Chacun son tour dans les bras de grand-mère...

Et voilà. Dévoré ce "Chacun son tour dans les bras de grand-mère" de Fred Bologsen, qui est en fait le premier de la série. Et j'espère d'une longue série.
L'histoire se passe en Corse, à Ajaccio, sa ville natale, où Joseph Corti est missionné afin d'identifier le ou les tueurs qui éxécutent depuis quelques moins, indépendantistes et hommes du Milieu, et sans laisser aucune trace ou indice.
Ce premier polar est aussi quelque part prétexte à mieux cerner ce flic atypique aux méthodes pas toujours très orthodoxes. Oui, mais efficaces.
On apprend ainsi qu'il est orphelin de père et de mère depuis l'année de ses 18 ans. du coup, "ce flic n'a pas besoin d'être le modèle pour des parents, des enfants ou une épouse". Il est de surcroit célibataire.
Seul lien familial, un oncle et une tante à Sète.
On découvre déjà la forte tête qu'est et sera le commissaire Corti, sortit dernier de sa promo, et ce à cause d'une histoire de femme. On y découvrira non seulement son sens de l'intuition, son côté chien de chasse, son respect pour la parole donnée, mais également son humour et sa tenacité.
Corti est un homme libre, en harmonie avec lui-même, qui marche la tête haute.
Une enquête pleine de personnages truculents que l'auteur nous dessine en seulement deux coups de crayon et ils nous apparaissent devant les yeux.
Un premier polar annonciateur de la qualité et du plaisir grandissant que seront les suivants.
Et je suis bien placée pour l'écrire...puisque je les ai lus.

Autant le dire de suite, le roman policier n'est pas ma tasse de thé, et je préfère de loin les classiques: Balzac, Zola, Maupassant, Hugo, Joseph Kessel, et de nos jours, Jérôme Ferrari, Laurent Gaudé, Modiano, Michel del Castillo, David Foenkinos, etc...et j'en oublie. Ah oui, j'oubliais Laetitia Colombani et ses "tresses", Alice Zineter et les autres.
Alors, quand une amie, plutôt férue de ce genre littéraire m'a dit," Tu devrais lire celui-ci, il devrait te surprendre", j'ai pris. J'ai lu, et...j'ai été surprise! Parce que "Chacun son tour dans les bras de grand-mère" est d'une fluidité de style particulière, on a vraiment envie de lire le chapitre suivant et de savoir ce qu'il s'y passe. Il y a de l'humour, de l'action, une dose d'érotisme, et ce commissaire Corti, vous savez quoi?, je le trouve très sympathique dans son rapport à l'Autre, les sympas, et surtout ceux qui le sont moins, et j'aime bien son côté franc tireur.
Alors, je suis allée jusqu'au bout de l'enquête. J'ai refermé le roman policier. N'étant pas spécialiste en la matière, puisque c'est le premier que je lis, je dirai ce que je dis d'un bon vin (domaine où je ne bénéficie d'aucune qualité d'oenologue): il est "bon", j'ai aimé.
Et vous savez quoi? Je vais reprendre une autre bouteille. Mais du même! Une cuvée Jo Corti! Et là j'hésite, parce que j'ai vu qu'il y avait une cuvée 2019, et une 2020!!!

Fred Bologsen fait partie de ces anciens flics de terrain qui ont beaucoup de choses à dire et à raconter, tels Guillaume Laurent, Olivier Norek, et d'autres.
Sauf que dans les romans de cet auteur montpelliérain, on en termine avec les flics de tous genres à problèmes personnels et /ou professionnels, les addictions multiples et variées, les problèmes dans les rapports avec l'autre. Son héros, le commissaire Joseph Corti aime la vie et elle le lui rend bien -la gent féminine également-, dit ce qu'il pense - ce qui n'est pas sans lui occasionner quelques problèmes avec les mauvais coucheurs (la preuve, sa sortie en dernière position de l'école des commissaires)-, et interprête allègrement les vides juridiques laissés par le législateur, enquêtant ainsi de manière pas toujours orthodoxe, mais ö combien efficace.
Fred Bologsen nous réconcilie -enfin- avec le flic "héros",perdu de vue depuis quelques décenies par trop d'auteurs. de plus, Joseph "Jo" Corti a de l'humour, aime les livres et les belles lettres, et c'est très bien, car dans chacun de ses polars, l'auteur nous cite, via son commissaire, des noms de romans et d'auteurs que je ne connais pas.
Cette enquête "Corse" allie l'humour, (j'ai beaucoup aimé ces deux petits vieux qui commentent la presse et les assassinats de la veille), l'action, le suspens, et une touche de sexualité (oui, oui, je l'écris), qui met encore plus de piment à l'histoire.
Er Fred Bologsen nous entraîne dans la -ou les- direction(s), qu'il souhaite prendre, pour nous y perdre quelque peu.
Mais pour notre plus grand plaisir.

J'ai lu ce premier opus après "Montpellier Confidential", et ce "Chacun son tour dans les bras de Grand-mère..", plante le personnage du commissaire Corti. On y découvre les explications à sa dernière place de l'école des commissaires de Saint-Cyr au Mont d'Or, son début de carrière professionnel, son statut "d'orphelin", et du coup, l'on comprend mieux que cet homme de 40 ans, au caractère trempé, n'ayant pas à être le modèle de qui que ce soit, vit sa vie, de façon totalement libre. La preuve, son attitude lors de la rencontre avec son nouveau directeur de la PJ.
J'ai adoré les deux petits vieux qui prennent leur café dans un bar de Cauro, et que l'on retrouve régulièrement après chaque assassinat pour les commenter.On s'y croirait. de plus, on y apprend de nombreuses expressions idiomatiques locales!
L'auteur nous embarque encore une fois, où il veut, pour nous y perdre, nous faisant douter quant à l'identité du coupable, et quand on croit nous en approcher, il nous en éloigne.
Les personnages, nombreux, sont bien campés, décrits en peu de mots, mais l'essentiel y est pour les visualiser, le style est efficace avec une belle dynamique dans l'écriture.
J'ai pu acheter chez Sauramps Comédie à Montpellier "Pour une poignée de kebabs", tome 3, que je viens de commencer.
Il démarre fort, très fort même!!!

Chacun son tour dans les bras de grand-mère
Un ancien commissaire du type boulimique d'écriture convulsif de l'agencement des mots et de la résolution d'enquêtes donne vie à Jo. Jo Corti. Il s'amuse à promener son personnage partout où le crime demande un fin limier. Par exemple dans ce premier roman, il lui confie un travail ambitieux. Cinq meurtres, ce n'est pas rien, d'autant plus que ces collègues de l'île de Beauté se grattent la tête et pataugent. Seuls deux petits vieux, boivent le café tranquille et commentent à leur manière ceux qui tombent dans les bras de grand-mère. Jo qui n'est pas un premier de cordée à l'école de police va poser ces pieds dans cet imbroglio. Son flair, hors du commun, son humour bien dosé, son amour des femmes et de la vie, bien marqué et sa passion des livres vont éclairer son enquête et le récit que nous propose Fred. Un polar ficelé comme il se doit, imprévisible, rebondissant, hilarant, qui donne envie de tourner les pages et de s'endormir le plus tard possible….dans les bras de grand-mère.