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EAN : 9782714312327
120 pages
José Corti (03/01/2020)
3.58/5   13 notes
Résumé :
À l'hiver 1705, Johann Sebastian Bach n'a que vingt ans. Il est organiste à Arnstadt, sa situation est établie, sa réputation solide. Qu'est-ce donc qui le pousse à braver le froid pour parcourir, à pied, les quatre cents kilomètres qui le séparent du maître de Lübeck - le compositeur Dietrich Buxtehude ? Car Bach se met en route. Devant ses pas se dressent des silhouettes familières, des ombres inquiétantes, des pièges et des consolations. Mais c'est surtout du sil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Imaginez Bach à 20 ans ! Oui je sais c'est un peu difficile.

Il est organiste à Arnstadt en Thuringe
Il est connu, respecté, obéissant. « Il jouait son rôle avec ferveur et discrétion »
Le hasard le met en contact avec une partition de Dietrich Buxtehude, sept cantates, il savoure cette partition, elle l'exalte.
L'urgence lui apparait de percer le mystère de cette partition, de rencontrer le créateur de cette oeuvre incroyable.
Il obtient un congé de 4 semaines du Consistoire, congé qu'il va allonger à sa guise.
Il prend la route en plein hiver et va abattre les 400 km qui le séparent de Lübeck pour rencontrer le Maitre, la partition serrée contre son coeur.

Son voyage est tout de solitude et de silence.
Rien ne lui importe, le froid de gueux, les voleurs qui le détroussent au passage, il n'a en tête que le Maître Buxtehude et sa musique parce que la musique est tout :
« On lit la musique comme on entre au couvent. On lit la musique pour entendre une autre voix que la sienne, plus profonde, plus sérieuse. Pour lire la musique, il faut être disponible à cette voix des profondeurs, à cet appel du silence, rugissant. »

On a envie de dire qu'il fait une fugue, mais bon je vous l'accorde c'est un rien facile.
C'est plutôt un pèlerinage initiatique, sa foi en Dieu l'accompagne, celle que l'on va retrouver dans l'Oratorio, dans les Messes et les Cantates. le récit est d'ailleurs émaillé de références bibliques.

« Les haleurs passent devant Bach. Lui regarde, heureux d'être étranger à leur labeur, honteux de ne pas les aider. de la musique plein la tête, il est à peine gêné par leur chant. On entend que Dieu est ma tour, que Dieu est ma forteresse. On ne sait pas qui chante. On devine à peine que quelqu'un chante. Tout parle d'une voix qui se met à chanter, sans que l'on sache quand, exactement. Les arbres, les haleurs, le silence chantent. C'est la musique qui commence. Ce n'est pas qu'elle emplit tout, c'est que tout subitement la connaît. La musique est devenue la couleur du monde. »
Est-ce ce voyage qui a transformé Johann Sebastian en Bach tout court ?

Un récit qui se déroule avec le temps de la musique pour le rythmer.
D'ailleurs cela n'est peut-être jamais arrivé. Mais quelle importance ?
On n'a l'impression de voir éclore le musicien, de le voir prendre son envol.
La rencontre avec Buxtehude va avoir lieu,reflet de la rencontre de l'auteur avec Johann Sebastian Bach « cet homme qui tutoie Dieu avec sa musique. »

Ce texte est un petit bijou, de ceux dont on regrette qu'il soit si court. Simon Berger est inspiré par Bach et nous sert un texte plein d'ardeur et de douceur mêlées, de musicalité.

Retrouvez dans ce roman la complicité manifeste qui unit l'écrivain et le musicien.
Il sait mettre en mots les bonheurs et la plénitude de la musique et vous n'aurez qu'une envie c'est d'accompagner cette lecture par une cantate, une fugue, là où va votre préférence.

Un petit mot sur l'auteur car c'est un tout jeune homme qui étudie la philo à Normale Sup et c'est son premier roman. Chapeau bas.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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En 1705, Jean Sébastien Bach a 20 ans, il est organiste à Arnstadt, et doit se plier aux règles édictées par le Consistoire local, dont il est finalement un simple employé. En plein hiver, le voilà qui demande un congé, on lui octroie un mois, en fait il reviendra quatre mois plus tard, et sa musique aura évolué.

Que s'est-il passé? Il vient de découvrir une oeuvre de Dietrich Buxtehude, datant de 1680, Membra Jesu nostri, (une interprétation ici ) , sept cantates qui le bouleversent totalement. le voilà qui part à Lübeck, parcourant à pied les quatre cents kilomètres. Où il écoute l'oeuvre lors d'Abendmusik, et demeure quelque temps chez le maître. Sur le même sujet, lire La rencontre de Lübeck, du musicologue Gilles Cantagrel, LE spécialiste de Bach, ou écouter cette émission. En fait on sait seulement que Bach a fait ce voyage et rencontré Buxtehude, on ne connaît pas la teneur de leurs conversations mais on peut savoir comment sa musique a été transformée.

Alors? Ces cent pages forment un véritable petit bijou. Et ce n'est pas (uniquement) parce que Bach en est le personnage principal. L'auteur utilise parfois des tournures désuètes, ou bien modernes, et ce n'est que du bonheur. Bach, humble homme de foi, vit aussi pour la musique. Un livre baigné de joie et de lumière, et non dénué d'humour.

Un titre tiré visiblement du cantique de Siméon (Nunc dimittis) et pages 80-81 des fortes résonances d'un psaume, "au bord de l'Elbe ombragée, Bach s'assit et pleura" "pas même n'avait-il la moindre petite harpe à accrocher aux branchages des arbres du bord de l'Elbe" [on peut s'étonner d'ombrages en plein hiver, mais baste, licence poétique]

Cette oeuvre de Buxtehude n'avait pas l'air d'être appréciée du consistoire :

"'Je compte sur votre silence. Nous ne souhaitons pas que cette pièce imprime son style de fois à la foi de nos fidèles. Souvenez-vous tout de même, Herr Bach, que c'est écrit en latin...'

Et il disait cela à l'homme qui écrirait la messe en si."

En mémoire de Buxtehude (en tout cas pour des funérailles), Bach écrivit une cantate, la BWV 106.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Un tout petit roman d'une centaine de pages à la gloire de Jean Sebastian Bach et son immense admiration pour Buxtehude. L'auteur imagine une rencontre entre ces deux serviteurs de la musique sacrée qui sentent entre eux et Dieu un lien qui se concrétisent dans leurs oeuvres. L'auteur imagine que Bach part à pied l'hiver de Arnstadt où Bach est organiste jusqu'à Lübeck ville du maître Buxtehude. Cette marche d'une centaine de kilomètres est l'occasion pour l'auteur de montrer à quel point le compositeur est imprégné de musique. Il s'agit d'une vision mystique de la musique qui le rapproche de Dieu. On peut se demander pourquoi Simon Berger écrit un tel livre sur un sujet dont on ne sait rien ou presque. Que Bach ait admiré Buxtehude, c'est certain tout le monde l'admirait à l'époque ; que ces deux génies de la musique se soient rencontrés on n'en sait rien mais c'est possible ; que des grands compositeurs reconnaissent le talent de leur prédécesseurs c'est souvent vrai. Il ne faut pas oublier que c'est grâce à Mozart que Bach n'a pas totalement été oublié après sa mort. Mais ce qui nous frappe et qui transparaît un peu dans ce texte très court c'est la modestie de la vie de Bach et de Buxtehude. Tous les deux attachés à leur orgue dont ils jouaient tous les jours, ils ont composé pour un public pieux et des notables qui avaient si peur que la trop belle musique entraîne les fidèles vers des pensées impies. Ils ont été l'un et l'autre d'une modestie totale au service de leur Dieu et de la musique.
Lien : https://luocine.fr/?p=15537
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Buxtehude et Bach, le maître et l'élève. Roman sur ces deux illustres personnages qui se rencontrent pour un face à face unique : pourquoi la musique ? Cette rencontre a été rendue possible par le bouleversement de Bach à l'écoute d'une oeuvre magistrale. Foi et musique, musique et foi, une nouvelle création?
Premier roman de Simon Berger, une maîtrise parfaite. Un chef d'oeuvre !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Si Bach avait épousé Anna Margreta Buxtehude, cela aurait permis, j'en conviens, de dissiper les doutes quant à la véracité historique de son voyage à pied d'Arnstadt à Lübeck. Mais le doute, ce doute-là, est-il permis ? Je ne crois pas. Cela ne fait aucun doute. Bach n'aurait pas été Bach s'il n'avait marché quatre cents kilomètres, à l'hiver 1705, pour rencontrer Buxtehude. Tout le reste est affaire de réalité, de fait, de science. Bach est au-dessus du fait. Bach est au-dessus de la science. Bach est au-dessus de la réalité. Bach demeure plus haut, dans le giron sacré de la vérité.
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Cet homme parlait très fort, Bach en était assourdi. Il parlait trop, lui aussi pour savoir lire la musique. Cela demande un retour en soi, un examen. On lit la musique comme on entre au couvent. On lit la musique pour entendre une autre voix que la sienne, plus profonde, plus sérieuse. Pour lire la musique, il faut être disponible à cette voix des profondeurs, à cet appel du silence, rugissant.
On lit la musique pour entendre qu'on se tait.
Bach se tut quelques heures en sa chambre de hasard.
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Les haleurs passent devant Bach. Lui regarde, heureux d’être étranger à leur labeur, honteux de ne pas les aider. De la musique plein la tête, il est à peine gêné par leur chant. On entend que Dieu est ma tour, que Dieu est ma forteresse. On ne sait pas qui chante. On devine à peine que quelqu’un chante. Tout parle d’une voix qui se met à chanter, sans que l’on sache quand, exactement. Les arbres, les haleurs, le silence chantent. C’est la musique qui commence. Ce n’est pas qu’elle emplit tout, c’est que tout subitement la connaît. La musique est devenue la couleur du monde.
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On lit la musique comme on entre au couvent. On lit la musique pour entendre une autre voix que la sienne, plus profonde, plus sérieuse. Pour lire la musique, il faut être disponible à cette voix des profondeurs, à cet appel du silence, rugissant.
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Ô poème …
  
  
  
  
Ô poème ! Ô idéal du poème ! Ô partition ! Ô taches
d’encre, sans méditation sonnant et résonnant dans
l’immensité silencieuse ! Poème accompli, poème
parachevé : sens et forme du poème, traits et formes
du poème ! Ô forces vives enfin et pour toujours de
solennellement et dans les siècles la musique !

p.23
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Video de Simon Berger (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Simon Berger
Annonce du lauréat du Prix Littéraire du 2e roman 2022 par Sorj Chalandon, président du prix Samedi 29 janvier 2022 à Laval, le jury final du Prix Littéraire du 2e roman a délibéré dans les locaux de Lecture en Tête, et a décerné cette onzième édition à Simon Berger pour "Jacob" (Gallimard, 2021).
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