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EAN : 9782213620862
639 pages
Fayard (22/09/2004)
3.7/5   5 notes
Résumé :

Dans l'esprit d'un Français, Frédéric II est associé à la figure de Voltaire. Si tumultueuse que leur relation ait été, il lui apparaît d'abord sous les traits du roi-philosophe ami des Lumières. Probablement lui évoque-t-il encore le nom de Rossbach et le lamentable désastre du maréchal de Soubise, que l'on vit longtemps comme le signe du déclin de la monarchie française. Roi-philosophe, roi-capitaine, ces deux titres suffisent à lui valoir le qualifica... >Voir plus
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Une biographie très riche sur un roi qui a marqué durablement l'histoire européenne. Ce n'est pas aisé de suivre en détail ses deux guerres majeures, la guerre de Silésie et la guerre de sept ans, car la scène européenne comptait de nombreux belligérants ; les alliances s'avéraient non fiables.

Sa première guerre l'oppose à l'Autriche de Marie_Thérèse ; victorieux, il annexe la Silésie. Il était jeune, il était mû par la soif de la gloire. Ca vaut la peine de regarder la carte de l'époque : la Silésie était une province étendue et riche, comptant un million d'habitants.

La guerre de sept ans : le renversement des alliances a été un moment décisif que Frédéric n'a pas su anticiper. La France, jusqu'alors alliée à la Prusse, passe dans le camp opposé et s'allie à l'Autriche, afin de combattre l'ennemi commun, le roi de Prusse. Comme son père, surnommé le Roi Sergent, Frédéric II menait lui-même ses troupes. Il aurait pu se faire tuer maintes fois. Cette longue guerre finit avec une paix blanche (ni annexion ni indemnité) pour la Prusse, mais elle confirme les acquis précédents. Cependant, le pays ravagé nécessite des travaux de rétablissement.

Quelques années plus tard, le partage de la Pologne (entre la Prusse, l'Autriche et la Russie) permet à la Prusse d'acquérir encore des territoires, cette fois-ci à l'est. Ce partage a déçu un certain nombre de ses contemporains, car le roi se voulait un despote éclairé. Dans sa jeunesse, il se targuait d'être l'Anti-Machiavel … Tous ces épisodes glorieux ont permis au royaume agrandi de s'imposer comme « un membre à part entière du système pentarchique autour duquel le concert européen va s'organiser » p441. (pentarchie = dans ce contexte, les cinq membres : La Grande Bretagne, la France, la Prusse, l'Autriche, la Russie).

Le roi maitrisait sur le bout des doigts les affaires de son royaume. « Quarante-six années durant, le monarque n'a cessé de tenir les fils du pouvoir, les ministres et l'administration n'agissant que comme les exécutants d'une politique qu'il avait définie jusque dans les plus petits détails ». p584

« Pénétré de la supériorité de la culture française », Frédéric rédigeait toute sa correspondance, ses poèmes et ses autres textes littéraires ou philosophiques en français. Il estimait que « l'allemand n'a pas encore atteint le niveau d'une langue de culture. A la différence du français, il n'a pas connu l'action de règles unificatrices si bien qu'il reste un instrument médiocre ». p525

L'amitié avec Voltaire se traduisit par des relations tourmentées. Lors de son séjour chez le roi, le philosophe ne se plie pas aux usages, il intrigue, il n'a d'ailleurs jamais été un sujet obéissant. Il plie bagages. Sur la route de retour, à Francfort, sur l'ordre du roi, il est séquestré pendant un mois chez le margrave de Hesse, afin de rendre à Frédéric II des poésies et des lettres appartenant à celui-ci (il les réclamait car il les jugeait confidentielles).

Frédéric II régnait avec une cour réduite au strict minimum. Il s'était entouré de quelques amis cultivés qu'il conviait aux dîners philosophiques de Sans-Souci à Potsdam. (Voir le tableau d'Adolph Menzel, peint un siècle plus tard). C'était des dîners entre hommes. Il a délaissé son épouse Elisabeth-Christine, reléguée au Château Schoenhausen, dans les environs de Berlin. Il n'a pas eu d'enfants, son neveu lui a succédé au trône. Pendant son adolescence, il a eu beaucoup à souffrir des rigueurs paternelles. Est-ce que cela explique sa misanthropie ? Difficile à dire. Il avait souhaité se faire enterrer sur la terrasse de son château, aux côtés de ses deux chiens bien-aimés. Dans un premier temps, son successeur le fait inhumer dans la même église où reposait son père. Ce n'est qu'en 1991 que les cendres du roi rentrent à Sans-Souci.

Est-ce que Frédéric II a été le précurseur de l'unité allemande ? L'historiographie allemande à l'époque de Bismarck proclamait cette continuité. Cependant, Jean-Paul Bled n'est pas de cet avis : « Frédéric ne pense pas selon de catégories nationales. » p591

On l'appelait Frédéric le Grand de son vivant ; il était le dernier à porter un tel sobriquet : plus tard, dans le sillage de la révolution française, l'idée de nation éclipse en quelque sorte le culte du monarque.

Je clos ce résumé par un épisode méconnu qui n'est pas cité dans cette biographie, je l'ai découvert sur wiki. Lorsque les finances étaient à sec, Frédéric II a manipulé la monnaie pour financer la guerre : la quantité d'argent contenue dans les pièces fut diminuée et remplacée par le cuivre. Cela restait invisible pour le citoyen lambda. On appelait ces monnaies les ephraimites, d'après l'entrepreneur Veitel Heine Ephraim qui a réalisé l'opération à la manufacture de Lepzig, sur l'ordre du roi. Après la guerre, les pièces furent retirées de la circulation.

Une biographie qui donne à réfléchir sur l'histoire européenne et sur l'action d'un despote éclairé ET guerrier.
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Roi de Prusse de 1740 à 1786, Frédéric II, dit le grand, ou affectueusement "le vieux Fritz »est un précurseur de l'unité allemande que réussira Bismarck. C'est ainsi que tout son règne durant, il n'aura de cesse d'agrandir son royaume, notamment en annexant la Silésie au détriment du royaume d'Autriche tenant ainsi tête durablement à sa grande rivale Marie –Thérèse, ennemie pour qui il avait cependant un infini respect en raison de sa combativité et de son sens politique.
Il est à l'instar de ses" confères ou consoeurs" Marie-Thérèse et Joseph II d'Autriche Catherine II de Russie un monarque despote éclairé. Autoritaire, il gouverne et décide seul, réduit ses ministres, et collaborateurs au rang de subordonnés ; à contrario il est le premier serviteur de l'Etat.
Francophone et francophile il entretiendra une assez longue amitié avec Voltaire. Il fut un philosophe assidu, et un amateur d'art, et un flutiste honorable.

De Jean-Paul Bled, j'avais déjà lu il y a de nombreuses années la passionnante biographie de François-Joseph. Grand spécialiste du monde germaniste, il signe ici un excellent ouvrage à propos d'un souverain plus méconnu, et qui pourtant à l'instar de son sens de l'Etat, de son legs, et de ses relations avec les souverains de son temps.

Cet ouvrage bien que consistant, abondement documenté, et complet se veut ouvert, abordable, et fort bien écrit. Il éclaire sur bien des points, et surtout sur un personnage important, le développement de Berlin, et le va et vient permanent en Europe centrale expliquant bien des choses du futur.

Si l'on aime l'histoire, il ne faut surtout pas se laisser impressionner, et, au contraire se laisser porter par la passion que voue l'auteur à son sujet ; passion qu'il aime à transmettre sur les salons littéraires : toujours disponible et jamais avare de pédagogie,


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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