Simone décrit sa jeunesse dans ce roman: d'abord, elle décortique son enfance, tout à fait à la manière de
Sartre dans son roman “
Les Mots”. J'y ai retrouvé les mêmes critiques acerbes, la même décortication presque scientifique, dénué d'affect, une réelle inspection plus détachée que toutes rétrospections.
Puis le roman s'élargit, parle à travers Simone de la vie et sa complexité, toute la littérature qui l'a éduquée, perdue ou retrouvée, enflammée ou révulsée. Et surtout les essais multiples, et bien souvent menant à l'échec, d'une adaptation de ses principes éthiques et vitaux, de ses croyances et conception philosophique, à la vie décevante, surprenante, inconnue malgré tout le savoir que Simone avait pu en tirer au travers de ses lectures et ses perceptions au filtre de ses parents, de son éducation catholique, des amis qu'elle vénère.
Je dirais que le roman a commencé à vraiment m'intéresser à partir de là 3eme partie: là, les enjeux amoureux, philosophiques, la vie à l'époque, y sont développés, analysés, dans une recherche toujours très personnelle sur le sens de la vie, l'essence humaine. Et surtout, j'ai adoré l'entrée de
Sartre dont j'ai connu l'état d'esprit notamment à travers son roman autobiographique “
les mots”, et que la description de Simone complète à merveille, bien que trop peu (mais c'est normal ça n'est pas du tout le sujet de son autobiographie !).
Et puis il y a eu aussi l'entrée et l'impact de Zaza et de Stépha qui m'ont beaucoup plu. Simone est passée par bien des phases pour beaucoup ont résonné en moi, et résonneront je pense en beaucoup de lecteurs qui s'intéressent à la littérature et la philosophie, ou encore la religion. Il faut s'accrocher tout de même dans les débuts, la lecture est relativement longue. Mais pour ma part ça en vaut la peine pour les dernières parties, qui soulèvent de grandes questions, donneront d'ailleurs peut-être des réponses à certains. Et puis la fin, sublime, une fin qui m'a émue malgré mon apparent détachement tout au long du livre. En réalité, je me suis attachée à Simone et Zaza… sans m'en rendre compte, imperceptiblement, presque à mon encontre. La place de la famille, de l'amour, de la société et des bonnes manières sont en perpétuels débats, et ce livre, bien que relatant l'époque entre les deux guerres, résonne encore dans ma tête, parce que la vie au final n'a pas changé. Les moeurs, le contrôle familial, certes oui; mais le sens et la quête de sens de la vie, l'amour, la dépendance en font encore bien partie! Alors, bien qu'au début j'ai hésité à arrêter, je suis ravie de cette fin !