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Pierre Garnier (Traducteur)
EAN : 9782070281114
400 pages
Gallimard (07/03/1972)
4.5/5   4 notes
Résumé :
"Le plus grand poète européen depuis Rilke et Valéry" a écrit Frank Maraun de Gottfried Benn. En effet, ce poète qui avait eu son heure de gloire aux temps de l'Expressionnisme, a vu depuis 1948 sa poésie reconnue comme l'une des plus importantes de la première moitié de ce siécle. Par ses essais comme par ses poème Benn mort en 1956, joue un rôle de plus en plus actif aux sources de la poésie et de la pensée d'aujourdhui.Cependant aucune édition des "Poésies complè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
“Le cerveau est une erreur”

Le poète expressionniste allemand Gottfried Benn nous entraine dans les affres et cavités de l'anatomie cadavéreuse humaine : les chairs, les semences, les reins, le sang et les selles sont des mets de choix pour les vers (du poète, précisons…).

“La molaire solitaire d'une putain
qui était morte inconnue
portait un plombage en or.
Les autres dents comme par accord tacite
étaient tombées.
Le croque-mort fit sauter la solitaire,
la mit au mont-de-piété, alla danser.
Car, disait-il,
seule la terre doit retourner à la terre.”

L'expressionisme de Benn, dans les poèmes de jeunesses (1912 à 1920), est déroutant par sa modernité, ses agencements de langue, ses associations d'images. Les thèmes érotiques, anatomiques et mortifères, visitant les bas-fonds de l'âme et des sens, avec une distance crue et pâle sont hypnotiques, malgré l'horreur décrite sans bruit, sans pudeur, le lecteur ne peut détourner le regard.

Bon mais à mesure que l'on avance dans les Poèmes de Gottfried Benn, les tournures se font plus classiques, les thèmes plus consensuels, et l'approche moins concrète. Tant et si bien que la dernière moitié du recueil m'as parue ennuyeuse, les courants d'airs plus nombreux entre les strophes et le propos moins pertinent, moins écrit avec les tripes et de façon brûlante, dérangeante, mais comme posée sur la page, dans le sens du poil, de façon un peu détachée soit disant spirituelle.

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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Boîte de nuit (Nachtcafé, 1912)

vie et amour des femmes.
Le violoncelle boit vite un coup. La flûte
rote à fond sur trois mesures: le bon dîner.
La batterie finit de lire son roman policier.

Dents vertes, pustules à la figure
fait signe à quelque blépharite.

Graisse plein les cheveux
parle à bouche ouverte sur amygdales
La Foi l’Espérance et la Charité autour du cou.

Jeune goître aime bien cloison nasale cassée.
Il lui paie trois bières.

Sycose achète oeillets
pour amollir double menton.

Si bémol mineur: 35e sonate.
Deux yeux beuglent:
n’éclaboussez pas le sang de Chopin dans la salle,
pour que la canaille traînasse dessus!
Que ça en finisse! Eh, Gigi!…

La porte glisse: une femme.
Désert desséché, brune Chanaanéenne.
Chaste. Une richesse d’enfer. Un parfum vient avec. Parfum à peine.
Ce n’est qu’un doux bombardement de l’air
contre mon cerveau.

Une obésité trotte après.

***
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Un cadavre chante (Eine Leiche singt, 1912)

Un cadavre chante :
Bientôt me traverseront les champs et la vermine.
La lèvre de la campagne ronge : le mur se fissure.
La chair s’écoule. Dans les tours obscures
des membres, la terre éternelle lance un chant d’allégresse.

Délivré de mes barreaux noyés de larmes.
Délivré de la faim et de l’épée.
Et comme l’hiver les mouettes fuient vers les
eaux douces, ainsi donc : rentré chez moi.

*

Eine Leiche singt

Eine Leiche singt:
Bald gehen durch mich die Felder und Gewürme.
Des Landes Lippe nagt: die Wand reißt ein.
Das Fleisch verfließt. Und in die dunklen Türme
Der Glieder jauchzt die ewige Erde ein.

Erlöst aus meinem tränenüberströmten Gitter.
Erlöst aus Hunger und aus Schwert.
Und wie die Möwen winters auf die süßen
Gewässer flüchten:
also: heimgekehrt.

***
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Un Mot (Ein Wort, 1941)

Un mot, une phrase -; d’un chiffre se lève
le sens soudain, l’éclair d’une vie,
arrêt du soleil, silence des sphères
et tout prend corps autour de lui.

Un mot – , un éclat, un vol, un feu,
Un jeu de flamme, rayures d’étoiles -,
Et l’ombre de nouveau, immense,
dans l’espace vide autour du monde et de moi.

*

Ein Wort

Ein Wort, ein Satz -: aus Chiffren steigen
erkanntes Leben, jäher Sinn,
die Sonne steht, die Sphären schweigen,
und alles ballt sich zu ihm hin.

Ein Wort – ein Glanz, ein Flug, ein Feuer,
ein Flammenwurf, ein Sternenstrich –
und wieder Dunkel, ungeheuer,
im leeren Raum um Welt und Ich.
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Requiem (1912)

Deux sur chaque table. Hommes et femmes
croisés. Proches, nus et pourtant sans tourment.
Le crâne ouvert. La poitrine béante. Les corps
enfantent maintenant pour la dernière fois.

Chacun trois jattes pleines : de la cervelle aux testicules.
Et le temple de Dieu et l’étable du Diable
maintenant poitrine contre poitrine au fond d’un baquet
ricanent du Golgotha et du péché.
Le reste dans les cercueils. Rien que de nouvelles naissances:
jambes d’homme, poitrine d’enfant, poils de femme.
J’ai regardé les restes de deux qui naguère paillardaient
ensemble. C’était là comme sorti d’un ventre de mère.

***
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Belle Jeunesse (Schöne Jugend, 1912)

La bouche d’une fille qui avait longtemps reposé dans les roseaux
Etait si rongée,
Quand on ouvrit la poitrine l’œsophage était si troué.
Enfin dans une tonnelle sous le diaphragme
On trouva un nid de jeunes rats.
L’un des petits frères était mort.
Les autres vivaient des reins et du foie.
Ils buvaient le sang froid ; ils avaient
vécu ici une belle jeunesse.
Ils eurent aussi une mort rapide et belle
On les jeta tous dans l’eau.
Ah, comme piaillaient les petits museaux !

***
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