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EAN : 9782262034221
324 pages
Perrin (20/01/2011)
4.3/5   15 notes
Résumé :
Bismarck domine par sa stature et ses succès l'histoire européenne du XIX e siècle. Après avoir vaincu l'Autriche-Hongrie en 1866, il défait la France du Second Empire en 1870, ce qui lui permet de proclamer l'Empire allemand, sous la prééminence de la Prusse, dont il est le chancelier.


Pour mieux dominer le continent, ce pragmatique oriente les puissances adverses vers la colonisation au congrès de Berlin, tandis qu'il pose en Allemagne les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai eu envie d'en savoir un peu plus sur Bismarck après avoir lu l'an dernier un dossier dans le magazine L'Histoire sur le partage de l'Afrique. La vision fugace du personnage laissait penser qu'il n'était pas forcément le croquemitaine installé dans l'inconscient des Français par un siècle d'animosité germano-française.

Bon, au début cette impression n'a pas été confirmée. Jean-Paul Bled décrit un Bismarck très conservateur, arrimé à l'idée de grandeur de la monarchie prussienne, combattant les idées libérales et républicaines.
Rapidement les traits se précisent. Lorsqu'il détient les rênes du pouvoir en tant que ministre-président de Prusse il agit par pragmatisme, sans scrupules ni morale mais sans s'accrocher à une idéologie, un peu comme la vie qui emploie toutes les stratégies possibles pour se développer. Son objectif est une Prusse forte dans une Allemagne Unie qui domine la scène européenne. Pour l'atteindre, il joue toutes les tactiques possibles, de l'alliance à la menace de conflit et jusqu'au conflit lui-même s'il se révèle la stratégie la plus efficace. La guerre n'est pour lui que la continuité de la diplomatie.
Ainsi Bismarck doit d'abord élever la Prusse au niveau de l'Autriche, qui domine la Confédération germanique. Puis il impose sa suprématie après « l'inévitable » conflit (Sadowa), isole l'Autriche en l'excluant de l'union de la Petite Allemagne recherchée. Cependant il ne recherche pas son humiliation, contrairement à l'Empereur Guillaume Ier qui aurait voulu défiler à Vienne. Il cherche immédiatement à retrouver des rapports cordiaux.

Bismarck emploie aussi une stratégie guerrière pour parvenir à l'union allemande, en s'appuyant sur le sentiment anti-français. Il pousse habilement Napoléon III à déclarer la guerre, plaçant l'Allemagne comme l'agressée aux yeux de l'Europe. Jean-Paul Bled incite à penser qu'il commet une erreur en n'employant pas la même clémence envers la France qu'envers l'Autriche : l'appropriation de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, la proclamation de l'Empire Allemand à Versailles, sont autant de faits qui engendreront l'envie de revanche en France.

L'union réalisée, Bismarck devient une sorte de diplomate de la paix. Il place l'Allemagne dans une position de neutralité et parvient à étouffer plusieurs conflits latents entre nations, par exemple entre l'Autriche-Hongrie et la Russie. Cela ne va pas bien sûr sans arrière pensée : il faut maintenir la France isolée et éviter son éventuelle alliance avec la Russie. Il faut aussi satisfaire l'opinion allemande souvent plus va-t-en-guerre que le chancelier.

Bismarck a autant d'activité à l'intérieur de l'Allemagne. Une grosse part du livre décrit les multiples alliances et ruptures avec les libéraux ou les catholiques. C'est toujours le pragmatisme qui domine, jouant parfois le libre-échange, parfois le protectionnisme. L'idéologie n'est pas un levier de sa politique, à l'exception du socialisme qu'il combattra toujours. Pour l'affaiblir, il lance les premières lois sociales d'Allemagne.

La chute vient après l'avènement de Guillaume II en tant qu'empereur. Ce dernier ne supporte plus le vieux qui tient depuis des décennies les rênes du pouvoir entre ses seules mains jalouses. Il accepte sa démission. Guillaume veut utiliser et amplifier la primauté de l'Allemagne en Europe, quitte à se froisser avec les autres nations. Jean-Paul Bled indique que c'est cette attitude qui mènera finalement à la première guerre mondiale.

L'image de Bismarck est ensuite brouillée par les partis politiques qui cherchent à se l'accaparer, Hitler le premier. le mythe du personnage s'éloigne de l'homme, dérive parfois jusqu'à la caricature.

Un excellent ouvrage qui permet de prendre conscience de la complexité des relations internationales au 19ème siècle.
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Livre intéressant. J'étais curieux de découvrir l'épisode de la guerre de 1870, mais ce n'est qu'une toute petite partie du livre.
Par contre j'ai appris que c'est Bismarck qui a unifié l'Allemagne et constitué le Reich. C'est intéressant de voir comme il a oeuvré pour préserver la paix grâce à des alliances et une répartition des forces en Europe.
Ceux qui sont intéressés par le nombre de voix que chaque parti obtient lors des très nombreuses élections seront comblés;-)
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Belle biographie, pour les initiés !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L'objection de la fidélité des populations à la France est écartée, car les Alsaciens et les Lorrains sont des Allemands qui s'ignorent. Avec le temps, ils redécouvriront leur véritable identité. Treitschke s'illustre dans cette démonstration, où se lit l'opposition entre les conceptions française et allemande de la nation : "Ces pays, proclame-t-il, sont nôtres par le droit de l'épée, mais nous entendons en disposer en vertu d'un droit supérieur, le droit de la nation allemande, qui ne peut autoriser des fils perdus à se soustraire pour toujours de l'Empire allemand. Nous autres, Allemands, puisque nous connaissons et la France et l'Allemagne, savons mieux ce qui est bon pour les Alsaciens que ces malheureux. Contre leur propre volonté, nous entendons les rendre à leur véritable identité. L'esprit d'un peuple n'embrasse pas seulement la génération présente, mais aussi les générations passées. Nous invoquons la volonté des morts contre la volonté des vivants."
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Concernant l'incident d'Ablis du 8 octobre, où, au terme d'un combat de plusieurs heures, les francs-tireurs français se retirent avec une soixantaine de prisonniers, Bismarck réclame aussitôt que toute la population mâle de la ville soit pendue. Son courroux s'étend à l'ensemble des combattants. A entendre Bismarck, il faudrait cesser de faire des prisonniers. Les soldats africains notamment, proclame-t-il, n'ont droit à aucune pitié. Ces "bêtes de proie" sont à abattre sans autre forme de procès. "Tout soldat qui les fait prisonniers devrait être mis aux arrêts".
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Face à l'agitation croissante, Frédéric-Guillaume donne le spectacle de l'indécision. Ballotté entre des partis contraires, il commence par opter pour la voie des concessions. L'abolition de la censure et le rappel du Landtag uni sont annoncés. Le 18 mars, pourtant, la situation échappe à son contrôle : la troupe tire sur la foule qui s'est rassemblée sur la place du château royal. Loin de ramener le calme, cette intervention déchaîne un embrasement général. L'armée fait bientôt face à une ville livrée à l'insurrection. Des combats sanglants se déroulent toute la nuit. Le matin suivant, le bilan s'élève à 230 morts. Atterré par la tournure tragique des événements, Frédéric-Guillaume opère un revirement complet. Contre l'avis de ses généraux, il ordonne à ses soldats de cesser le feu et de se retirer de Berlin. Allant encore plus loin dans le reniement, il s'incline peu après devant les dépouilles des victimes, puis, deux jours plus tard, arbore les trois couleurs de la nation allemande, noir, rouge et or. S'adressant aux Berlinois, il tient une harangue propre à stupéfier son entourage : "Je porte ces couleurs qui ne sont pas les miennes, mais je ne veux ni couronne ni autorité, je veux la liberté de l'Allemagne, l'unité de l'Allemagne." Dans une proclamation affichée le même jour, il conclut : "La Prusse se fond dorénavant dans l'Allemagne."
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Bismarck entre dans cette guerre sans haine pour la France. Non que ce sentiment lui soit étranger. Bien au contraire, il l'a déjà exercé contre certains de ceux qui ont eu le malheur de se mettre en travers de sa volonté. Mais il se refuse à en faire un des ressorts des rapports entre les États, qu'il voit seulement déterminés par les intérêts. À défaut de haine, il marque à la France un mépris qu'il ne cherche nullement à cacher. Pour l'exprimer, il a des mots très durs. À Moritz Busch, un de ses proches, il confie : "Les Français ne sont pas aussi exemplaires qu'on a coutume de le dire. Comme nation, ils ressemblent à certaines gens de nos classes inférieures. Ils sont étroits d'esprit et brutaux, forts physiquement, fanfarons, impudents et, par leur comportement arrogant et violent, ils s'attirent l'admiration de ceux qui leur ressemblent." Décidément, rien de ce qui est français ne trouve grâce à ses yeux : "La France est une nation de pantins", continue Bismarck. Les Français ne pensent ni n'agissent en individus, mais comme une masse. "Ils ressemblent à trente millions de nègres serviles."
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La presse est un autre levier pour agir sur l'opinion. En 1862, entre la presse gouvernementale et la presse libérale, la balance n'est pas égale. Aux 200 000 lecteurs de la Kreuzzeitung répondent les 1 250 000 des journaux libéraux. Bismarck s'emploie à corriger ce déséquilibre. Cette action prend une double forme. Il s'agit d'abord de gagner de nouveaux titres au camp gouvernemental. Une politique de subsides aide à retourner des consciences et à convaincre plusieurs journaux d'apporter leur soutien au gouvernement. Sans jamais apparaître personnellement, Bismarck s'assure dans la Norddeutsche Allgemeine Zeitung une tribune dont il se servira désormais régulièrement pour faire passer des messages à l'intention de l'opinion, voire des chancelleries étrangères. La répression est l'autre volet de cette politique.
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La Chorale des dames de Chilbury de Jennifer Ryan et Françoise du Sorbier aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/108515-article_recherche-la-chorale-des-dames-de-chilbury.html
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Ragdoll de Daniel Cole et Natalie Beunat aux éditions Pocket https://www.lagriffenoire.com/104626-article_recherche-ragdoll.html
Les Chasseurs de gargouilles de John Freeman Gill et Anne-Sylvie Homassel aux éditions Belfond https://www.lagriffenoire.com/108123-divers-litterature-les-chasseurs-de-gargouilles.html
Filles de la mer de Mary Lynn Bracht et Sarah Tardy aux éditions Robert Laffont https://www.lagriffenoire.com/105443-divers-litterature-filles-de-la-mer.html
Sophie de Habsbourg de Jean-Paul Bled aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/104945-encyclopedie-sophie-de-habsbourg---l-impera.html
Le Bruit du silence de Léa Wiazemsky aux éditions Pocket https://www.lagriffenoire.com/108541-article_recherche-le-bruit-du-silence.html
Dans l'équipe de Staline de Sheila Fitzpatrick aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/106913-encyclopedie-dans-l-equipe-de-staline.html
L'Espoir des Neshov (4) de Anne B. Ragde et Hélène Hervieu aux éditions 10-18 https://www.lagriffenoire.com/108548-article_recherche-l-epoir-des-neshov.html
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