Merci à la masse critique de Babelio et aux éditions du Felin pour la découverte de ce livre.
J'ai été un peu déçue par sa lecture:
D'abord il est très fractionné et abrégé, ce qui est totalement assumé par l'auteur/traducteur: en effet le traité original est divisé en 15 livres, dont un tiers est consacré à l'art militaire et tactique, à l'instar de
l'art de la guerre de
Sun Tzu, auquel il est d'ailleurs comparé, et cette partie fait l'objet d'une édition à part entière, qui ne figure donc pas ici. C'est expliqué. Mais même en tenant compte de cela, il y a énormément de "(...)" indiquant des coupes dans le texte, probablement pour une meilleure lisibilité, mais on sent que le texte n'est pas complet et ça a un côté très frustrant, très agaçant!
Quand je lis "Les sept éléments constitutifs de la souveraineté sont le roi, le ministre, le pays, le trésor, l'armée et les alliés." déjà, je n'en compte que 6, bizarre; ensuite quand une note de bas de page me dit "nous avons choisi d'en présenter quatre dans cette édition", je tique, surtout qu'il y a quatre lignes pour le trésor par exemple (c'est peu!)... et quand je vois le chapitre (enfin, le livre) 7, avec une note de bas de page disant qu'il s'agit en fait du chapitre 8 dans le traité original, je trouve ça idiot. Autant mettre "chapitre 7: non abordé ici", puis "chapitre 8: vices et calamités du royaume".
On a droit aussi à une introduction, mais pas à une conclusion. Sans doute pour nous laisser à notre propre réflexion, mais je pense qu'il y avait tout de même moyen de clore le livre moins abruptement que par trois lignes en italiques, qui résument le chapitre précédent (pour dire en plus qu'il faut éviter les problèmes, et les résoudre s'il y en a quand même: je crois que je n'ai jamais rencontré personne qui se dise qu'avoir des problèmes c'est trop cool...)
Ensuite les conseils peuvent sembler très avisés, mais honnêtement! Quel est l'intérêt de dire " le meilleur ennemi, car facile à vaincre, est celui qui ne vient pas d'une famille royale, qui est vorace, qui est entouré de ministres médiocres et de sujets déloyaux, qui agit toujours de façon malhonnête, présente un caractère inconstant, dépend des plaisirs de bas niveau, peu enthousiaste, croyant dans le destin, peu discret dans ses actions, impuissant, faible, impotent et toujours injurieux" Ca! si l'ennemi a tous les défauts, c'est pratique, ça tombe sous le sens... Et pas mal de conseils sont à l'avenant: pour résumer, c'est mieux si le roi et ses ministres sont parfaits, sans défauts, ont un pays riche et des sujets loyaux... Je ne suis pas sûre que ce soit un scoop!
(Après, je reconnais qu'il n'est pas inutile de répéter les conseils qui paraissent évidents, on en a parfois besoin)
En revanche, là où j'ai trouvé cet art de la gouvernance bien plus intéressant, c'est dans les dialogues entre Kautilya et les autres maîtres Visalaksha, Parasara, Pisuna, etc. pour les critères de choix des ministres, ou sur les vices et les calamités du royaume (dernier chapitre de cette édition). Ces débats donnent matière à réfléchir et à retrouver divers points de vue. Hélas ces dialogues sont bien courts par rapport au reste de platitudes alignées par le livre.
un glossaire et une courte bibliographie le complètent.
Bref, un ouvrage non dénué de qualités, mais beaucoup plus frustrant que pédagogue, qui personnellement m'a pas mal ennuyée tout en me laissant sur ma faim, un comble!