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EAN : 9782321016885
288 pages
Le Robert (06/05/2021)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Un essai documenté et passionnant qui défend une indispensable modernisation de la langue pour que le français reste une langue vivante.
Le niveau scolaire baisse depuis 30 ans. Sont mis en cause Internet et les nouvelles technologies, la méthode globale, les ministres de l'Éducation nationale et leurs réformes, les programmes scolaires, voire la baisse de l'intelligence des enfants eux-mêmes...

Que s'est-il donc passé pour qu'on en arrive à un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Qui veut la peau du français ? » est un essai sur l'apprentissage écrit du français, plus précisément sur l'usage de la langue qui est en train de perdre de vue la norme de cette langue telle qu'elle a été décidée arbitrairement à une époque où le langage oral n'avait pas grand-chose en commun avec ce qu'il est aujourd'hui.

On le sait tous, les nouvelles générations ont de plus en plus de mal à utiliser correctement le langage écrit. Chacun y va de son hypothèse : c'est les SMS, les profs sont incompétents, les jeunes ne veulent plus rien foutre, c'est le gouvernement. Pourtant, si l'on réfléchit un peu à ces affirmations, et ce même si on n'est pas un spécialiste de la langue, on voit bien que ça ne colle pas et c'est ce qui m'a poussée à lire ce livre. En effet, de mon point de vue forgé depuis mon entourage social/familial et des connaissances que j'ai déjà, je peux affirmer qu'un enfant utilise les textos bien après ses premières difficultés avec le français, que les enseignants font avec les moyens qu'on leur donne, que les jeunes ne sont pas moins intelligents que moi et que le gouvernement ne peut pas non plus être le seul fautif puisque le constat de la baisse du niveau d'orthographe est le même dans tous les autres pays francophones.

Christophe Benzitoun, enseignant-chercheur en linguistique française, démonte une à une toutes ces suppositions plus ou moins hasardeuses et nous en présente de bien plus argumentées. Tout enseignant qu'il est, il sait que nos règles de français ne sont pas des vérités scientifiques et qu'elles ont été inventées par des gens détenant le pouvoir pour des gens détenant le pouvoir, tous ayant intérêt à ce qu'elles soient le plus compliquées possible. Pourtant, il est bien obligé d'exiger de ses élèves qu'ils les appliquent au pied de la lettre, la maîtrise du français normé étant indispensable à l'insertion sociale et professionnelle.

Moi-même je me rappelle avec quelle peine je suis parvenue à repérer un COD ou un COI, à distinguer une épithète d'un attribut, à accorder un participe passé employé avec l'auxiliaire avoir, à comprendre pourquoi on écrit « retard », mais « cauchemar », alors qu'on dit bien « cauchemarder ».

La réponse, c'est que c'est comme ça et puis c'est tout, il faut apprendre et retenir des centaines de règles sans logique, truffées d'exceptions qu'aucun enfant, aussi intelligent soit-il, n'est capable d'engranger avec si peu de temps consacré à l'apprentissage de la grammaire et de l'orthographe. Sans une aide extérieure, sans cours particuliers, sans des parents capables d'approfondir avec lui, sans la volonté (et les moyens financiers aussi) de lycéens et étudiants soucieux d'améliorer leur maîtrise grâce à des plateformes payantes, un élève n'a aucune chance d'acquérir toutes ces règles.

C'est ça la réalité, une réalité qui creuse encore les inégalités sociales. Une réalité qui disqualifie, rabaisse et tient pour responsable tout individu mal à l'aise avec l'écrit, l'empêchant par crainte des moqueries d'exprimer ses opinions pourtant tout aussi louables que celles d'une personne accréditée par l'usage d'un français impeccable.

Nos enfants et leurs enseignants ne sont pas responsables de l'augmentation du nombre des élèves par classe, de la diversification des matières et de la diminution des heures d'enseignement. La langue est bien en danger de mort, mais on se trompe de coupable.

Si j'avais déjà de l'indulgence pour cette jeunesse qui soit se débat, soit renonce face aux difficultés de sa langue maternelle qu'elle envisage de plus en plus comme une langue étrangère, je la comprends encore mieux après la lecture de ce livre. En revanche, j'en ai beaucoup moins avec des éditeurs qui laissent des fautes énormes et des tournures approximatives dans les livres qu'ils corrigent. Quand on se positionne en expert de la langue écrite, que des auteurs payent pour bénéficier de cette expertise, la moindre des choses serait de proposer à ces auteurs une correction à la hauteur des leurs maigres droits d'auteurs.

Je terminerai avec une citation de Christophe Benzitoun qui restitue assez bien le ton de son ouvrage fascinant : « On fait comme si le fait d'avoir rendu difficile, volontairement, l'apprentissage d'une langue était une valeur positive. C'est une curieuse façon d'envisager le partage des cultures. »
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Un point de vue rafraîchissant sur la langue française qu'on a trop tendance à sacraliser. J'ai été convaincu par les nombreux exemples sur les incohérences orthographiques de notre langue. Malgré ma passion pour le français, je suis obligé d'accepter que les centaines d'exceptions constituent une complexité inutile qui provoque un élitisme et des inégalités.

On y apprend que l'écart entre français parlé et écrit ne cesse de grandir, et que cela nuit à l'apprentissage. Cet écart est dû à un statu quo des institutions influentes comme L Académie Française, qui ont tendance à employer un raisonnement circulaire (c'est comme ça parce que c'est comme ça), se contentant d'évoquer des racines latines, sans justifier un attachement aussi opiniâtre, simple argument de tradition.

Plus étonnant encore, il n'y a pas d'autorité sur l'évolution de la langue, l'Académie est une influence parmi tant d'autres, les dictionnaires se font concurrence et ne se recoupent pas, et le vécu des professeurs l'emporte sur les dernières réformes qu'on leur impose. Cela conduit à des situations ridicules où il est parfois difficile de déterminer l'existence d'un mot.

Si l'on acceptait que l'usage fait la norme, on pourrait passer plus de temps sur le fond plutôt que la forme sur les bancs d'école. Se focaliser sur le raisonnement donc, et arrêter de juger les fautes d'une langue que personne ne maîtrise vraiment de toute façon.

On ressent bien les enjeux politiques d'une telle démarche. Si le français devient facile, il sera beaucoup plus accessible aux personnes défavorisées et aux étrangers, et ça, ça déplaît aux milieux conservateurs comme l'Académie ou l'extrême droite.

Malheureusement, Benzitoun a tendance à se répéter et le tout aurait clairement pu être résumé en moitié moins de pages.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Si la langue française contemporaine était un légume, elle ne serait pas issue de l’agriculture biologique car elle n’a pas poussé naturellement. Elle appartiendrait plutôt à la famille des organismes génétiquement modifiés.
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Au départ, l’objectif était que la langue française des puristes serve d’outil de distinction sociale et non d’émancipation. Bref, qu’elle ne soit pas accessible au plus grand nombre, mais réservée à une caste détenant le pouvoir. Force est de constater qu’ils ont parfaitement atteint leu but et que l’on continue à en ressentir les effets longtemps après la décision originelle.
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Le recours à l’argument de l’évolution naturelle de la langue est régulièrement brandi pour justifier l’existence de tournures d’orthographe déconcertantes et l’impossibilité de modifier telle ou telle graphie. Pourtant, si l’on écrit nénuphar avec « ph », cela n’a rien à voir avec une évolution naturelle.
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Video de Christophe Benzitoun (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christophe Benzitoun
Une rencontre avec nos auteurs Pascal Gygax et Christophe Benzitoun, animée par Bérengère Baucher, directrice éditoriale aux Éditions Le Robert.
Pascal Gygax est co-auteur de l'ouvrage le Cerveau pense--t-il au masculin ? avec Sandrine Zufferey et Ute Gabriel. Consultez ici un extrait de l'ouvrage : https://fr.calameo.com/read/0051588931acb303f4986
Christophe Benzitoun est auteur de l'ouvrage Qui veut la peau du français ? Consultez un extrait ici : https://fr.calameo.com/read/005158893eecac037ce0f
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