Marne-la-vallée, Disney, Val d'Europe, l'auteur analyse la construction d'un univers très particulier, dominé par une multinationale du spectacle, un « laboratoire de bienfaisance de la puissance publique au secours d'un univers capitaliste », une expérience de « liquidation de espace public. »
« Dès l'origine, le Val d'Europe était donc destiné à ouvrir de nouvelles pistes de réflexion sur les voies d'une nouvelle société urbaine : ni une ville de masse, de celles qui n'ont ni centre ni limite, la puissance de l'argent en étant le centre imaginaire, ni une ville publique, au sens démocratique du terme, de celles qui sont accessibles à tous et faites pour tous, le Val d'Europe devait symboliser, aux yeux de ses concepteurs ….. une aire urbaine qui développe une vision néolibérale de l'espace, c'est à dire empreinte d'individualisme, mais qui poursuit également un idéal »post-providentialiste » de manière à limiter les capacités d'autonomie de ces mêmes individus . »
Il s'agit ici d'une véritable coproduction urbaine, où la cohérence de l'aménagement du territoire, est assurée par l'État, hors des cadres habituels de régulation, dans le strict intérêt d'une société privée.
L'auteur ne se limite pas aux analyses du monde Disney qui veut « concurrencer le réel, renverser le négatif en positif ». Il montre l'inscription de ce rêve dans l'organisation de l'espace, en insistant sur les orientations d'ensemble « des lieux qui valorisent le repli sur soi » et la place corrélative d'Internet comme « nouvelle forme appartenance ».
Si les enclaves résidentielles, les micro-territoires avec vigiles et vidéo-surveillance se sont multipliés dans un véritable mouvement séparatiste, Val d'Europe est un pas de plus vers la ségrégation de l'espace et êtres humains au nom du être bien chez soi, dans une ville hors banlieue, être surtout loin des autres, être entre soi, se vivre comme privilégié « Haïr l'égalité était le mot d'ordre d'un courant conservateur qui souhaitait restaurer la suprématie des élites. »
Je souligne cependant une conception bien étendue et élastique des classes moyennes qui ne permet pas de saisir totalement les réalités sociales et leurs contradictions irréductibles aux perceptions des individu-e-s.
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Dès l’origine, le Val d’Europe était donc destiné à ouvrir de nouvelles pistes de réflexion sur les voies d’une nouvelle société urbaine : ni une ville de masse, de celles qui n’ont ni centre ni limite, la puissance de l’argent en étant le centre imaginaire, ni une ville publique, au sens démocratique du terme, de celles qui sont accessibles à tous et faites pour tous, le Val d’Europe devait symboliser, aux yeux de ses concepteurs ….. une aire urbaine qui développe une vision néolibérale de l’espace, c’est à dire empreinte d’individualisme, mais qui poursuit également un idéal "post-providentialiste" de manière à limiter les capacités d’autonomie de ces mêmes individus
Un grand merci à Hacène Belmessous de m'offrir cette modeste tribune mensuelle lors de son émission "la ville rêvée des anges" sur Fréquence Protestante. Dans ce sixième épisode, la bagnole, la mobilité et la banque...