“Le cerveau est une erreur”
Le poète expressionniste allemand
Gottfried Benn nous entraine dans les affres et cavités de l'anatomie cadavéreuse humaine : les chairs, les semences, les reins, le sang et les selles sont des mets de choix pour les vers (du poète, précisons…).
“La molaire solitaire d'une putain
qui était morte inconnue
portait un plombage en or.
Les autres dents comme par accord tacite
étaient tombées.
Le croque-mort fit sauter la solitaire,
la mit au mont-de-piété, alla danser.
Car, disait-il,
seule la terre doit retourner à la terre.”
L'expressionisme de Benn, dans les
poèmes de jeunesses (1912 à 1920), est déroutant par sa modernité, ses agencements de langue, ses associations d'images. Les thèmes érotiques, anatomiques et mortifères, visitant les bas-fonds de l'âme et des sens, avec une distance crue et pâle sont hypnotiques, malgré l'horreur décrite sans bruit, sans pudeur, le lecteur ne peut détourner le regard.
Bon mais à mesure que l'on avance dans les
Poèmes de
Gottfried Benn, les tournures se font plus classiques, les thèmes plus consensuels, et l'approche moins concrète. Tant et si bien que la dernière moitié du recueil m'as parue ennuyeuse, les courants d'airs plus nombreux entre les strophes et le propos moins pertinent, moins écrit avec les tripes et de façon brûlante, dérangeante, mais comme posée sur la page, dans le sens du poil, de façon un peu détachée soit disant spirituelle.
Qu'en pensez-vous ?