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«Tout ce qui peut caractériser en général un parc se retrouve dans le ParK, mais sous une forme inédite et quelque peu fantastique. D'aucuns diront abominable.»

On pénètre dans le ParK sans vraiment le comprendre, dans une ambiance flottante, faites de considérations ambigües qui indiquent l'atroce mais sans le définir. le ParK se trouve sur une île privée, au large de Bornéo. Né du cerveau dérangé d'un architecte fou, d'un business man avisé et aboutissement d'une civilisation malade, le ParK va nous être dévoilé, cocktail abominable du divertissement, du voyeurisme et du mal, Disneyland et Auschwitz unis en un même lieu.

Le narrateur nous expose tout cela avec une distance et une objectivité qu'il veut de bon ton, et qui amplifient encore les cauchemars éveillés qui naissent de ce récit glaçant. Élitisme du ParK, loin de l'affadissement du divertissement de masse, pour une clientèle triée sur le volet ; Visites d'hommes politiques, spectateurs passifs comme des enfants naïfs - on dirait le compte-rendu d'une visite officielle dans les pires dictatures ; Réussite commerciale sur le terreau de l'horreur, avec le langage de l'entreprise et la logique du compte d'exploitation ; Visites détaillées de certaines « attractions », et le clou du spectacle, la parade du soir, « défilé grandiose et apocalyptique ».

On ne peut même pas se rassurer en se disant qu'horreur et perversion sont les maux de demain ; l'histoire se déroule vers l'année 2010…

Spectacle et ordre, distraction et sadisme, dans l'ombre de Ballard, et rappelant Hugues Jallon ou bien Alain Wegscheider (État dynamique des stocks), on ne quittera pas le ParK sans un souvenir fort : « L'expérience du ParK ne nous laissera jamais en paix. »

«Dans les campements, quelques loupiotes surveillent comme les yeux rougis d'un maton insomniaque le sommeil difficile des prisonniers harassés par le travail. Dans les poches d'ombre, les animaux sauvages vadrouillent, maraudent et chassent. le rugissement terrifiant d'un lion se fait parfois entendre jusqu'aux parvis illuminés des boîtes de nuit et glace le sang des clients sortis quelques minutes prendre l'air loin du dancefloor irrespirable.»
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En 150 pages, un chef d'oeuvre glaçant montre l'âme noire de l'industrie du loisir.

Publié en 2010 chez Allia, "Le ParK" est parfaitement représentatif du superbe et étroit chemin, entre essai et fiction, que pratique Bruce Bégout depuis plusieurs années.

Construit sur une île de tous les fantasmes glaçants (Wells, Bioy Casares, Schoedsack & Pichel, voire Kinji Fukasaku, ne sont pas si loin), oeuvre fantasque et néanmoins pensée dans les moindres détails d'un milliardaire russe et de son âme damnée d'architecte aux visées panoptiques, "Le ParK" matérialise en 150 pages d'une rare densité le nec plus ultra contemporain de l' "entertainment" destiné aux "happy extremely few", et rejoint ici largement les thématiques développées par La Spirale de Laurent Courau sur les divergences désormais essentielles au sein d'une humanité devenue à deux vitesses et demie. Pour les ultra-riches, "Le ParK" met en scène le concept même de "parc d'attractions", et exprime dans toute sa splendeur glauque la nature fondamentalement concentrationnaire de l' "industrie du loisir", la formidablement nommée.

Merveille de langue désincarnée, précise, technocratique, alliant la précision de ceux dont la mort pourrait être le métier au scrupule apparent du journaliste aux ordres, dans un registre voisin du travail langagier d'un Hugues Jallon, "Le ParK" en dit infiniment plus long que bien des essais sur ce qui, ayant fini de menacer, est là.

Une lecture peut-être éprouvante dans sa noirceur chirurgicale à la légéreté toute affectée, mais extrêmement salutaire.
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Le Park est une dystopie très clinique, dans laquelle l'auteur semble pousser l'équation de l'époque contemporaine pour voir où elle nous mène. Destination ? Une île (on pense à un Thomas More renversé ici), où un parce d'attraction concentre divertissements, satisfaction pulsionnelle, et organisation concentrationnaire. En somme, un savant mélange d'absurde, de jouissance, et de normalisation des comportements, gérant les cobayes que nous sommes tous devenus pour nous-mêmes. Pas inutile de connaître aussi bien Foucault que Nietzsche ou Heidegger pour saisir les intentions de l'auteur. Mais cela reste un roman accessible, clair, et qui se lit facilement. Glaçant et intéressant. Pas mal.
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Voici un roman qui n'est pas vraiment un roman. Je ne connaissais pas du tout Bruce Bégout, et voilà une découverte (personnelle j'entends bien) intéressante.
Le Park est un court roman très original. Voici une description assez clinique d'un parc d'attraction d'un nouveau genre. Parc qui attire et révulse en même temps. Son thème? Non pas les dessins animés ou un héros moustachu (quoique) sympathique. le Parc offre à ses rares visiteurs des amusement autour de la question du parcage humain. Toutes les horreurs dont l'homme est capable sont ici présentes pour son plus grand plaisir. Jouer au casino dans un baraquement d'un camp de concentration? C'est possible. Faire des auto-tamponneuses avec des accidentés de la route? C'est possible. Torturer comme à Guantanamo? Mais oui, aussi. Et tout est tellement amusant!!
Le livre pointe du doigt l'attraction que nous pouvons avoir pour les horreurs que sont capables de commettre les hommes contre les hommes. Il y a aussi tout un travail sur l'architecture, que, personnellement, j'ai adoré.
Pas d'action, ou si peu (seul un chapitre raconte une petite histoire), tout le reste n'est que description. Un journaliste fait un travail sur ce parc qui attire les foules, mais qui reste encore assez confidentiel. Il décrit de manière froide les attractions, le mode de fonctionnement du parc, l'organisation, les travailleurs et leurs conditions de vie. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, avec la découverte des Camps de Concentration, nous avions dit "Plus jamais ça". Et pourtant... Ici nous nous amusons avec ces camps, nous n'en sommes plus seulement les témoins qui ne veulent pas voir. Nous y entrons de notre plein gré, nous en profitons, et nous retournons à notre vie. Ce n'est qu'un jeu.
Le lecteur n'est-il pas lui aussi acteur de cette horreur?

J'ai adoré ce livre. L'écriture de Bruce Bégout y est vraiment travaillée, vraiment littéraire. Mais cela reste tout de même un livre un peu difficile à aborder.
Pour lecteurs avertis.
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Sur une île au large de Bornéo vous attend le ParK, étrange fusion entre le parc d'attraction et le camp d'internement, lieu exprimant « l'essence de tous les parcs réels et possibles », témoin et vitrine de toutes les tentatives de ghettoïsation et d'enclavement produites par l'espèce humaine. Vous êtes invités à défiler dans un délire forain où les horreurs les plus absurdes du XXe siècle s'accouplent à sa volonté acérée de divertissement. Venez observer la parade, véritable freak show où défilent les mutilés de guerre, venez voir nos zoos, nos prisons, notre hôtel Todeskamp 1 et jouer au casino dans une ambiance stalag, venez admirer de pauvres cols blancs se faire dévorer par des pythons et, peut-être, contre supplément, assister à des exécutions ou scènes de tortures en privé !

Le ParK, c'est l'abominable synthèse de notre société, entre horreur et règne de l'hyper- festif, un rapport sur la banalité quotidienne de la violence et du Mal. Bruce Bégout nous balade entre ses diverses attractions, dans un style neutre, presque clinique, nous transformant en improbables voyeurs, spectateurs plus ou moins réactifs à ce fleuve de tableaux grotesques qu'il nous présente. Il s'inscrit dans la démarche d'un Haneke, qui, avec Funny Games, nous invitait à nous questionner sur le spectacle de la violence au cinéma (ah ! cette terrible scène du coup de fusil où, le temps de quelques minutes, avant rembobinage, le spectateur jubile d'un crime, qui lui semble tout à coup moral) ou d'un Amenabar qui, avec le terrible Tesis, nous demandait jusqu'où nous pouvions voir et accepter l'horreur.

Tout en nous décrivant le mode de fonctionnement du ParK, son architecture improbable, il interroge la probabilité d'une telle galerie des horreurs et les réactions qu'elle pourrait ou non susciter. Qui serait apte à payer 25 000 dollars pour une telle attraction ? Quel genre d'esthète y trouverait goût ? Y-a-t-il une place pour la moralité dans une telle excroissance grotesque de la société ? L'horreur est-elle la prochaine attraction, le divertissement ordinaire des temps à venir ? Quand la normalité ne parviendra plus à ressentir le moindre frisson face aux films d'horreur qu'on lui propose ou aux émissions de télé-réalité dégueulant de bêtise et de sursauts programmés, viendra-t-elle s'abreuver aux marécages ordinaires du ParK ?

Le lecteur ne peut se raccrocher à la figure d'un visiteur en particulier, sur lequel il pourrait projeter ses interrogations, fantasmer d'improbables projections de ses propres réactions. le ParK est central dans ce livre qui ne propose aucun récit, juste une série de descriptions : le « je » qui intervient vers la fin du livre est trop neutre et fuyant pour que l'on s'y (r)accroche. Seul demeure le lieu et ses circonvolutions macabres, dans lequel on promène notre esprit, intrigué et pensif à la fois, visiteur malgré nous.

Les quelques personnages développés – Licht le mal nommé (comment nommer lumière celui qui met en scène de telles obscurités ?), architecte réfugié dans sa tour d'ivoire au loin des contingences mortelles, Kalt, l'homme d'affaires à l'argent aussi froid que son nom, ou Lady W. aux passions reptiliennes- nous semblent être autant d'échos exhibés du ParK. Nous restons seuls et perplexes devant le réalisme de cette architecture du futur, hésitant entre le malaise et la fascination face à cette tumeur trop probable de notre société

Servi par un style froid et analytique, cette courte dystopie est à lire comme un reportage sur les déviances familières de notre société. Indispensable.
Lien : http://www.delitteris.com/in..
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Le Park regroupe toutes les sortes de parcs que les hommes ont pu inventer. Et par parc, l'auteur entend surtout parcage. Car plus qu'une critique de notre société de consommation et des visiteurs de Disneyland, ou de la trash tv, c'est aussi une énumération de tout ce que l'humain a pu penser de pire pour parquer les animaux mais aussi ses semblables. En vrac : les camps de concentration, les zoos, les camps de réfugiés, les casinos, les ghettos, les usines...
Lien : http://unpapillondanslalune...
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C'est un livre dystopique. Il dépeint un avenir sombre où tous les parcs sont rassemblés en un seul.

C'est un parc unique en son genre.

Malheureusement, il n'est pas sûr que la ballade vous plaise.
Vous y découvrirez des employés de bureau enfermés avec des serpents, des salles de tortures, des parcs ouverts remplis d'animaux sauvages,...

A découvrir, sans tarder.
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(...)
Voilà le paradoxe de cet objet littéraire : une description méticuleuse et rigoureuse (quel style précis, affûté !) d'un endroit déserté par la morale, visité par de richissimes clients en quête de sensations fortes injustifiables, qui tout autant qu'elle provoque le rejet, suscite la curiosité et l'appétit malsain. le lecteur se trouve dans la position de rat de laboratoire, soumis à une expérience scientifique et littéraire passionnante, riche et inconfortable. Il n'est bien sûr pas la peine de préciser que ce Park, si particulier, n'est qu'un révélateur, un condensé du monde dans lequel nous vivons, et duquel pourtant nous nous protégeons, en restant dans nos “parcs” respectifs (travail, famille… vous connaissez la suite).

Le Park, ou l'ambition de décrire le monde en son entier au travers d'une notion unique, celle du parcage : fou, discutable et surtout formidablement réussi. Une belle découverte.

Lire la critique complète sur mon site :
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Très perturbant mais également une dystopie troublante de réalisme sur notre société.
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Le ParK c'est un mélange des genres : un Disneyland avec un brin d'Auschwitz et un peu de télé-réalité aussi. A cela on peut ajouter l'aspect de la réserve naturelle, comprenant aussi bien des animaux que des hommes. On y vient pour se divertir, mais aussi pour se mettre en danger. « C'est le parc de tous les parcs, la synthèse ultime qui rend tous les autres obsolètes, le concept universel, l'invariant formel. Tout ce qui peut caractériser en général un parc se retrouve dans le ParK, mais sous une forme inédite et quelque peu fantastique. » Situé sur une île, il n'est pas une attraction de masse, mais réservé à une élite déjà blasée de tout.

Au fur à mesure de ce récit, on découvrira les diverses attractions de ce lieu, ses habitants (le concepteur de cet étrange endroit, une riche dame avec des moeurs un peu étranges et cet homme, détenu volontaire qui a déjà connu tous les camps et prisons du monde) et la folie des hommes, venus là pour ressentir encore quelques frissons que le monde « normal » n'arrive plus à leur offrir. On le commence et on a froid dans le dos, tout de suite, dès les premières pages. Ce parc, cet enfermement que recherchent les gens, l'aspect morbide qui nous pousse toujours à regarder, même si ça fait peur, même si c'est inhumain. On nous emmène visiter certains des recoins les plus sombres du ParK, mais aussi de l'humain.
(lire la suite...)
Lien : http://www.tulisquoi.net/le-..
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