De cet auteur, j'avais beaucoup aimé
HHhH sur l'assassinat du nazi Heindrich. Même si son dernier roman flirte avec l'histoire, Civilization est d'un genre différent puisqu'il s'agit d'une uchronie.
Laurent Binet s'en donne à coeur joie et met l'histoire cul par-dessus tête. Jugez plutôt :
Les Mayas découvrent l'art de forger le fer et le cheval grâce à l'arrivée d'envahisseurs Vikings menés par la fille d'Erik le Rouge, lesquels les contamineront au passage de quelques maladies de chez eux. Il y aura des morts jusqu'à ce que l'immunité apparaisse.
Ainsi, lorsque
Christophe Colomb débarque et à sa suite les conquistadors, ils vont trouver un peuple prêt à se battre avec des armes et résistants aux maladies de ces nouveaux envahisseurs. L'échec et la débâcle de
Christophe Colomb, on les découvre à la lecture de son journal.
On assiste avec plaisir à un revirement de l'histoire car, grâce aux bateaux saisis, ces mêmes peuples vont pouvoir conquérir l'ancien monde. Voilà Atahualpa, Sapa indien en guerre contre son frère, qui s'embarque depuis Cuba, en compagnie de la princesse cubaine Higuénamota, dans le but de rallier les côtes du nouveau monde. Après un voyage mouvementé, ils arrivent dans le port de Lisbonne où vient de se produire un violent séisme. de là, les indiens vont poursuivre leur périple à terre et, à force de ruses et de coups de force, s'imposer dans l'Espagne gouvernée par l'empereur Charles Quint.
Bien sûr, Atahualpa moins despotique que l'empereur, autorise la liberté de culte tout en imposant sa religion du dieu soleil et de la lune. Il va aussi importer les lamas et la culture du maïs, de la tomate et de la pomme de terre avec un siècle d'avance.
Toute la politique de l'Europe, et ses alliances en sont chamboulées et on assiste au choc des cultures avec guerres, trahisons, assassinats et autres sursauts de l'histoire. A ce moment de l'intrique, ça s'embourbe un peu et cette épopée guerrière finit par lasser.
La dernière partie imagine un
Cervantès fugitif qui finira caché dans la tour de Michel de
Montaigne dont il séduira la femme !
Il manque cependant à cette saga un peu de profondeur et, au milieu de ces guerres intestines, j'aurais apprécié une approche plus instruite de la culture maya. Au lieu de cela, on découvre le pastiche d'une civilisation qui tente d'intégrer une autre culture que la sienne tout en conservant ses rites et ses croyances.
Malgré cette réserve, j'ai trouvé plaisante la lecture de ce roman, truculent et inventif.