nature de creuser. Et j'ai bien fait. Car, les propos graveleux, les grossièretés assumées, le sabir et le verlan des générations qui slament et qui rappent sont contrebalancées par des analyses jubilatoires et d'une finesse intellectuelle à vous tournebouler l'entendement, un style gouailleur et incisif, bourré d'humour.
A sa manière, Emmanuelle Bayamack-Tam nous dépeint des mondes parallèles qui se côtoient sans se fréquenter, avec d'un côté la bonne conscience des discours creux et bien pensants d'une communauté repliée sur elle même qui s'affranchit de toute implication humanitaire, et de l'autre une société opaque, dangereuse, bouffée par ses excès technologiques, son consumérisme exacerbé, porte ouverte à toutes les intrusions….
Avec comme lien fédérateur la jeune Farah qui, à l'instar d'un monde oublieux des anciens modèles, se cherche une identité et change de sexe au fil des pages….
En bref une histoire « terriblement » humaine.
Allez, pouf ! 5 étoiles (moins un demi pour les gros mots ! ::))
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Impossible d'aller au bout... j'essaie de m'accrocher, Mais décidément ça ne passe pas ! J'arrete à la page 200...
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Emmanuelle Bayamack-Tam signe un très beau roman d'apprentissage autour d'une jeune ado, qui va tenter de se construire au sein d'une secte où toutes les différences sont acceptées.
Seulement voilà, même si le principe est l'acceptation des différences et l'amour partagé, Farah cherche non pas le quantitatif mais le qualitatif. Tout le monde s'aime, se respecte certes, mais personne n'est à l'écoute de l'autre et aime avec un grand A.
De même, tous prônent le végétalisme, la protection des animaux mais lorsqu'un migrant entre dans cette secte, il est traité pire qu'un animal puisque ceux-ci sont protégés.

Et Farah qui cherche l'Amour, l'amour de soi, l'amour d'autrui, l'amour pour son prochain ... eh bien sa quête va être semée d'embûche entre son corps qui se transforme en homme plutôt qu'en femme, entre ses compagnons qui privilégie leur bien-être personnel plutôt qu'ai der son prochain.

L'écriture est précise, acerbe, ironique; comme je l'aime !
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Ce livre m'a beaucoup plu parce qu'Emmanuelle Bayamack-Tam appelle à la tolérance, et montre comment chacun peut, bien qu'il s'en défende, avoir des préjugés, et ne pas accepter choses et gens, tout en se disant tolérant. La plus grande leçon est sûrement donnée au lecteur. Fara parle de cette communauté de telle manière que le lecteur l'assimilera forcément à une secte. L'adolescente raconte qu'Arcadie prône l'amour, le plaisir, etc, et il ne se prive pas de coucher avec chacun. Bien sûr, il ne force personne, mais une règle dit quand même que si un membre de la communauté veut faire l'amour avec un autre, celui qui est sollicité devrait accepter. Qu'en est-il de ceux qui ne veulent pas coucher avec n'importe qui? D'autre part, tout en militant pour l'acceptation des différences, Arcadie exhorte sa communauté au végétarianisme.
[...]
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« Les romans, la poésie, le théâtre, c'est quand même un bon moyen de connaître des tas de gens, les auteurs, de façon très intime, et sans tout le tralala social qui brouille un peu les cartes. »
Quel drôle de phénomène, cette Emmanuelle Bayamack-Tam (ou Rebecca Lighieri). Je n'ai lu que « Si tout n'a pas péri avec mon innocence », et c'était il y a déjà cinq ans, mais je me souviens très bien du ton tout à fait personnel de son histoire. Dans « Arcadie », on retrouve beaucoup de choses, le côté Freaks (le bon côté, celui qui est de la famille de la quatrième saison d'American Horror Story, « Freak Show », celui auquel on s'attache tendrement), la narratrice qui bouscule, à la fois d'une naïveté charmante (elle ne comprend pas les surnoms qu'on lui donne, par exemple, Farrah-Facette ou Farah-Diba) et d'une très vive intelligence, et la famille dysfonctionnelle.

« Nous… Je prétends pouvoir le dire sans ridicule, sans que ce pronom renvoie à une structure exsangue et atrophiée comme le couple ou la famille. Je prétends même que mes débuts dans la vie font de moi une spécialiste du nous, contrairement à la plupart des gens qui n'y entravent que dalle et passent toute leur vie sans imaginer qu'on puisse être autre chose que soi. J'ai été nous dès l'enfance, ça aide. »
Parce que sa mère est intolérante à tout (en gros), Farah intègre avec sa famille à un très jeune âge une communauté, une sorte de phalanstère ou familistère qui prêche l'amour pour supporter l'angoisse de tout ce qui nous tue. Une zone blanche (sans ondes ni téléphones portables ni quoi que ce soit de potentiellement polluant) vers la frontière italienne. Elle y vit une enfance qui la ravit, maîtresse d'un domaine végétal paradisiaque. Elle est une bonne nature, de base, dévouée, exaltée et toute désireuse d'harmonie. Mais en grandissant son corps la trahit, et de disgracieuse elle va devenir autre. Mais quoi ? Elle ne sait pas…

Oui, quel drôle de phénomène que cette autrice. Elle ne cesse de surprendre son lecteur, adoptant plusieurs points de vue, lui montrant qu'on peut regarder les choses depuis tellement d'angles. Dans le style, même, on passe de : « la rémanence de son acrimonie » ou encore « l'exhalaison de toutes les fièvres mauvaises dont elle avait brûlé en ces lieux mêmes » (et un grand usage du mot aboulie) à « c'est quoi les bails » ou autres expressions horribles en usage chez les ados (pas vu de « malaisant », ouf), et tout passe, bien sûr, on reprend la lecture avec entrain en se demandant sans cesse ce qui va arriver.

C'est très entraînant, aussi drôle que tragique, profond et intéressant, déstabilisant et impertinent et surtout, très réussi.
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