Lili, jeune fille, vit chez sa mère.
Charlotte, sa mère, tient une pension de famille.
Le berger, qui ne dit rien, est le confident de Lili.
Marthe et Elise sont les amies de Lili, les seules.
Lui, c'est le mari de Lili; il tient un garage.
Charlotte ne veut pas que sa fille la quitte; mais Lili décide de partir à Nîmes, pour l'épouser, lui. Charlotte refuse ce départ, hurle, supplie, méprise et lui demande de choisir : ce sera elle ou lui.
Mais Lili n'aura pas à choisir : la guerre arrive, les gendarmes viendront le chercher pour Dachau.
Alors Charlotte va profiter de "l'absence de son ennemi, du désarroi de l'adversaire". Elle veut récupérer Lili : c'est donc à elle "de jouer".
Avec
Lili pleure,
Hélène Bessette recevra le prix du premier roman.
Son écriture est d'abord et avant tout basée sur le rythme, sur l'oralité, avec beaucoup de lucidité, de culot et parfois d'humour, fil rouge de son oeuvre.
La lecture est surprenante, avec une disposition typographique très proche de la poésie; une grande importance est laissée au blanc sur la page; les phrases sont accidentées, sismiques; les thèmes très autobiographiques.
Suite à ce premier roman,
Hélène Bessette sortira encore 12 romans en 20 ans chez Gallimard; aucun n'aura de succès et durant 25 ans, l'auteure cessera toute publication.
Voilà comment né le cas Bessette.
Elle recevra très tôt les soutiens de
Raymond Queneau,
Simone de Beauvoir, Mauriac, Sarraute.
Elle sera sur les listes du Goncourt,
Marguerite Duras en 1963 tentera d'imposer cette auteure qu'elle considère comme un écrivain incontournable du XXeme: « La littérature vivante, pour moi, pour le moment, c'est
Hélène Bessette, personne d'autre en France. »
Mais rien n'y fera.
Les raisons: une littérature exigeante, un procès pour son ouvrage Les petites Lecocq (1), la porosité entre les 2 univers que sont le roman et la poésie, un classement dans la catégorie des « romans d'avant garde ».
Pousser à démissionner de son poste d'institutrice et deviendra femme de ménage notamment chez la veuve de Mussolini (livre encore à paraître sur sa période de vie en Angleterre).
Sa vie sera une forme d'errance, frôlant des périodes de folie probablement du fait des ingratitudes vécues. Retirée au Mans à partir de 1973, elle mourra dans le plus grand dénuement.
MA RECOMMANDATION : lire les citations pour découvrir le style Bessette
(1) https://www.lefigaro.fr/livres/2006/11/30/03005-20061130ARTFIG90205-cette_eternelle_inconnue.php