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EAN : 9782262025038
576 pages
Perrin (18/05/2006)
3.76/5   25 notes
Résumé :
Il était temps de revisiter la guerre d'Espagne. Depuis vingt ans, des archives sont devenues accessibles ; des témoins directs de la tragédie ont versé leurs pièces au dossier ; de nombreuses monographies ont renouvelé les aspects régionaux du conflit.
Bartolomé Bennassar, spécialiste reconnu de l'Espagne, livre une synthèse appelée à devenir un classique. Il étudie les divers aspects du conflit depuis la marche vers la guerre à travers les crises de la IIe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Bartolomé Bennassar est un historien spécialiste de l'Espagne. On ne pouvait que se rencontrer tant j'aime ce pays par beaucoup de côtés comme je le déteste par quelques autres...C'est un autre sujet.
J'avais déjà lu son "Franco" et je voulais reprendre l'histoire de la guerre civile espagnole en relisant" La guerre d'Espagne et ses lendemains" afin de ne pas partir randonner inculte dans le désert des Monegros au mois de mai prochain. Or je n'avais pas lu ce livre qui trainait bien en évidence dans ma bibliothèque. Et effectivement il n'était pas dans ma "bibli" Babelio ni dans aucun de mes petits carnets de notations. Comme quoi on dépense 25 euros parfois pour un livre que l'on ne lit jamais...sauf hasard.
Donc rafraichissement de l'histoire de la guerre civile espagnole (pourquoi et comment en est-on arrivé là....), les premiers combats, l'intervention des puissances extérieures au conflit, les Brigades internationales, les forces nationalistes, les forces républicaines.....etc etc. Bartolomé Bennassar est un historien merveilleux qui nous change de quelques uns qui prennent pour argent comptant leur propre conviction idéologique comme pied à coulisse de toutes mesures. Les faits, rien que les faits. Ce qui ne l'empêche pas de dire "Je" et de donner son avis, circonstancié toujours. C'est l'intérêt du livre. Car le plus important dans le titre c'est le ...sous-titre : "et ses lendemains". En effet après la victoire des nationalistes (des rebelles bien sûr pour les républicains...) l'histoire ne s'est pas arrêtée. Les espagnols fuyant la répression franquiste se sont massivement enfuis en France. Bennassar revient longuement sur cet épisode tragique (la Retirada). Pendant longtemps et encore maintenant il est convenu d'affirmer que La France a été en dessous de tout et a traité les réfugiés républicains comme des sous-hommes . Bennassar remet les pendules de l'histoire à l'heure des archives et des faits. Oui l'administration française a été dépassée (pas prévu que plusieurs centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants arrivent sur le territoire français), oui les camps du Vernet, de Gurs, d'Argeles, ont été une honte (cf La lie de la terreArthur Koestler), mais il contrebalance ces faits avérés par beaucoup de témoignages qui montrent un accueil très chaleureux de la plupart des français. Oui il y a eu des heurts , des animosités, des rejets de certains maires (n'oublions pas que malgré le Front Populaire (enfin ce qu'il en restait...) au pouvoir, la peur des "rouges" était inhérente aux campagnes françaises et les réfugiés espagnols pour les français étaient indistinctement des "rouges" !
Mes grands-parents maternels habitaient Toulouse à cette époque et ma mère m'a souvent raconté l'arrivée des réfugiés républicains dans la ville qui comptait déjà une forte communauté espagnole. Ma grand-mère est devenu l'amie de sa "bonne à tout faire", horrible mot , et a conservé jusqu'à sa mort des liens très fort avec Maria qui est restée toute sa vie à Toulouse. Son mari avait trouvé un emploi à la Poudrerie nationale , le site de la future usine AZF de sinistre mémoire, qui fut bombardé par les anglo-américains en 44 , ma mère assistant du balcon de la maison de ses parents au magnifique feu d'artifice....Bon je m'égare, je m'égare...
Il est un autre sujet chaud sur lequel l'auteur revient : le régime franquiste était -il fasciste ? ah là là ....c'est le genre de discussion que j'ai eu avec des amis espagnols....le point Goldwin de la discussion a été vite atteint :-)
Mon avis est que...Bon je laisse...Disons que dans ce genre de discussion il faut s'en tenir aux définitions établies et rien qu'aux définitions. le paradigme du régime fasciste est bien celui de Mussolini. Pourtant, avant que le Duce s'éprenne d'Hitler dans un accès d'hubris, la répression des "démocrates" italiens a été d'une douceur angélique comparé à celle que Franco va instituer après sa victoire ....plus de cent mille morts. Pour Bennassar Franco avait certes des sympathies prononcées pour les régimes fascistes mais en renard galicien il savait ménager la chèvre et le chou. Oui la Phalange était ouvertement fasciste, d'esprit comme d'actions. Mais les Carlistes navarrais, les Requetes au béret rouge : non ! Les faits , les définitions : rien que cela.
Autre sujet qui fâche : combien de victimes ? Bennassar nous donne une avalanche chiffrée de décomptes d'archives, de témoignages, d'avis péremptoires d'historiens statisticiens .....
Tout cela est vain....Les guerres civiles sont atroces , personne n'en reviendra. En deux ans , sur un territoire beaucoup plus réduit, avec les armes de l'époque, la guerre civile vendéenne a fait plus de victimes que la guerre civile espagnole. 150 000, 200 000, 250 000 morts ? stupide concurrence victimaire. Avec la Démocratie une loi fut votée par les Cortes , elle interdisait tout recours juridique sur les faits passés. Et c'est très bien.
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Bartolomé Bennassar (1929 - 2018) analyse le conflit espagnol depuis ses origines jusqu'à ses prolongements avec une précision et une objectivité dignes de l'historien qui s'intéresse aux faits et à leurs conséquences et non aux partis pris politiques.

Avec les ouvrages d'Hugh Thomas et Antony Beevor, c'est un ouvrage de référence, aussi facile que passionnant à lire.
Il décrit les phases du Mouvement franquiste et les différentes batailles qui l'ont conduit à la victoire. Mais là n'est pas l'essentiel.

Ce que j'ai appris à cette lecture est d'abord la situation politique et économique de l'Espagne avant l'avènement de la République, la déliquescence de l'Etat, l'accumulation de la haine devant les inégalités et la prégnance du chômage, la volonté d'élimination de l'ennemi de classe par les plus pauvres paysans privés de terres.

Dès lors que le mouvement des militaires rebelles – le 18 juillet 1936 – ne réussit pas à atteindre d'emblée son objectif de renverser un gouvernement pourtant issu d'élections libres, la tragédie commence.

Socialistes et communistes sont les principaux responsables du lynchage massif de l'adversaire à Madrid, les anarchistes en Catalogne. Rafael Alberti prône « l'assassinat nécessaire à l'enterrement du monde bourgeois ». le massacre des religieux revêt une importance exceptionnelle. La guerre civile va durer. L'internationalisation du conflit devient alors inévitable car les deux côtés manquent d'armes.

La république ne manque pas de moyens financiers : 707 tonnes d'or dont une grande partie transférée en URSS en échange de chars, d'avions et de conseillers. Ces ressources ont été accumulées pendant la première guerre mondiale, alors que l'Espagne avait profité de sa neutralité. Mais les militaires seront fournis largement par l'Allemagne et l'Italie.

La France joue un rôle complexe … malgré les sympathies évidentes du front populaire aux affaires à partir de 1936, mais en raison des craintes suscitées par les diplomates qui poussent à la non-intervention.

Cependant, ce fut le pays qui fournit le plus grand nombre de brigadistes (12000 français sur les 35000) mais il y a aussi des Italiens et, à partir de 1937, le rapport de forces s'inverse en faveur de Franco.

L'Espagne devient un terrain de manoeuvre idéal pour l'essai de tactiques nouvelles :

- L'emploi des chars en actions de rupture,

- L'emploi simultané de l'arme blindée et de l'aviation,

- le rôle décisif de l'aviation (Franco réalise le premier pont aérien de l'histoire),

- le bombardement des villes pour terroriser les populations civiles,

- Les manipulations exemplaires : l'« incendie de Guernica » par les Rouges au service des séparatistes basques, le « fascisme » du POUM, trotskistes déguisés et en réalité agents de l'ennemi …

C'est la troisième partie de l'ouvrage qui présente le plus d'intérêt : il décrit l'exode massif des combattants de la République après la défaite : répression et résistance. Les Républicains espagnols furent bien plus grands dans l'exil et la résistance (Narvik, Bir-Hakeim) qu'ils ne l'avaient été pendant les années de la deuxième république où ils ne cessèrent de se déchirer.

Le sort des réfugiés et la manière dont ils furent « répartis » à partir de 1937 mais surtout en janvier 1939 est l'objet de la dernière partie du livre, la plus cruelle. 500000 personnes en trois semaines affluèrent à travers les passages pyrénéens et sur de multiples navires, du jamais vu dans l'histoire de l'Europe. La création de camps se fait dans l'urgence et la précipitation.

Les conflits internes qui affectent d'un côté les phalangistes et les carlistes, de l'autre les républicains de gauche et le PSOE ou la mouvance anarchique, prolongent dans l'exil les luttes intestines qui ont fait tant de mal à la République espagnole. Et, une fois la guerre civile terminée, s'est poursuivie une persécution systématique au moins jusqu'en 1959. Tous les adhérents aux formations et syndicats qui avaient soutenu le front populaire ainsi que les mouvements séparatistes (basques et catalans) furent physiquement éliminés. Les vainqueurs furent étrangers à tout esprit de réconciliation, y compris l'Eglise dans sa très grande majorité. Un délire de vengeance …

Un tel livre éclaire sur les effets tragiques de la division dans les mouvements politiques espagnols … et évoquent, toutes proportions gardées, ce qui se passe aujourd'hui dans les formations politiques notre pays.

Un ouvrage objectif, bien documenté sur le rôle de la France dans ce conflit majeur, qui met dos à dos les deux factions dans une horreur semblable. Il n'est pire conflit qu'une guerre civile.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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En 1936, l'Espagne va se retrouver plongée dans une guerre civile, longue et terriblement meurtrière. Suite aux élections, un gouvernement d'union de la gauche se forme à Madrid. Mais une junte militaire ne l'accepte pas et organise un coup d'État, que d'ailleurs Franco hésite à rejoindre. Il n'y viendra qu'en dernière minute. Mais la résistance républicaine s'organise très vite et se révèle plus puissante que les militaires ne le pensaient. Bartolomé Bennassar retrace en détails les origines de ce conflit (la dictature de Miguel Primo de Rivera, puis la République de 1931, mais surtout deux blocs totalement opposés : une gauche radicale et laïcarde, une droite réactionnaire, très catholique avec des tendances fascistes). Puis le déroulement de la guerre (les différentes batailles, les forces en présence, les appuis étrangers, les divisions entre communistes staliniens, marxistes du POUM et anarchistes). Et enfin, le plus intéressant selon moi, les conséquences directes du conflit (l'exode principalement vers la France, une répression sans pitié des vainqueurs). Un ouvrage donc très didactique, très complet, avec une somme de détails (au point parfois de s'y noyer). En historien, l'auteur reste le plus neutre possible, ne masquant pas les exactions des uns et des autres (et cette guerre n'en a pas manquées). Un livre qui permet de retracer l'ensemble du conflit, loin de la version officielle des franquistes (qui ont considéré cela comme une croisade), mais loin également de la guerre romantique qu'ont pu décrire certains intellectuels et écrivains internationaux. Une somme indispensable pour qui veut mieux connaître le déroulement de cette guerre.
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Cette guerre que je n'ai pas connue a pourtant une place importante dans mon imaginaire adolescent, à travers , d'une part , les souvenirs de camarades de classe enfants d'exilés et d'autre part tout un bagage culturel qui va de « L'espoir » de Malraux aux « Phalanges de l'Ordre noir » de Christin et Bilal (et les chansons de Paco Ibanez) . Sans compter textes politiques et images d'archives. Un tel ouvrage est donc intéressant ,qui permet de remettre en ordre les faits sans compter qu'il permet aussi de comprendre mieux l'Espagne actuelle car ce passé là ne passe pas vraiment …
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
La première guerre mondiale fut pour l'Espagne qui observa une stricte neutralité l'occasion d'un enrichissement incontestable et d'un essor économique rapide ....Mais si le plein emploi est atteint , les salariés considèrent qu'ils ne tirent pas profit de cet enrichissement et que les salaires prennent du retard sur les prix . A partir de juillet 1917 , se déclenchent d'importantes grèves appuyées par la CNT . De plus , une véritable jacquerie paysanne affole le pays en 1918/19 . Les nouvelles de la révolution soviétique provoque de sérieuses alarmes chez les patrons et propriétaires , ils réagissent en créant des syndicats " libres " , puis en créant des milices privées tels que la Somatem . Des " pistoleros " de ces milices abattent le leader anarchiste Salvador Segui .Cette conflictivité sociale annonce les événements de juillet-août 1936 .
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La grande originalité de l'Espagne fut qu'après la rupture entre marxistes et bakouninistes , survenue dès 1872 , l'anarchisme ait suscité un mouvement populaire aussi puissant et plus massif que le marxisme ...... Mais le plus important est le déséquilibre entre les mouvements marxistes et anarchistes au profit de ces derniers . L'UGT compte 211 000 adhérents en 1921 mais la CNT qui rassemble en 1911 tous les groupements anarchistes a 714 000 adhérents en 1919 .... Ajoutons que les partis politiques font figure de nains auprès des mouvements syndicaux .L'histoire de la Deuxième république et de la guerre civile sera largement tributaire de ces réalités .
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Dans un grand nombre des 600 villages de l’Aragon républicain, on vécut en régime communiste libertaire des premiers jours d’août jusqu’à la mi-octobre 1936. L’unique pouvoir ou, pour mieux dire, l’organe administratif unique était la commune. Elle était dirigée par un comité révolutionnaire, nommé en assemblée générale par tous les habitants. Durant toute cette période, ces villages vécurent hors de toute relation ou dépendance du pouvoir central, sans police ni garde civile ; sans tribunaux ; sans appareil politico-administratif bureaucratique ; sans capitalistes et sans patrons ; sans argent, sans Église et sans impôts ». Le même auteur remarque que ce
nouveau régime, loin de favoriser délinquance et désordre, instaura la paix sociale grâce à la socialisation de la richesse et des moyens de production.
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De même, au lendemain des élections de novembre 1933, il eût dû,( le president de la republique Alcala Zamora) en dépit de son inimitié à l’égard de Gil Robles (droite espagnole qui a gagné les élections), imposer la présence de la CEDA (droite de Gil Robles) au gouvernement. Cette sanction naturelle de la consultation eût été acceptée sans grande difficulté à cette époque. Comme on l’a vu plus haut, il en alla tout autrement, en octobre 1934, lorsqu’il se résigna à l’entrée de trois ministres de la CEDA dans le gouvernement. Le fait que ce dernier épisode ait déclenché une révolution montre assez que les institutions républicaines n’étaient ni comprises ni acceptées. Pourtant, il est encore des historiens espagnols de qualité, et pire encore des non-Espagnols !, pour tenir, avec une cécité consternante, cette entrée tardive de la CEDA au gouvernement pour une « provocation », avalisant en quelque sorte la position des formations de gauche de 1934, telle que la définit Raymond Carr : « Par leur langage elles refusaient à leurs adversaires le droit de se considérer comme un parti légal. » En se ralliant à l’équation simpliste « front antimarxiste égale front fasciste », cette gauche montrait n’avoir rien compris à la logique parlementaire.
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José Antonio Primo de Rivera (fasciste. La phalange. ndlr) a déclaré en juin 1935 : « Nous n’avons pas d’autre choix que d’aller à l’insurrection. Notre devoir est d’aller à la guerre civile. » Et Calvo Sotelo (monarchiste. ndlr) : « Il faut en finir avec l’État constitutionnel. » Cet appel à la violence, qui faisait partie de la rhétorique de l’extrême droite, relève aussi de la logique de l’extrême gauche à partir d’octobre 1934. La CNT (socialiste ndlr) , au congrès de Saragosse, annonce « la révolution totale », Largo Caballero, qui a profité de l’année qu’il vient de passer en prison (à l'origine de l'insurrection de 1934 ndlr) pour lire les auteurs marxistes, est séduit par ce qu’il a appris du modèle soviétique. Il rêve d’une impossible fusion entre UGT(anarchiste. ndlr) et CNT, annonce la dictature du prolétariat et déclare : « Je veux une République sans guerre de classes, mais pour cela il faut qu’une classe disparaisse. » Son évolution lui vaut le surnom de « Lénine espagnol » et contribue à la radicalisation de l’UGT. Dans son discours d’Alicante, il affirme, faisant écho à José Antonio Primo de Rivera: « En cas de victoire des droites aux élections, nous devrons nécessairement en venir à la guerre civile ouverte. »
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Video de Bartolomé Bennassar (4) Voir plusAjouter une vidéo

Bartolomé Bennassar : Les rivières de ma vie
Dans une pièce de la Cité internationale universitaire de Paris dans le 14ème arrondissement, Olivier BARROT présente le livre de Bartolomé BENNASSAR "Les rivières de ma vie", qui célèbre la pêche à la ligne, à la mouche et au toc. Il en lit des extraits. . Des images filmées de façon floue illustrent le programme.
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