« Pour ne pas vous brusquer,
Jacob, permettez-moi de vous exposer clairement mes intentions à votre égard. Je suis rentier – cela veut dire proprement que je ne fais rien. Je peux consacrer mes journées à l'étude, à la lecture, à la musique ; à d'autres choses encore. Mais vous comprendrez que, quoi que les livres, le piano et le cinématographe soient les peuples et l'âme sans fin de ma solitude, il y a à cela quelque chose… Comment dire : de stérile. Vous voyez ce que je veux dire ?… Ma solitude ne me donne pas d'enfants. Je n'ai personne à qui transmettre ce que j'ai accumulé, ce que le silence a entassé dans mon esprit. »
Jacob naît en 1924 dans un camp de romanichels, peuple nomade mais famille sédentaire, les Weiss décident de ne plus voyager et de rester à Clermont-Ferrand. La naissance de
Jacob nous est contée avec une sublime plume.
On découvre alors la vie au camp, les coutumes et le travail, l'importance de la famille, la place de la religion et l'importance pour
Jacob du curé (le Ratchaï). L'heure de la communion de
Jacob a sonné et le curé décide qu'elle se fera à la cathédrale.
Jacob est alors remarqué, notamment par sa beauté à couper le souffle par un riche rentier (Joseph) et celui-ci décide de le prendre sous son aile pour l'éduquer, tout en proposant à ses parents de les payer 200 francs pour « emprunter » leur fils au camp et à la fabrique de paniers. Joseph serait-il à la recherche d'un fils ?
Avec ce roman écrit à la deuxième personne du singulier, on entre dans la vie d'un peuple méconnu, en marge de la société, plus particulièrement dans la vie d'un jeune Yéniche, le jeune
Jacob, remarqué avant tout par sa beauté, qu'on tente d'arracher à ses racines.
Ce roman court (130 pages) est un véritable coup de coeur, et l'écriture du jeune
Simon Berger est remarquable.