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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jean Rezeau- Brasse-bouillon- vient de passer son baccalauréat, bien sûr il n'est guère le bienvenu à la Belle Angerie, la demeure familiale de la famille Rezeau. Il y retrouve ses frères l'aîné Ferdinand dit Chiffe ou Frédie, le benjamin Marcel dit Cropette; sont aussi présents son père Jacques Rezeau et l'inévitable , l'incontournable Paule Rezeau née Pluvinec sa mère. Mais si bien sûr que vous la connaissez! pour Brasse-bouillon c'est Folcoche , la mère haïe, détestée de tous temps. le voilà arrivé à cet âge charnière où il se doit de choisir un cursus à la faculté, Droit a décrété Folcoche , il le commencera mais fera aussi une licence de lettres. Angers est vraiment trop proche de la Belle Angerie, sa mère le fait surveiller, espionner , Jean , ses vingt ans en poche, file sur Paris et y survit comme il peut animé par un esprit de revanche à toute épreuve , aidé par sa voisine de chambre Paule ; et puis un jour il croise le chemin et le regard de Monique et pour lui commence le long apprentissage d'une vie où les mots bonheur, amour, tendresse ont un sens .
La lecture de Vipère au poing m'avait laissée pantoise, celle de la mort du petit cheval me laisse sonnée . Jean a vieilli , le ton est plus incisif , plus mauvais, les diatribes contre la famille, la société, les convictions des uns et des autres sont empreintes souvent de condescendance. le regard que Jean porte sur le monde qui l'entoure est celui d'un individu "assis entre deux chaises". reniant le monde bourgeois dont il vient , dont il a acquis les gestes, les façons de se comporter, voulant entrer dans un monde en pleine mutation, monde qui ne veut pas de lui qui le considère comme un étranger . Roman d'apprentissage donc, roman règlement de compte , roman d'une génération front populaire, génération qui ne sait pas encore que des années noires l'attendent . Après Vipère au poing en 1948, La mort du petit cheval en 1950 il faudra attendre 1973 pour retrouver Folcoche une dernière fois dans le cri de la chouette , roman qui achève cette trilogie familiale.
Une écriture mordante, incisive, d'une modernité surprenante , à l'antienne de beaucoup d'autres écrivains de l'après- guerre Hervé Bazin est tombé dans un oubli respectueux ce qui me semble bien regrettable, mais ceci n'est que mon bien modeste ressenti .
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Folcoche : un de ces personnages de fiction si abominables qu'il marque à jamais son lecteur. A tel point que j'ai encore frémi, bien des années après l'avoir croisée dans Vipère au poing, à l'évocation de sa silhouette maléfique.
Jean Rezeau, son fils, est pourtant parvenu à la mettre à distance quand s'ouvre "La mort du petit cheval" : désormais jeune homme bien que pas encore majeur, il s'est totalement affranchi de sa famille délétère et fait tout ce qu'il peut pour gagner sa vie en autonomie.
La gagner est une chose, la construire en est une autre, tant sont profondes les cicatrices psychologiques laissées par cette mère épouvantable et par le milieu de vieille bourgeoisie rance dans lequel il a macéré toute son enfance : apprendre l'amour quand on s'est construit sur la haine est un âpre chemin de libération, que Jean Rezeau / Hervé Bazin raconte ici avec une brutale causticité qui cache un violent besoin de tendresse.

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« Vous le savez, je n'ai pas eu de mère, je n'ai eu qu'une Folcoche. Mais taisons ce terrible sobriquet dont nous avons perdu l'usage et disons : je n'ai pas eu de véritable famille et la haine a été pour moi ce que l'amour est pour d'autres. »

Si loin de Folcoche qu'il vive désormais, jean Rezeau n'en continue pas moins de subir, à travers ses révoltes glacées et ses illusions mort-nées, la tyrannie ancienne de la femme qu'il déteste le plus au monde.
Dans l'apprentissage d'une liberté douteuse, les métiers exercés tant bien que mal, les amours sans conséquence, c'est toujours le spectre de la mère qui revient, tentaculaire et prêtant à toute chose les couleurs de la hargne, de l'amertume et de la dérision. A la mort du père Rezeau, jean croit tenir sa revanche, mais comment humilier un être qui a le talent de rendre tout humiliant ?
La cruauté de l'analyse, le cynisme émouvant du héros et l'acidité du style font du roman de Bazin un des meilleurs réquisitoires contre un certain type d'oppression familiale.
Il s'agit pour moi d'une deuxième lecture et quelques trente ans après ma première découverte, j'ai retrouvé dans ce texte toute la force de l'écriture d'Hervé Bazin, un écrivain majeur du XXème siècle.
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Suite de Vipère au poing, ces romans sont devenus de très grands classiques de la littérature du 20ème siècle, au point qu'ils ont fait l'objet de téléfilms très souvent diffusés. Ce type de livre ne peut se démoder, car il décortique les relations qui se tissent entre parents et enfants, et quoi qu'on puisse en penser l'amour maternel n'est pas inné. Lorsque l'auteur écrivait sur ce thème du désamour, pis encore de la détestation, le sujet était tabou... Il ne fallait pas toucher à la famille qui représentait une valeur sûre, avec les fameux liens du sang. le roman a pu ouvrir les yeux, faire évoluer les mentalités... Je l'ai lu et relu, et je ne le referme jamais sans un gout amer. Un sujet difficile, très bien abordé, bien écrit, mais qui provoque quand même un malaise. Un livre incontournable, tout comme Vipère au poing.
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Je n'ai pas lu le début de cette histoire, Vipère au poing, mais ayant vu le film, j'en connais au moins l'intrigue.

Le style employé dans La mort du petit cheval m'a semblé tout à fait raccord du point de vue de la narration avec celle du film, donc je n'ai pas été surprise. Un peu lent à démarrer, il faut du temps pour s'attacher, ou se ré-attacher à Brasse-bouillon. Mais ensuite, on suit avec intérêt son histoire, pas forcément tonitruante mais tout en nuances. Car le « je » de la narration permet de s'immerger dans la tête de ce jeune adulte qu'est Jean Rezeau dans ce livre.

Écrit dans un style impeccable, au vocabulaire souvent soutenu, La mort du petit cheval offre une belle réflexion sur la famille, ses secrets, les relations entre frères, entre enfants et parents. Brasse-bouillon mène un combat personnel pour se détacher de sa famille, de sa mère surtout, il réussit presque, mais un lien familial ne se brise pas si facilement. Il y a des comptes à régler, tant qu'ils ne le sont pas, on n'est pas défaits de ces attaches familiales.

Une grande oeuvre, d'un auteur que je prendrais soin de ne pas si je croise à nouveau un des ses livres.
Lien : https://chargedame.wordpress..
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Je n'ai qu'un souvenir lointain de ce livre, mais la relecture de certains passages m'a fait revenir quelques sensations. J'ai lu ce livre dans la foulée de Vipère au poing (au programme du lycée), sans que l'on me l'ait imposé, et je l'ai relu plus tard, quand il m'arrivait de croiser Bazin près de son domicile.
C'est effectivement mordant, voir méchant, mais le côté exutoire de ce roman touche aussi au milieu de la vieille bourgeoisie dont le glas a sonné plus tard en 1968. Me sont revenues des sensations de mal au ventre, de respiration courte… bref de colère, émotion que l'écriture directe et dérangeante de Bazin savait transmettre. A relire encore une fois !
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Après "Vipère au poing", voici la suite de l'histoire de Jean Rezeau. L'écriture est magnifique, Bazin décrit comme personne le cynisme, la haine et le combat psychologique que se mènent les personnages.
Un chef d'oeuvre. A lire et relire pour comprendre la haine ordinaire d'une famille.
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Chronique de haines familiales.
On oublie trop souvent que le grand succès d'Hervé Bazin, Vipère au poing, a donné naissance à une trilogie. La Mort du petit cheval en constitue le deuxième volet. On y retrouve les membres de la famille Rezeau : « Folcoche », son mari et ses trois fils. Bazin reste dans la continuité du premier tome. Ce roman acide à forte saveur autobiographique marque cependant une évolution, une inflexion du personnage principal et narrateur, Jean Rezeau, qui tire des leçons de son enfance en prenant une certaine distance. Devenu adolescent et jeune adulte, il va essayer de se libérer de la tutelle à la fois psychique et matérielle de sa famille. L'intrigue suit un déroulement chronologique et ne présente rien de très original dans son développement. Grâce à un style très classique, une grande clarté de l'expression, un vocabulaire parfois recherché, mais le plus souvent très accessible, des expressions fleurant bon les années 1950, ce roman se lit avec grand plaisir, un peu comme une détente, même si le sujet n'est pas spécialement divertissant. Son intérêt repose aussi sur les nombreuses digressions du narrateur qui viennent renforcer le sens du roman et expliciter ses intentions et ses retenues. Hervé Bazin se révèle ainsi comme une sorte de moraliste du milieu du 20ème siècle. Il célèbre la décomposition du mode de vie de la grande bourgeoisie qui met en avant des valeurs et des vertus qu'elle oublie de s'appliquer à elle-même. L'auteur apparaît alors comme un lointain précurseur de la remise en cause des fondements de la société française (tradition, religion, famille, sexualité, ...) qui trouvera son paroxysme en mai 1968 et ceci en plein dans « les trente glorieuses ». Il me reste à découvrir le Cri de la chouette, dernier volume des "aventures" de Jean Rezeau.



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J'ai découvert - et adoré ! - Vipère au poing il n'y a pas si longtemps... Alors quand j'ai vu qu'il y avait une suite, j'ai sauté dessus !
Et j'ai failli abandonner au bout de dix pages...
La tournure des phrases m'était assez pénible, j'avais l'impression d'être dans l'Attrappe-coeurs,, et puis soit ça a cessé, soit je me suis habituée, bref, passé ce cap, ça a été tout seul !
Suite à leur rébellion contre Folcoche à la fin de Vipère au poing, les frères Rezeau ont été séparés, mis en internat dans des établissements différents. A l'âge d'entrer dans la vie d'homme, Paule Rézeau parvient à les éloigner d'elle : Ferdinand s'enfuit et entre dans la marine, Jean, anciennement dit Brasse-bouillon, se voit sommé de faire son droit. Lui, rêve d'études de lettres. Qu'à cela ne tienne, il fera un double cursus. Et quand sa mère mettra à mal l'amitié de l'ami de son père qui veillait sur lui, il coupera les ponts avec sa famille et travaillera tant bien que mal pour terminer ses études, puis se mettre en ménage...
Tout bascule quand M. Rezeau père meurt : les frères découvrent alors la sombre machination que leur mère a ourdie afin de les spolier au profit du plus jeune, Marcel...
Et la guerre reprend, mais Brasse-bouillon est adulte désormais, responsable, marié et père. Et il va apprendre beaucoup de choses sur sa famille et sur sa mère...
Onm'a dit que c'était une trilogie, en fait, et qu'il existait un troisème opus à cette saga : Cri de la Chouette. sur le coup, j'ai cru à une blague faisant allusion à un jeu du Pays de Galles, mais non, il existe bel et bien ce troisème volet. Je ne tarderai pas trop à le lire, je me suis vraiement attachée à Jean Rezeau...
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La Mort du petit cheval, second volet de la trilogie vipérine d'Hervé Bazin est celui qui me touche le moins. Très introspectif, voire égotiste, le récit est centré sur Jean Rezeau, alias Brasse-Bouillon, double littéraire de l'auteur. le ton est péremptoire, la critique de sa famille et de toute autre famille ou personne amenée à croiser sa route est brutale, sans concession. Élevé dans un monde clos, éduqué dans un système de caste, Jean appartient malgré lui à celle de la haute bourgeoisie spirituelle, la seule valable selon Jacques, le père de famille. Il peine à trouver sa voie, d'autant qu'il reste sous le joug de Paule, la mère honnie et malfaisante.
Il est intéressant de noter que Paule est aussi le prénom de la bonne amie de Jean - un "pôle" positif pour un "pôle" négatif – qui l'aidera à déblayer les ronces et racines qui le ligotent.
En dépit de cette aide, Brasse-Bouillon est en passe de coller au modèle de Folcoche - alias La Vieille, alias La Douairière - trio funeste des avatars maternels - jusqu'à deux évènements décisifs ; une rencontre amoureuse sur un de ces petits bancs publics d'autrefois chers à Brassens et une révélation en demi-teinte sur un épisode chinois de la vie de sa mère. Évènements fondateurs, déclencheurs, qui vont hâler Jean sur le chemin d'un retour à soi plus apaisé. Né dans une famille divisée, il tisse le cocon d'une famille unie et s'autorise à être heureux, à la grande rage de Folchoche.
Récit de la maltraitance psychologique et mentale plus que de maltraitance physique. Conflit intérieur, stress, paroles blessantes, inégalité, un terrain chaotique à niveler.
La Mort du petit cheval donne à toucher cette confusion des sentiments, ces dialogues intérieurs douloureux et excessifs. C'est une lecture dérangeante et indispensable, un espace de transition entre Vipère au point et Le cri de la chouette, la description d'un espace en chantier, entre la fin de l'adolescence et le seuil de l'accomplissement personnel.
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