Je n'aurais jamais cru que
Beaumarchais avait eu une vie aussi trépidante. Si je ne craignais pas les anachronismes, je l'aurais appelé monsieur cent mille volts (oui, je sais, déjà pris).
Son descendant,
Jean-Pierre de Beaumarchais, parcourt sa vie, son oeuvre et ses frasques. Il a été horloger, maître de harpe, compositeur, affairiste, agent secret… et bien sûr auteur de
théâtre. Il est loin d'avoir obtenu le succès dans tout ce qu'il a tenté dans sa vie. L'auteur montre surtout nombre d'échecs dans les affaires, et également insiste sur les quelques terribles procès dans lesquels il s'est embarqué, parfois pendant des années.
Dans ses procès, il fait souvent intervenir l'opinion publique – il a peut-être inventé le procédé – ceci afin de faire contrepoids de juges susceptibles d'être de parti pris contre lui. Cette expérience lui sert au
théâtre, notamment dans
le Mariage de Figaro où il dénonce les privilèges. Là aussi, les positions défendues dans la pièce lui valent la sympathie du public et l'opprobre des classes dirigeantes (
Louis XVI le fera même arrêter quand il se sentira personnellement visé).
Mais
Beaumarchais est toujours attentif à mêler intérêt public et intérêt privé. Il cherche toujours à gagner quelque chose dans une affaire. Ses quelques réussites lui permettent de devenir riche et de faire bâtir une baraque et un jardin extraordinaires à Paris, juste à côté de rues de misères. L'opinion prérévolutionnaire le lâche, le condamne. Il se fait démolir par Mirabeau. Sa vie durant la Révolution ne sera pas de tout repos.
L'auteur (le descendant hein) ne mélange pas beaucoup la Grande Histoire à la biographie, uniquement lorsqu'elle vient à croiser la route
De Beaumarchais : en particulier quand il devient munitionnaire des Insurgents américains, et bien sûr avec le rouleau compresseur de la Révolution. Il prend en revanche beaucoup de temps à expliquer les trois pièces de
théâtre consacrées à la famille Almaviva, et cela est un plus.
Comme d'habitude dans les Découvertes Gallimard, les illustrations sont nombreuses et bien choisies. C'est plutôt impressionnant de constater qu'au début de sa vie, la mode était encore aux perruques longues type
Louis XIV, et qu'à la fin, c'est l'habit bourgeois premier empire (type Vidocq).
Un bon petit bouquin pour un homme étonnant, donc.