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sur 1286 notes
Une uchronie ambitieuse et parfois compliquée à lire et à décoder. Ce qui est sûr c'est qu'il s'agit d'une véritable performance de Laurent Binet qui réécrit L Histoire (plus d'infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/08/14/une-uchronie-ambitieuse-civilizations-laurent-binet/
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Intéressante idée de départ... décevante expérience de lecture.
Imaginer ce que l'Europe aurait été si Christophe Colomb n'avait pas "découvert" l'Amérique, mais si Atahualpa avait découvert l'Europe : voilà qui avait de quoi titiller ma curiosité.
Les Incas étendaient leur domination sur l'Espagne, puis sur ses dépendances, puis sur d'autres régions de notre continent. La religion chrétienne, déjà elle-même divisée entre catholiques romains et luthériens, se voyait submerger par le culte du Soleil, les lamas remplaçaient les moutons, le maïs remplaçait le blé, etc.
Hélas, mis à part ces quelques éléments anecdotiques, l'immersion dans cette Europe "incaïsée" (incanisée? incanifiée?) ne m'a clairement pas convaincu.
La prise de pouvoir d'Atahualpa, débarqué par hasard au Portugal avec sa suite de 200 fidèles, apparait comme des plus improbables ; les échanges épistolaires à rallonge n'apportent pas grand chose (même celui entre Erasme et Thomas More (qui n'étaient pourtant pas les derniers des imbéciles) ; le name dropping tombe à plat, qu'il s'agisse de personnages historiques peu connus (sauf des spécialistes, mais la manière dont ils sont introduits dans l'intrigue laisse à penser que leur existence même est porteuse d'une signification particulière... mais laquelle? se demande le béotien que je suis), sans parler des mentions complètement déplacées comme celle de Rabelais par Higuénamota, fidèle conseillère du Grand Inca, qui trouve judicieux d'évoquer le côté amusant du dernier écrit de cet auteur au milieu d'une lettre envoyée de Paris pour avertir Atahualpa, resté en Espagne, de l'invasion de la France par... les Mexicains.
Ajouter à cela un style sans éclat, presque scolaire, et vous comprendrez peut-être que j'ai lu les 150 dernières pages en 15 minutes, piochant un paragraphe par-ci par-là pour voir si un évènement d'importance survenait ou si le style évoluait. C'est donc une lecture que j'ai finie sans la finir. Décevante expérience, comme je disais. Et d'autant plus décevante que j'avais été subjugué par La Septième fonction du langage ou encore HHhH du même auteur, beaucoup plus enlevés, beaucoup plus riches en réflexions, beaucoup plus maîtrisés, à mon humble avis.
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Les vikings ont progressé plus au sud du continent américain, permettant des échanges plus conséquents que dans notre réalité avec les civilisations sud américaines.
L'arrivée de Christophe Colomb est ainsi complètement chamboulée et celui-ci ne revient pas en Europe après sa traversée de l'océan atlantique. N'ayant pas de nouvelles de lui, la conquête du nouveau monde par les puissances européennes n'a pas lieu. Au contraire, ce sont les Incas qui débarquent un beau jour sur les côtes portugaises…
Un roman qui pourrait être passionnant mais dont j'ai trouvé la lecture assez difficile. Une écriture pas forcément compliquée mais je n'ai pas accroché au style, au point de vue pris par l'auteur pour la description des scènes… pourtant j'ai bien aimé la description de la religion chrétienne, de la situation géopolitique en Europe vue par le biais des amérindiens.
La description aussi de la conquête de l'Europe par les Incas et le développement de leur religion, le Dieu Soleil, tout en étant plus tolérante que le christianisme envers les autres religions est aussi un pied de nez à l'histoire…
Et donc, malgré ces bons points, je reste déçu par la lecture de ce roman uchronique qui s'embourbe dans l'ennui petit à petit.
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J'aime beaucoup le principe des uchronies et Laurent Binet frappe fort. Si les Vikings étaient allés plus loin que le Groenland et avaient offert le fer, les virus européens aux habitants des Amériques, que ce serait il passé? Et bien Colomb aurait échoué, et les Incas auraient conquis l'Europe, voici la réponse de l'auteur! le jeu ensuite est de s'amuser à retrouver tous les clins d'oeil à l'histoire telle qu'elle a vraiment eu lieu, comme lorsqu'il transpose l'assassinat d'un Médicis, même moyen, même meurtrier, cadavre différent !
Bon, je dois reconnaître que c'est amusant, mais assez manichéen dans le dessin. le moins qu'on puisse dire est que Laurent Binet ne craint pas d'en rajouter quitte à tartiner épais, et qu'il passe sous silence quelques défauts de la civilisation inca, comme les sacrifices d'enfants drogués, pour rendre certains retournements de situation politiques plus réalistes, mais ils en sortent en fait moins réalistes, tant la ficelle est grosse.
Malgré ce tartinage a la truelle, c'est un roman amusant, qui peut se caler parfaitement, par exemple, entre deux auteurs au style plus exigeant.
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Cette dystopie est très intéressante . Laurent Bient, l'auteur, imagine que vers l'an mille, les Vikings débarquent en Amérique et y apportent chevaux, métal et maladies, de quoi fabriquer des anticorps pour les Incas, et surtout de quoi accueillir les conquistadors dans des conditions complètement nouvelles. Une fois convaincus de la brutalité et de l'avidité de ces derniers, ils vont se défendre et éliminer les flottes. Mais le mythe de la richesse de l'occident va faire son chemin, ainsi que les cours de langue donnés par,Colomb à une petite princesse, si bien que les Incas s'embarqueront pour l'Europe; ils arriveront au moment du tremblement de terre de Lisbonne. Soucieux du sort des plus modestes, ils pourront rallier à leur cause toutes les religions rejetées, prendre le pouvoir et mettre ne place des lois justes. La face de l'Europe va en être changée. On croise dans ce roman des personnages historiques de la Renaissance et des hommes de lettres humanistes. L'auteur s'amuse même à reprendre quelques lignes des "cannibales" de Montaigne donnant le point de vue des Incas.

C'est à la fois érudit et très agréable à lire!
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Il s'agit ici d'une uchronie. En effet, en partant de faits historiques réels, l'auteur va réécrire un pan de l'Histoire. En l'occurrence, il va revisiter l'histoire de Christophe Colomb et de sa conquête des Amériques. Que se serait-il passé si en fait, c'était les Incas qui avaient envahi l'Europe ?

Sous un postulat de départ des plus intéressants, Laurent Binet va dérouler son intrigue et mettre à mal les fait historiques. Tout débute donc à partir de suppositions et le talent de Binet va nous plonger dans une version revisitée de l'Histoire.

Le récit se déroule en quatre parties. La première va nous narrer les aventures de la fille d'Erik le Rouge. Cette partie est assez courte et constitue le prélude. La deuxième va nous narrer les aventures de Christophe Colomb, sous forme de journal de bord et totalement aux antipodes de ce que l'on sait réellement. Cette partie est très réussie à mon sens, je n'y ai ressenti aucun ennui. La troisième sera dédiée à Atahualpa. C'est la plus longue et la majeure partie du récit. Si elle reste passionnante, j'y ai parfois décelé quelques longueurs. La dernière sera consacrée à Cervantes, qui sera fait prisonnier. Cette partie n'était pas forcément nécessaire au récit, n'apportant rien de plus, mais elle reste intéressante à suivre.

J'ai trouvé cette uchronie particulièrement réussie. Pour réécrire l'Histoire, il faut connaître son sujet avant tout. J'ai senti le travail de recherche de Laurent Binet tout au long des pages. Il a du faire un grand travail de recherche en amont, et cela se ressent et est remarquable.

J'ai parfois reproché le manque du côté romancé. J'avais la sensation parfois de lire une série de faits historiques revisités à la suite, comme si cela ressemblait davantage à un essai qu'à un roman historique. Malgré tout, la lecture est restée fluide, l'auteur ayant eu la bonne idée de couper les grosses parties en petits chapitres. le style est très plaisant.

Il faut bien évidemment, de préférence, s'intéresser à cette période historique, pour être en mesure d'aimer ce roman. Une uchronie très réussie et à découvrir.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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J'ai été attirée par l'idée du roman, pleine de promesses, mais déçue par sa réalisation. le récit, qui se déploie du point de vue de différentes figures historiques, n'est qu'une succession d'aventures traitées de façon superficielle. La profondeur des questionnements et enjeux que soulève le choc des civilisations européennes et américaines n'est pas véritablement explorée.
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D'emblée, séduit par cette gageure historiquement excitante et malicieusement provocatrice que d'imaginer que la Conquista de 1492 ait échoué et que ce soit le Nouveau Monde qui soit en quelque sorte venu à nous.
Véritable plaisir de lecture que de suivre pas à pas à pas ce récit uchronique lesté d'un humour à froid et d'une érudition manifeste, qui produit un effet de déstabilisation dans ce qu'il nous place au beau milieu d'une réalité parallèle, d'une Histoire alternative que Laurent Binet parvient à rendre vraisemblable par l'enchainent laconique qu'il opère entre les épisodes historiques.
Malheureusement au mitan du livre lorsque les conquérants Incas prennent progressivement possession de l'Europe, le dispositif narratif s'enraye et débouche rapidement le plus souvent, sur un enchainement par trop mécanique des séquences historiques qui semblent sans mise en perspective , s'emballer comme si l'auteur comme enivré de sa propre trouvaille , ne se contentait plus que de laisser dérouler et dévider la bobine du fil conducteur de son histoire.
Le procédé semble alors tourner à vide et l'on se désintéresse en grande partie de ce qui n'est plus trop souvent qu'un empilements de personnages et de considérations géopolitiques sous lesquelles on croule ou dans lesquelles dans le meilleur des cas, l'on surnage.
Reste que cette option de l'uchronie , cette manière de réenvisager le cours historique d'événements et sa riche potentialité de mise en perspective politique gagnerait à être d'avantage exploité dans l'univers fictionnel en général et cela en lieu et place du tout à l'égout envahissant de l'univers de la Fantasy, le plus souvent barnum puéril , ontologiquement vide et politiquement inepte et inoffensif.
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Civilizations est une vaste blague: et si c'étaient les Inca qui avaient "découvert" et conquis l'Europe et pas l'inverse ? A partir des premières traversées viking (apportant maladies puis immunité) jusqu'aux premiers écrits de Cervantes, c'est tout un XVIème siècle revisité que nous offre Laurent Binet. Atahualpa sacré à Aix-la-Chapelle, une pyramide au Louvre, qui l'eut cru. Bon, ce n'est pas le livre du siècle; c'est souvent abracadantesque mais franchement c'est plaisant.

Au fait, Laurent Binet se moque beaucoup des Chrétiens. Si vous êtes chatouilleux sur le sujet, passez votre chemin. Si, au contraire, l'idée vous réjouit, faites-vous plaiz.
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Ce que j'aime chez Laurent Binet, c'est qu'il forme des projets fous et qu'il ne s'interdit rien ! Après avoir scruté l'histoire de deux hommes qui tentèrent d'assassiner Heydrich Himmler à Prague pendant la Seconde guerre mondiale en s'interrogeant sur la possibilité de relater cet épisode et revisité les conditions du décès de Roland Barthes de manière on ne peut plus fantasque, il imagine aujourd'hui que les Espagnols échouèrent à s'imposer en Amérique au XVIe siècle et que les Incas firent le trajet inverse à partir de Quito pour poser le pied sur le continent européen afin de le conquérir, avec intelligence et maestria. C'est évidemment toute la face de notre histoire qui en aurait été changée !

Les principaux protagonistes sont là : l'empereur Atahualpa et son frère, dont la rivalité trouve ici un nouvel enjeu, Charles Quint, bien évidemment, ou encore Francisco Pizarro. Mais les rôles sont redistribués et l'effet de miroir est parfaitement maîtrisé : là où les Espagnols jouèrent des conflits entre les différents peuples indigènes d'Equateur et les Incas qui voulaient les soumettre pour étendre leur empire, ces derniers utilisent ici l'opposition entre catholiques et partisans de la Réforme pour asseoir leur position.

Plus encore que dans les précédents romans de l'auteur, celui-ci, pour en goûter toute la saveur, demande sans doute de connaître un peu l'histoire dont il est question. Ayant eu la chance de passer mes vacances dans le pays d'où partent les personnages de ce roman, ma lecture a rétrospectivement été éclairée par tout ce que j'y ai découvert et appris. A vrai dire, je le relirais volontiers ce livre à la lumière de mes connaissances nouvelles !

Si j'avais un léger bémol à formuler, ce serait celui d'une enfant gâtée qui regretterait que Laurent Binet n'ait pas donné à son récit une forme aussi inventive et audacieuse que dans ses deux premiers romans. Mais peut-on vraiment lui en vouloir ? Il n'a pas cherché l'effet, et le propos est en lui-même suffisamment original et interessant pour donner toute sa puissance à l'oeuvre.

Lien : https://delphine-olympe.blog..
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