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EAN : 9782072898631
128 pages
Gallimard (04/03/2021)
3.97/5   16 notes
Résumé :
Jacob, c’est un garçon voyageur, un jeune vannier, un Bohémien ; un Yéniche. Mais la famille de Jacob ne voyage plus ; ses parents préfèrent rester en Auvergne, dans la roulotte, avec les enfants et les paniers qu’ils vendent. Un jour, Jacob se fait photographier.
Jacob est beau et la photo garde la mémoire de cette grâce qui lui fut accordée. De cette grâce injuste qui devrait lui offrir une vie préservée de la violence de sa tribu. D’ailleurs un homme culti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Alors qu'il fait ses propres recherches quant à ses origines familiales Yéniches dans les archives clermontoises, Simon Berger tombe sur la photo de police d'un jeune garçon, Jacob Weiss, accompagnée de sa fiche anthropométrique, pratique devenue légale en France par une loi votée en 1912 pour encadrer "les populations ambulantes" et "la circulation des nomades", qui aura encore cours pendant de nombreuses autres années. Fasciné par cette photo, il imagine l'histoire de celui-ci, de sa naissance en 1924, dans le campement de la route d'Herbet, quartier qui sera plus tard celui dans lequel l'on parquera la population maghrébine venue travailler dans la capitale auvergnate - ce que j'ai découvert avec la lecture de ce roman -, jusqu'à la tragédie qu'il connaîtra en 1937.

C'est une histoire profondément romanesque, non dénuée de cruauté, d'un jeune Yéniche au sein d'une société sédentaire qui a bien du mal à comprendre, et à considérer, son histoire et sa culture, que l'auteur, touché par cette photographie et par ce qu'elle renferme, érige dans ce bref roman, tout autant pour rendre hommage à Jacob que pour rendre hommage à l'ethnie, trop souvent ostracisée et méconnue, dont il est originaire.

C'est une histoire sensible, touchante, révoltante, peut-être parfois un peu trop emphatique, qui donne à voir "Clermont la noire" différemment, à travers le regard de sa périphérie - surtout pour l'Auvergnate d'adoption que je suis depuis désormais une bonne quinzaine d'années.
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Ce jeune auteur est brillant, un peu trop peut-être. Aucune jalousie de ma part mais l'on sent le désir, dans le choix des mots, les tournures de phrase, ainsi que dans le thème traité, d'être original, la chute du livre est elle-même très connotée.
Il y a comme des effets de manche qui montrent le souhait de plaire, non aux lecteurs lambda, mais à un comité de lecture, en l'occurrence Gallimard. le premier opus de l'auteur a été publié chez Corti, maison exigeante, sur une thématique musicale, Bach, un peu austère.
Nous sommes chez des lettrés "cultivés", comme un examen de passage.
L'histoire est une tranche de vie provinciale, le héros, un enfant du voyage, un contexte étriqué dans lequel les tabous et rejets propres à la province française de l'entre-deux guerre frappe fort. le sort réservé aux "romanichels" se lit dans les registres de police de l'époque, travail de documentation que l'on sent, un peu film d'époque.
J'ai aimé ce texte, je suis caustique, je ne devrais pas, je serais incapable d'écrire de la sorte. Encore un effort vers moins de préciosité, l'épure vers une narration hors du contexte familial.
Auteur à suivre.
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« Pour ne pas vous brusquer, Jacob, permettez-moi de vous exposer clairement mes intentions à votre égard. Je suis rentier – cela veut dire proprement que je ne fais rien. Je peux consacrer mes journées à l'étude, à la lecture, à la musique ; à d'autres choses encore. Mais vous comprendrez que, quoi que les livres, le piano et le cinématographe soient les peuples et l'âme sans fin de ma solitude, il y a à cela quelque chose… Comment dire : de stérile. Vous voyez ce que je veux dire ?… Ma solitude ne me donne pas d'enfants. Je n'ai personne à qui transmettre ce que j'ai accumulé, ce que le silence a entassé dans mon esprit. »

Jacob naît en 1924 dans un camp de romanichels, peuple nomade mais famille sédentaire, les Weiss décident de ne plus voyager et de rester à Clermont-Ferrand. La naissance de Jacob nous est contée avec une sublime plume.

On découvre alors la vie au camp, les coutumes et le travail, l'importance de la famille, la place de la religion et l'importance pour Jacob du curé (le Ratchaï). L'heure de la communion de Jacob a sonné et le curé décide qu'elle se fera à la cathédrale. Jacob est alors remarqué, notamment par sa beauté à couper le souffle par un riche rentier (Joseph) et celui-ci décide de le prendre sous son aile pour l'éduquer, tout en proposant à ses parents de les payer 200 francs pour « emprunter » leur fils au camp et à la fabrique de paniers. Joseph serait-il à la recherche d'un fils ?

Avec ce roman écrit à la deuxième personne du singulier, on entre dans la vie d'un peuple méconnu, en marge de la société, plus particulièrement dans la vie d'un jeune Yéniche, le jeune Jacob, remarqué avant tout par sa beauté, qu'on tente d'arracher à ses racines.
Ce roman court (130 pages) est un véritable coup de coeur, et l'écriture du jeune Simon Berger est remarquable.
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J'ai été attirée par le sujet traité, par la 4° de couverture. Jacob a la chance d'être beau. Il vit dans une roulotte entre les deux guerres : pauvreté, misère culturelle et affective, rapports de police, cartes de circulation. Il est repéré par un rentier bourgeois qui "l'achète" à sa famille pour l'éduquer, le polir. Mais avec quels objectifs ? Quelle relation entre ce jeune adolescent et cet homme ? Comment opérait l'acculturation ? L'auteur a su maintenir un sentiment de malaise qui nous amène vers la tragédie. le style parfois est un peu trop précieux avec une utilisation de subjonctifs qui alourdit le récit. Il en fait trop parfois.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ce peuple sans roi avait couronné, ce matin, et pour ce matin seulement, François Weiss, parce que c’était ton père, et parce que tu étais son fils. Une naissance faisait toujours un petit événement au sein du camp. Et la naissance d’un garçon faisait un petit sacre. Ton père était flatté comme la Vierge et rouge comme un pape. Tu fis alors la fierté de ton père, et pour cela, sois-en sûr, d’un peu de péché originel, déjà, tu fus lavé. Tous ces rituels obscurs qui suivaient ta naissance, et que les parois de la roulotte dérobaient à la connaissance des autres, c’était cela : l’adoubement et comme le baptême, par le père, du fils en un regard. Remarque que ton père ne se pressa pas pour quitter le campement. S’il y avait eu des photographes, il n’aurait pas été plus poseur. Mais – Dieu en soit loué – il n’y eut pas de photographes pour voler à l’oubli la gloriole paternelle. Quand ton père eut échangé quelques mots avec son assistance, il marcha droit vers la sortie du camp. Les autres se dispersaient peu à peu, reprenaient leurs occupations ou leurs oisivetés. Ou peut-être étaient-ils repris par elles. La vague de ta naissance se brisait peu à peu ; la bonace réinvestissait le camp. Tu ne faisais plus de bruit. D’ailleurs tu dormais, de ton premier sommeil.
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Vidéo de Simon Berger
Annonce du lauréat du Prix Littéraire du 2e roman 2022 par Sorj Chalandon, président du prix Samedi 29 janvier 2022 à Laval, le jury final du Prix Littéraire du 2e roman a délibéré dans les locaux de Lecture en Tête, et a décerné cette onzième édition à Simon Berger pour "Jacob" (Gallimard, 2021).
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