AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782918682912
192 pages
Arkhe (01/10/2021)
4.09/5   11 notes
Résumé :
« Si elle n'a pas crié, elle était consentante », « Après tout, c'est elle qui est montée dans la chambre », « Malgré ses 11 ans, elle n'avait qu'à résister si elle n'avait pas envie », « Elle portait une tenue provocante ».
Salopes, frigides, vierges chastes ou nymphes séductrices, la sexualité a été, pendant des siècles, l'unité de mesure définissant la valeur des femmes. Vierges, elles étaient contraintes de sauvegarder un hymen protecteur et valorisant. M... >Voir plus
Que lire après Histoire du consentement fémininVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est une histoire du viol et non pas du consentement : aucune situation qui puisse mettre le consentement à l'oeuvre n'est abordée dans ce livre. À l'inverse, tous les chapitres ne parlent que d'horreur, de viols, avec une insistance particulière pour le viol sur enfant. le mot viol revient sans cesse, à toutes les pages, il est écrit quatre fois en 39 lignes en conclusion, le dernier chapitre s'intitule « la criminalisation du viol » et contient deux sous titres sur quatre avec ce mot ; le premier chapitre du livre, déjà, était « viol et violences »…

Pour le coup, c'est donc mal visé et assez confus : il s'agit de reprendre dans les archives judiciaires ou les récits personnels (la plupart écrits par des hommes, quelques-uns, rares, par des femmes) des mentions de viols, puis de passer au suivant. Autre chose étonnante, j'ai l'impression de lire de plus en plus souvent des essais ou des études qui s'appuient sur des romans pour justifier un propos, ici Les aventures du Chevalier Faublas est souvent cité, ainsi qu'Une vie et des nouvelles De Maupassant. C'est dérangeant, on a l'impression que l'auteure ne fait pas de différence de niveau de réalité entre un rapport judiciaire et un roman. On pourrait pourtant considérer que le premier qui rapporte des témoignages ont un enjeu fort tandis que le second prend de la distance avec la vérité des faits pour mettre en forme une certaine consécution d'événements imaginés dans le but de satisfaire la curiosité des lecteurs… Mais la différence entre un vécu et une culture ne semble pas faite par qui a écrit ce livre…

On est du coup assez gêné parce que ce long inventaire de violences non seulement n'éclaire en rien sur le consentement – et le prétexte qu'il le définirait par contraste ne tient pas longtemps – mais semble se changer, par absence totale de mise en contexte culturel du fait dont il est question en permanence, la pénétration, en une édification de deux principes éternels, l'un masculin, pénétrant, l'autre féminin, insaisissable, et, bien sûr, en une diatribe contre le premier, sans aucune autre considération sociale. On ne sent jamais de propos qui visent à parler d'une harmonie de vivre ensemble, ou seulement d'y tendre, d'y viser – ce que, pourtant, la notion de consentement invitait à envisager. Mais de consentement, dans ce livre, il n'y a point.

Le plus marquant est l'insistance sur les violences contre des êtres qui, précisément, ne sont pas en situation de mettre en oeuvre la notion de consentement : les enfants. Quant aux viols : que viennent faire dans l'histoire du consentement féminin ces histoires affreuses qui ne révèlent que l'incongruité de l'évocation de la notion – et faut-il en conclure que le consentement est une notion inconsistante ? Par ailleurs le consentement serait-il exclusivement en lien avec la pénétration – ou bien n'y aurait-il pas d'autres relations qui en convoqueraient opportunément la notion ? Est-ce que la pression sociale n'est jamais intervenue dans les comportements féminins, dont il est pourtant souligné la regrettable nécessité de l'abstinence sexuelle des années durant avant le mariage pour garder sa réputation – et n'y a-t-il vraiment aucune piste pour en dégager des éléments culturels qui viendraient encadrer la notion de consentement ?...

Mais on ne peut pas le savoir puisqu'aucune situation mentionnée n'est susceptible de faire intervenir le consentement féminin : les femmes sont forcées et… n'ont pas de désir ! En effet, le sous-chapitre qui traite de « la perception de la relation sexuelle désirée » s'étend sur… deux pages et demi et se réfère… aux aventures du chevalier de Faublas !! Quand une femme désire, doit-on en conclure que c'est de la fiction, qu'il y a simulation ? Ensuite le sous-chapitre qui suit est « l'individu féminin, une figure passive », ce qui, sans doute, est ironique, on ne sait plus, on s'y perd un peu, d'autant que nous sommes toujours ici dans le chapitre intitulé « Lorsque les femmes désirent »… Que font ensemble désir et passivité ? Fort heureusement, trois pages suivent, consacrées, enfin, au désir féminin « clairement exposé », mais sur ces rares lignes à l'échelle du livre, on ne se réfère toujours qu'à Faublas, et… les femmes n'obtiennent pas satisfaction, les hommes ne répondant pas à leur désir !! Même dans ces passages, l'auteure a donc réussi à éviter son sujet au point qu'on se demande si elle en a la moindre notion. Peut-être serait-il par ailleurs utile de lui faire remarquer que Faublas, en plus d'être un roman, a été écrit par un homme. Que ce soit lui qui ait été choisi pour parler le mieux du désir féminin pour une autrice qui n'en pense pas moins au sujet des hommes ne permet décidément pas de clarifier le propos.

Finalement, on est très déçu : on ne sait toujours pas quand femme veut et comment le consentement se met à l'oeuvre, de quelle manière il est perçu, acquis, et quand on peut y compter. On comprend simplement que la notion est complexe, plutôt fuyante. Si l'auteure avait témoigné de ses expériences personnelles, on n'en aurait peut-être pas appris davantage sur les relations non désirées, mais on aurait peut-être pu aborder plus délicatement le sujet dont elle voulait nous entretenir et qui aurait demandé, sans doute, un peu plus de douceur… Une nouvelle édition qui change le titre ? Un témoignage-vérité qui sorte ce que l'on a sur le coeur et ce que l'on souhaiterait pour l'avenir ?...
Commenter  J’apprécie          31
Une plongée fascinante dans l'Histoire de la sexualité des femmes européennes, où on réalise à quel point on part de loin et qui remet en perspective à quel point les choses ont évolué aujourd'hui. Y'a des passages assez durs à lire (forcément, y'a pas mal de femmes et d'enfants violés dans les faits cités), et des passages compliqués à lire (parce qu'ils sont en vieux français), mais c'est un livre très abordable, faut vraiment pas hésiter à se lancer parce que ça vaut le détour !
Commenter  J’apprécie          00
Je suis tombée par hasard sur l'interview @simonemediafr de Maëlle Bernard dans mon feed instagram et j'ai appris plein de choses en l'espace de quelques minutes. Je connais parfaitement les problèmes d'aujourd'hui concernant les violences sexuelles subies par les femmes, la difficulté à obtenir justice et réparation. Je sais également que la notion de consentement est encore mal comprise aujourd'hui mais qu'en est-il des siècles précédents ? Comment en sommes-nous arrivés là ? le livre propose d'étudier l'Antiquité, le Moyen Âge, le XVIIIe siècle, les décisions de justices lorsqu'elles sont disponibles, l'évolution de la notion de viol dans la littérature, les différentes lois notamment celles du mariage à travers l'Histoire et plus généralement l'évolution des mentalités. Il est certain que nous avons fait des progrès sur certains aspects, mais sur d'autres nous n'avons pas bougé d'un iota et c'est révélateur du sexisme en France. Cet ouvrage est une mine d'informations que je recommande vivement !
Commenter  J’apprécie          10
Un livre retraçant un aspect bien trop vivide de notre histoire actuelle qu'est la culture du viol et la notion de consentement. Ce livre est un travail bibliographique impressionnant et je recommande vivement. C'est d'un agréable indescriptible de pouvoir lire une information sourcée et de qualité de la main d'une jeune autrice!
Commenter  J’apprécie          00
Livre intéressant qui veut retracer le consentement à travers les siècles. Très européen et français cependant. Une grosse partie est consacrée au XVIIIe siècle alors pourquoi délaisser la situation dans les colonies ? Dommage également que la période de la Révolution ne prenne que trois lignes.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Alors que les plaintes pour promesses de mariage non tenu sont courantes au tribunal ecclésiastique de l’officialité de Paris au XVIe et XVIIe siècles elles se raréfient dès la fin de la première moitié du XVIIIe siècle. Ce ralentissement est dû à une plus grande sévérité judiciaire, remettant davantage en cause la parole féminine. Au début de l’Ancien Régime, une jeune fille séduite puis abandonnée dénonçant la tromperie dont elle avait été victime, était écoutée parfois soutenue, voire vengée. La justice condamne le séducteur à se marier ou a lui verser une pension, d’autant plus si la jeune fille est enceinte.
Commenter  J’apprécie          20
… il est assez facile de sauvegarder la virginité d’une jeune fille jusqu’à ses 12 ans [âge légal du mariage pour les filles au Moyen-âge], il est nettement plus compliqué de s’assurer de sa pureté, passé ses 28 ans [âge moyen du mariage]. Les jeunes filles du XVIIIe siècle deviennent plus belle aux environs de leurs 16 ans, elles ont donc près de 10 ans d’abstinence avant de connaître la sexualité conjugale tolérée par la société et l’église. Avant cela, l’honneur et la vertu de la jeune fille reposent encore et toujours sur la sauvegarde de l’hymen, cette « fleur fragile » qui se fane si facilement.
Commenter  J’apprécie          20
« Si on ne poudrait pas la vie avec de l’amour, le plus d’amour possible, mignonne, comme on met du sucre dans les drogues pour les enfants, personne ne voudrait la prendre telle qu’elle est. »
"Jadis" de Maupassant, 1880 cité dans Bernard M. "Histoire du consentement féminin" 2021 Arkhé, Paris: France
Commenter  J’apprécie          30
Au XVIe siècle, les jeunes filles se marient aux alentours de 20 ou de 22 ans, au XVIIIe siècle, cet âge est plus tardif : autour de 25–26 ans pour les filles et de 27–28 ans pour les garçons. À la veille de la révolution, ce n’est pas avant leurs 28 ans que les filles deviennent femmes, et les garçons, pour leur part, attendent généralement leurs 30 ans avant de devenir chef de famille.
Commenter  J’apprécie          10
Au XVIIIe siècle, même si le crime de viol se distingue désormais du rapt et de l'adultère, il n'est pas compris de la même façon qu'il l'est actuellement. Est violée une femme qui crie pendant tout l'acte sexuel, résiste, est blessée par son agresseur et a perdu son honneur - sa virginité ou sa chasteté conjugale. En creux, pour que la justice écoute une victime de viol, il faut qu'elle soit vertueuse et/ou issue d'une condition sociale aisée. Les preuves attendues dans un procès pour viol n'ont donc, en substance, pas vraiment évolué de l'époque médiévale jusqu'à la fin du XXe siècle.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (37) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3188 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}