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3,44

sur 1285 notes
Avis mitigé. Pourtant, les intentions de Laurent Binet sont bonnes : en finir avec cette stupide polémique de civilisation meilleure qu'une autre. Il tente également de répondre à deux questions. 1° Qui écrit l'Histoire ? 2° Qui sont vraiment les barbares ? À la première question, on répond généralement : les vainqueurs ! Alors Laurent Binet, pour éveiller nos consciences européennes prisonnières de leurs certitudes, change la victoire de camp. Les espagnols sont défaits, les indiens ont le dernier mot, le destin de notre civilisation s'en trouve bouleversé. Commence le périlleux périple de cet empereur d'Amérique du Sud engagé, contre son gré, dans l'exploration des terres du « Levant » (ici, l'Europe). L'occasion de se demander pourquoi les conquêtes se font, pourquoi les peuples s'aventurent au-delà de leurs frontières. Pour trouver de nouvelles richesses ? Pour échapper à la faim ? Pour tromper l'ennui ? Par cette curiosité viscérale qui touche à l'art et au divin ? Laurent Binet prend un malin plaisir à répondre à la deuxième question en prenant la posture de l'étranger et de l'étonné. À cet égard, le passage à Tolède (pages 113-126) est un régal. Tout au long du récit, la religion n'est pas épargnée. Elle est à l'origine de bien des massacres, et les hommes s'accorderaient mieux sans son truchement (savoureux échange entre Érasme et Thomas More pages 186-198 et le jouissif 95 thèses du Soleil pages 263-272). Civilizations est un livre mutant, entre l'essai, le traité d'histoire comparé, le conte (la satire ?) et le roman. C'est sa force, mais aussi sa faiblesse. Je me suis ennuyée jusqu'à l'arrivée de l'empereur dans la péninsule ibérique, lassée de les voir guerroyer l'indigène. Un sentiment de répétition qu'on retrouve dans la dernière partie du livre où Laurent Binet force le trait pour coller les morceaux de son Histoire revisitée, souvent dans le ridicule et la confusion. Après avoir brillamment raconté l'Histoire (HHhH), l'avoir détournée (La septième fonction du langage), Laurent Binet en change carrément le cours. Avec moins de succès, selon moi, parce qu'il a trop mélangé les genres.
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Dans cette uchronie, on s'imagine un monde dans lequel ce sont les Incas qui ont envahi l'Espagne (puis l'Europe) et non l'inverse.

L'expérience est amusante, bien documentée et... Étonnamment plausible.

La plume est par contre un peu froide et les personnages manquent quelque peu de profondeur.
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Imaginez que le voyage de Christophe Colomb ait lamentablement échoué. Que non seulement il soit resté là-bas, mais qu'en plus, sa venue incite les Incas à venir vois ce qu'il se passait de l'autre côté de l'océan. C'est l'histoire qui est racontée ici. L'hypothèse est séduisante mais je n'ai pas tellement accroché. Je m'attendais à ce que l'auteur nous projette un peu plus loin dans L Histoire, qu'il réécrive tout à la lumière d'un point d'origine différent. Mais au final, on reste concentré sur ce qu'il se passe au XVIème siècle. Ce qui aurait probablement été plus intéressant si j'avais de meilleurs connaissances en Histoire. Pour le coup, comme on est resté sur une période nébuleuse pour moi, j'ai eu des difficultés à entrer dans le récit, je me suis ennuyée. C'est dommage, le thème me plaisait bien et c'est une façon de poser un oeil différent sur les évènements qui ont forgé notre Histoire.
Mais je reste mitigée et je ne garderai probablement que peu de souvenirs de ce livre.
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Avec bien des "si", on peut réinventer le monde, réécrire L Histoire ou encore redessiner les cartes ... tant au sens propre qu'au sens figuré.
En lisant "Civilizations" de Laurent Binet, nous sommes plongés dans plusieurs siècles d'histoire renouvelée et réécrite où ce que nous connaissons comme étant la "Vieille Europe" ou le "Vieux continent" devient au cours du 15e et 16e siècle le" Nouveau Monde", peuplé de Levantins.
Car il faut en effet garder à l'esprit mais aussi reconnaître l'audacieux scénario adopté par l'auteur d'inverser les rôles, dés lors que Christophe Colomb échoue dans sa quête d'une nouvelle route des Indes, laissant alors les fameux Indiens / Incas débarquer en Europe, à Lisbonne précisément, tout juste terrassé par un tremblement de terre, et qui va être le point de départ d'un nouvel Empire.

Riche d'hypothèses, Laurent Binet nous offre un bel hommage historique à des royaumes, dynasties et civilisations aujourd'hui disparues, il réécrit l'Histoire du monde telle que nous l'avons appris sur les bancs de l'école et y distille des éléments nouveaux. Les questions du pouvoir, de l'annexion des pays, de l'extension des royaumes ou Empires, auxquelles s'ajoute l'épineuse question des croyances rappellent les idées fortes d'Humanisme à l'époque de la Renaissance et l'apparition de Michel de Montaigne en fin d'ouvrage clôt cet hommage qui ne manque pas de rappeler un passage célèbre de ses "Essais" relatif aux "Cannibales".

Un trés bon roman avec des surprises, qui nous rappelle que le sort du Monde et le cours des choses dépend parfois de peu ...
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Laurent Binet nous a concocté pour cette rentrée littéraire un roman pour le moins original avec cette uchronie ambitieuse baptisée « Civilizations ». La couverture déjà attire le regard avec ce tableau représentant un Charles Quint au visage effacé, brouillé. le message est clair et Laurent Binet, on le sent bien à la lecture de « Civilizations », s'est amusé à imaginer ce qui aurait pu advenir si trois éléments essentiels avaient eu lieu : imaginer un peu que la fille d'Erick le Rouge découvre l'Amérique aux environs de l'an mille et qu'avec cela on est donc apporté le cheval, le fer et une résistance aux maladies importées par ces nouveaux arrivants ; imaginer que Christophe Colomb n'est pas découvert l'Amérique en 1492 ; troisième postulat de départ et non des moindres, une guerre civile opposant deux frères Incas pour la couronne d'empereur, poussant le perdant à chercher ailleurs la gloire qui lui sied. C'est suite à cela qu'Atahualpa débarque, en 1531, dans une Europe, dominée par Charles Quint, en proie aux querelles religieuses et dynastiques. On s'amuse beaucoup face aux facéties, aux retournements d'une histoire malmenée, concassée et totalement réinventée sous la plume habile de Laurent Binet. Cette uchronie dans un XVIème siècle reconstitué où l'on croise les grands personnages de ce siècle dont Luther et sa Réforme, François Ier.. Les religions en prennent pour leur grade ce qui n'est pas pour me déplaire. L'invasion mexicaine de la France est un moment savoureux tout comme cette alliance entre chrétiens et musulmans dans une bataille de Lépante revisitée où ils affrontent les Incas et leurs alliés. On tourne les pages et on se surprend à voir notre imagination voguer avec Atahualpa dans ce roman picaresque, pleins d'aventures et de malices. L'ensemble est truculent à souhait et le plus savoureux réside dans cette dernière partie qui imagine un Miguel de Cervantès accompagné d'un Grec, non pas orthodoxe mais catholique, menant une vie pleine de péripéties et rencontrant un Michel de Montaigne dont la femme ne laisse pas insensible ce cher Cervantès. Laurent Binet a remporté le Grand Prix du Roman de l'Académie Française 2019 pour ce livre atypique. Je salue la verve et l'inspiration de Laurent Binet. Je dois tout de même vous préciser que j'ai trouvé, ici et là, quelques longueurs ainsi qu'un manque d'émotion qui donne un côté trop désincarné et pas assez charnel à « Civilizations ». Ces écueils étant relevés, je recommande cette lecture aux esprits curieux appréciant les uchronies ou les romans picaresques.
Lien : https://thedude524.com/2019/..
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De cet auteur, j'avais beaucoup aimé HHhH sur l'assassinat du nazi Heindrich. Même si son dernier roman flirte avec l'histoire, Civilization est d'un genre différent puisqu'il s'agit d'une uchronie.

Laurent Binet s'en donne à coeur joie et met l'histoire cul par-dessus tête. Jugez plutôt :
Les Mayas découvrent l'art de forger le fer et le cheval grâce à l'arrivée d'envahisseurs Vikings menés par la fille d'Erik le Rouge, lesquels les contamineront au passage de quelques maladies de chez eux. Il y aura des morts jusqu'à ce que l'immunité apparaisse.
Ainsi, lorsque Christophe Colomb débarque et à sa suite les conquistadors, ils vont trouver un peuple prêt à se battre avec des armes et résistants aux maladies de ces nouveaux envahisseurs. L'échec et la débâcle de Christophe Colomb, on les découvre à la lecture de son journal.
On assiste avec plaisir à un revirement de l'histoire car, grâce aux bateaux saisis, ces mêmes peuples vont pouvoir conquérir l'ancien monde. Voilà Atahualpa, Sapa indien en guerre contre son frère, qui s'embarque depuis Cuba, en compagnie de la princesse cubaine Higuénamota, dans le but de rallier les côtes du nouveau monde. Après un voyage mouvementé, ils arrivent dans le port de Lisbonne où vient de se produire un violent séisme. de là, les indiens vont poursuivre leur périple à terre et, à force de ruses et de coups de force, s'imposer dans l'Espagne gouvernée par l'empereur Charles Quint.
Bien sûr, Atahualpa moins despotique que l'empereur, autorise la liberté de culte tout en imposant sa religion du dieu soleil et de la lune. Il va aussi importer les lamas et la culture du maïs, de la tomate et de la pomme de terre avec un siècle d'avance.
Toute la politique de l'Europe, et ses alliances en sont chamboulées et on assiste au choc des cultures avec guerres, trahisons, assassinats et autres sursauts de l'histoire. A ce moment de l'intrique, ça s'embourbe un peu et cette épopée guerrière finit par lasser.
La dernière partie imagine un Cervantès fugitif qui finira caché dans la tour de Michel de Montaigne dont il séduira la femme !
Il manque cependant à cette saga un peu de profondeur et, au milieu de ces guerres intestines, j'aurais apprécié une approche plus instruite de la culture maya. Au lieu de cela, on découvre le pastiche d'une civilisation qui tente d'intégrer une autre culture que la sienne tout en conservant ses rites et ses croyances.
Malgré cette réserve, j'ai trouvé plaisante la lecture de ce roman, truculent et inventif.
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Coup de maître réussit pour Laurent BINET avec cette uchronie. J'ai plongée, j'ai été absorbée par cette histoire, j'ai frémi tout au long du livre, j'ai ri également. Il y a un côté espiègle dans ce roman. Laurent BINET, assurément, s'est amusé à l'écriture de ce livre.

Là, ce sont les Incas qui envahissent l'Europe et non pas les Européens qui colonisent les pays d'Amérique du Sud.
Il a réussi à se mettre à la place des Incas qui arrivent dans un pays étranger où les us, coutumes et croyances sont étrangères à leur culture.

« Au sud, proche de l'Espagne mais séparée d'elle par la mer, il y avait une région qui semblait l'objet de toutes les convoitises, l'Italie, terrain de guerres perpétuelles, où vivait le chef des tondus, représentant sur terre du dieu cloué. »

J'ai été un peu déconcertée au début. Chapitres très courts. Mais tout prend sens au fil de la lecture. Je me suis attachée aux personnages : Atahualpa, Empereur de l'empire Inca et ses généraux, Higuénamota, soeur-épouse d'Atahualpa. L'Europe va être complètement bouleversée par cette invasion.

Je n'ai pas de connaissance particulière en histoire. Et pourtant, j'ai été happée par ce roman.

Jubilatoire !
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Laurent Binet nous livre un roman atypique que je ne sais trop classer .
Il y a trois chapitres , le premier sur la fille du pirate Erik le Rouge , le deuxième le plus long sur l'arrivée des Incas en Europe en pleine guerre de religion et enfin le dernier sur les aventures de Cervantes .
Je n'avais aucune idée sur le sujet et très vite je me suis dit ' tiens il y a quelque chose qui ne colle pas dans l'histoire ' et pour cause , l'Binet imagine que les descendants d'Erik le Rouge se dirigent vers le Sud , que les Incas envahissent l'Europe et que Cervantes est prisonnier des Incas .
En Europe , les monastères sont remplacés par des temples du soleil , une grande liberté d'expression est autorisée , les hommes ne doivent plus obéir aveuglement aux lois divines et à ses représentants sur terre .
Là où arrivent les Conquistadors ( Incas ) , les peuples autochtones meurent de façon massive .
Thomas More va être exécuté parce qu'il ne veut pas reconnaitre le Dieu Soleil , Charles Quint et Luther sont les victimes collatérales de cette conquête .
Roman très original qui revisite l'Histoire , et si tout avait été différent , si la paix avait pris le pas sur la guerre que les hommes n'ont pas cessé de se livrer .
Un livre qui pose les bonnes questions , qui dérange un peu , qui fascine .
Une lecture intéressante que je recommande.
Merci à NetGalley et aux Éditions Grasset .
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Le pari un peu fou et franchement réussi de Laurent Binet d'écrire un roman en imaginant un renversement du destin des civilisations.Si nous ,fiers européens explorateurs, n'aurions pas découvert le nouveau monde mais que nous aurions été colonisé et découvert par les incas.
Cela aurai en effet changé pas mal de choses et les scénarios que l'on peut imaginer sont multiples et variés.
L'auteur en choisi évidemment un et le romance pour obtenir un résultat surprenant.
Ce livre permet de relativiser grandement la soit disant supériorité européenne et de se dire que l'histoire n'est rien d'autres que l'accumulation de fait sans contingence.Nous créons l'histoire et l'histoire fait de nous ce que nous sommes au final:des individus pris dans un faisceau de faits que nous ne maîtrisons pas forcément et qui peuvent être renversés .A lire pour méditer.
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Quelle joyeuse uchronie que voici, avec cette histoire du monde revue et corrigée par Laurent Binet !
Dans ce roman, l'auteur imagine que la fille d'Erik le Rouge apporte le fer aux Sud Américains ; que la découverte de ce continent par Christophe Colomb, 500 ans plus tard, en est toute chamboulée ; que l'empereur inca Atahualpa se voit contraint de gagner l'Europe, de s'affirmer pour y survivre, et d'y instaurer un nouveau régime.
J'ai adoré ce voyage distordu dans une dimension parallèle à la nôtre. Outre l'intrigue originale et drôlement bien agencée, c'est un plaisir de croiser des personnages réels dans des contextes fictifs. Binet déploie toute son érudition, mais avec une passion qui emporte le lecteur. J'ai été éblouie par sa façon de revisiter L Histoire avec une telle aisance.
Ce qui m'a également captivée, c'est que plus qu'une histoire de conquête et de colonisation, ce livre a un côté "Lettres persanes", qui propose de réévaluer la culture et la civilisation européennes sous l'angle inca. Et c'est à la fois saisissant et comique : "Ils [les catholiques] étaient obsédés par la question de l'endroit où ils iraient après leur mort, et du meilleur moyen d'être sauvés, c'est-à-dire d'aller au ciel rejoindre leur dieu cloué (qui pourtant devait revenir sur terre à une date indéterminée, si bien que Chalco Chimac pensait qu'ils risquaient de se croiser)." Il est donc beaucoup question de religion, mais aussi de guerre, et de... justice sociale.
L'écriture est riche et agréable, l'auteur s'offrant même le luxe de multiplier les styles selon les récits. J'ai toutefois eu l'impression, en milieu de roman, qu'entrainé par son élan historique, il a délaissé son style particulier pour écrire en tant que Laurent Binet, et cela m'a perturbée (il m'en faut peu, je le reconnais).
Mais cela reste un petit bijou d'audace, d'intelligence et de pertinence, qui instruit, fait rêver et même -presque- regretter que ce ne soit qu'une fiction.
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