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EAN : 9782221009413
332 pages
Robert Laffont (01/04/1982)
3.95/5   10 notes
Résumé :
De la démographie à la peinture, en passant par la gastronomie et la poésie, le livre de Bartholomé Bennassar est un
étonnant kaléidoscope d’images étranges et discordantes. Côte à côte : hidalgos, saints et picaros, les nains et les rois,
l’ascèse et la fête, l’orgueil aristocratique et l’idéal évangélique. Un monde foisonnant, bigarré, aux tensions de plus en plus
vives, créatrices d’idées et de théories nouvelles, de formes artistiques ins... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Comme de nombreux livres d'Histoire des dernières années du 20e siècle, Bartolomé Bennassar ne raconte un récit chronologique apte à maintenir l'attention soutenue d'un amateur de romans. Il s'agit de décortiquer l'Espagne du siècle d'or – une période définie par l'auteur lui-même comme s'étendant d'environ 1525 (bataille de Pavie) à environ 1648 (traité de Westphalie) – à l'aide d'un arsenal de filtres historiques, religieux ou économiques. Lire d'un seul tenant, « pour se distraire », s'avère âpre face à cet étalage de catalogues et de pourcentages de toutes sortes.
Cependant Bennassar lâche parfois la bride à sa plume romanesque – au tout début lorsqu'il décrit les parades royales ou lorsqu'il fait vivre un village de morisques perdu en Estrémadure –, prouvant qu'il est capable de captiver si tel est son objectif. Mais cela ne l'est pas. Il s'agit avant tout d'établir une nouvelle référence d'étude historique, utile à ses futurs confrères.

Et ce pari est clairement réussi à mon humble avis. A force de lire des biographies des rois de France Valois et Bourbons, j'avais fini par penser l'Espagne de ce temps comme une invulnérable puissance, écrasante, infiniment riche et complètement hallucinée par le catholicisme. Bennassar montre les fragilités de ce pays, soumises aux mêmes affres que toutes les autres. L'illusion des richesses inépuisables venues entre autres d'Amérique qui convainc des générations que cet état des choses un état normal de la nature et ne changera jamais, les empêchant de sentir venir les ennuis économiques, l'installation de la famine. L'aveuglement de l'Inquisition qui brise la classe marchande essentielle de Séville parce qu'elle est en partie composée de « conversos » (Juifs convertis de force). Politique économique qui finit par favoriser l'importation à la fabrication locale et détourne les flux d'argent vers l'étranger. Ce flux est également détourné par les guerres extérieures qui coûtent cher, trop cher (comme pour la France). L'Espagne est loin d'être épargnée par les attaques corsaires venues d'Angleterre (Drake) ou des Barbaresques (Barberousse) ; les villes côtières étant souvent pillées et incendiées.

On bénéficie aussi d'une bonne vision des espagnols eux-mêmes, leurs diversités régionales (le Castillan est une langue étrangère pour les Catalans, les Basques et les Galiciens) mais surtout leur distribution en « castes » : les Grands, les caballeros, les hidalgos, les letrados, les ecclésiastiques et le peuple, mais aussi les esclaves, les conversos et les morisques (musulmans convertis de force). Ces deux derniers groupes subissant l'expulsion. Bartholomé Bennassar décrit bien ceux qui profitèrent de la Grandeur du siècle d'Or, et ceux qui restèrent en marge.

Bien sûr l'auteur déploie les « têtes de gondoles ». Les quatre rois bénéficient d'une courte étude chacun : Charles Quint pense à son rêve de paix européenne universelle et catholique. Philippe II est assez éloigné en privé de son image publique sombre et inaccessible ; il ne devient le « roi-moine » que sur la fin. Philippe III et IV ne sont pas fait pour gouverner. Ils délèguent aux « validos » (favoris) – le duc de Lerma pour le premier, le Compte d'Olivares pour le second – la gestion du gouvernement. Ces deux là ont aussi droit à des portraits sans complaisance. Les peintres comme Le Greco ou Velázquez, les écrivains comme Lope de Vega, Calderon ou Cervantès ont aussi droit à des chapitres entiers. L'auteur fait bien remarquer que la culture qu'ils portent est contemporaine de la phase de chute, comme si elle bénéficiait d'une forme d'inertie.

Ce livre est donc riche en enseignement et doit se voir comme une référence dans laquelle on revient toujours picorer, mais j'en ai trouvé la lecture d'un seul tenant âpre et parfois ennuyeuse.
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B. Benassar, grand spécialiste de l'Espagne, nous livre ici une analyse fine de l'Espagne de la fin du XVe au milieu du XVIe siècle...Une leçon d'histoire
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Baroudeur susceptible, fort capable de graves infractions aux lois et à la morale, Ignace de Loyola dut fuir sa ville natale d'Azpeitia en 1515 pour échapper à la prison sans que l'on sache exactement pourquoi : coups et blessures à l'occasion d'une rixe ? Rapt de séduction ? En 1521, à trente ans, il défend Pampelune contre les Français : grave blessure, jambe droite sciée deux fois (sans anesthésie, et-il besoin de le rappeler ?) ; longue convalescence pendant laquelle le gentilhomme guerrier lit la Légende Dorée de Jacques de Voragine et la Vie du Christ du chartreux Ludolphe de Saxe, deux ouvrages de grande diffusion à cette époque. C'est le coup de foudre : voici désormais le "routard de Dieu".
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Comment expliquer que l'attraction espagnole ait duré si longtemps, que l'Espagne soit demeurée pendant plus d'un siècle, dans l'Occident chrétien, le pays le plus recherché par les travailleurs étrangers de condition modeste ou misérable ? Sans négliger les causes locales de départ (guerres de Religion, misère) je crois pouvoir affirmer que les raisons essentielles de l'afflux des migrants français tenaient à ce que l'Espagne leur offrait des terres libres, surtout en Catalogne, puis en Aragon,... des emplois de travailleurs manuels dans le bâtiment, l'artisanat, l'industrie ; enfin de hauts salaires.
La dévalorisation du travail manuel... et l'argent facilement gagné ont détourné sans conteste beaucoup d'Espagnols des métiers dits "mécaniques", tenus pour vils.
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L'étiquette espagnole, importée de Bourgogne, imposait la solennité des attitudes et des comportements publics. Le roi et la reine ne devaient pas sourire. Les toilettes des reines : basquines et vertugadins, lourdes et amples, faisaient disparaître les corps et leurs mouvements. Les reines espagnoles donnaient l'impression de glisser lentement ; elles n'avaient, disait-on, pas de pieds... Les rois jouaient les divinités quasi inaccessibles, tout en sachant qu'il ne s'agissait que d'un rite : une audience, à supposer qu'on parvint à l'obtenir, n'allait pas sans une longue attente scandée par des haltes successives dans une suite de salons.
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Janvier 1560 à Guadalajara, en Nouvelle-Castille. La petite ville lisse ses pierres et le pavé de ses rues ne fut jamais plus propre, jamais plus luisant. Commencé à la fin du XVe siècle mais à peine terminé, le merveilleux palais des ducs de l'Infantado, où les derniers flamboiements du gothique ont allumé les formes dansantes des artistes mudéjars pour un miracle d'harmonie, va connaître son baptême de noblesse. Philippe II, deux fois veuf, a choisi ce palais prestigieux pour célébrer son mariage – le troisième – avec Élisabeth de Valois, la fille d'Henri II et de Catherine de Médicis.
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Le castillan fut sans conteste l'une des langues européennes les plus précocement formées : les familiers des archives et des textes anciens savent que la langue du XVIe siècle espagnol est beaucoup plus proche du castillan actuel que le français ou l'allemand ne le sont des langues écrites à l'époque de François Ier ou de Luther. Naturellement, l'empire du castillan était contesté : si cette langue progressait rapidement dans le royaume de Valence, sous l'influence de la noblesse, si elle avait conquis l'Aragon, elle restait une langue étrangère en Catalogne, aux Baléares, dans les provinces basques, elle était mal connue des paysans galiciens et les morisques pratiquaient "l'aljamiado" dont on ne sait trop s'il était un arabe hispanisé ou un espagnol arabisé.
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Video de Bartolomé Bennassar (4) Voir plusAjouter une vidéo

Bartolomé Bennassar : Les rivières de ma vie
Dans une pièce de la Cité internationale universitaire de Paris dans le 14ème arrondissement, Olivier BARROT présente le livre de Bartolomé BENNASSAR "Les rivières de ma vie", qui célèbre la pêche à la ligne, à la mouche et au toc. Il en lit des extraits. . Des images filmées de façon floue illustrent le programme.
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