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EAN : 9782905691880
40 pages
Atelier de Creation Libertaire (01/01/2003)
3.54/5   25 notes
Résumé :
Les dernières élections municipales furent marquées, entre autres, par la multiplication de listes se réclamant d’une démocratie dite « locale » ou « participative ». Ce phénomène est l’aboutissement d’une longue recherche visant à ’émergence de nouvelles modalités d’action politique démocratique. C’est aussi le sens de ces quelques textes de Murray Bookchin, dans lesquels il revient sur quelques aspects historiques concernant l’émergence de la cité et de l’espace p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce texte relativement court (30 p.) est déjà presque un résumé à lui seul, où la concision n'enlève rien à la précision du propos.

En dichotomisant les domaines de l'activité sociale entre lieu de travail et lieu de vie, respectivement usine et commune, Bookchin cible la première comme principal lieu de la domination. Il en tire une critique de « l'Economisme » hérité des penseurs (même Socialistes) du XIXème siècle, prépondérant dans l'analyse politique au détriment de la morale. Ce « désintérêt de l'éthique » servira à lancer la critique d'une sorte « d'embourgeoisement » dans la pensée marxienne et anarcho-syndicaliste ne permettant pas de dépasser la distinction de classe, montrant ainsi la nécessiter de repenser les rapports sociaux avant tout au sein de la communauté - là où l'on vit ensemble - plutôt que par l'intermédiaire de l'usine, circonscrite pour l'auteur à « dresser [les Hommes] aux réflexes de la subordination, de l'obéissance et du labeur abrutissant » et invitant ainsi à replacer la commune en foyer de l'émancipation.
Il prend soin de redéfinir la « Politique » à partir de la « polissonomos » athénienne (gestion de la cité) en pointant la nécessité d'une vision commune de la « civitas » romaine (union des citoyens) et ouvre la discussion quant aux méthodes envisageables pour instaurer une organisation démocratique libertaire hors des cadres de l'État, qu'il qualifie « [d]'artefact particulier produit par les classes dirigeantes, [de] monopole professionnalisé de la violence dont le but est d'assurer l'exploitation et la sujétion de l'humain par l'humain ».
Selon lui, en retrouvant un caractère civique par la Politique, le citoyen passe « d'objet passif à sujet actif » en prenant part à la vie de la cité par son implication dans l'administration de celle-ci, favorisée par l'échange « délibératif, rationnel et éthique ». Judicieusement, Bookchin reprend Rousseau en insistant « sur le fait qu'un pouvoir ne peut se déléguer sans se détruire », incitant de fait à remettre en cause nos systèmes dits « représentatifs ».
Loin des dogmes (et même explicitement contre eux dans le texte), conscient de la complexité inhérente aux sociétés humaines Bookchin expose les concepts généraux et adaptatifs fondamentaux ayant montré leur pertinence dans la concrétisation d'une société horizontalement autodéterminée. Il appelle à une Politique « organique » qui émerge « à partir du niveau de base de la consociation humaine ». Ce faisant, il ne manque pas de critiquer le caractère réfractaire de l'Anarchisme envers le parlementarisme, arguant que le participation démocratique à l'édification d'un sens commun n'est pas contraire aux principes anarchistes dans la mesure où celle-ci est définie « clairement comme allant contre l'Etat » et se fonde sur les outils historiquement présents, comme les conseils communaux, témoignant des « buts associatifs profondément humains qui traversent les âges au fond de l'esprit de l'homme ».

Sans omettre d'aborder la question d'un fédéralisme entre les communes, l'ouvrage propose une réflexion fondée sur un recul historique et critique des divers apports théoriques et pratiques issus des courants socialistes visant à parvenir concrètement au Municipalisme Libertaire.

La postface de John P. CLARK (17 p.) est quant à elle d'une grande pertinence, revenant sur les mots durs de Bookchin envers les marxistes et anarcho-syndicalistes, notamment en évoquant les conquis sociaux des luttes passées ; mais surtout offrant des perspectives concrètes à la pensée de l'auteur en abordant les différentes expériences contemporaines des Zapatistes du Chiapas, des Kurdes du Rojava ou encore des Boliviens d'El Alto, toutes inspirées, avec quelques nuances, des concepts libertaires défendus par Bookchin.

Ce texte de 1984 témoigne beaucoup de force dans ce qu'il cherche à apporter une réponse programmatique libertaire concrète aux enjeux de la fin de siècle ; enjeux qui sont toujours les nôtres en ce XXIème siècle : repenser notre organisation sociale dans une perspective Écologique, entendue dans son sens le plus complet, c'est-à-dire « systémique ».
Il vient en parfait complément avec le précédent opus de 1982 dans lequel Bookchin définit l'Ecologie Sociale.
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ARTICLE PUBLIE PAR JEAN-BAPTISTE BEGAT le 10-03-2017 dans les Clefs du Moyen-Orient :
Murray Bookchin , bien que relativement méconnu en Europe , fut l'un des penseurs anarchistes les plus influents et prolifiques du XXème siècle . Né dans le Bronx en 1921 de parents russes juifs exilés aux Etats-unis , il se tourna rapidement vers la pensée anarchiste qui convenait le mieux à ses idées libertaires . De sa jeunesse trotskiste et syndicaliste , il conserva toutefois la conviction que l'anarchisme ne doit pas définir la liberté sur un mode négatif ( rejet de l'autorité ) , mais plutôt sur la compréhension de la relation entre l'individu et sa société . Sa dette non reconnue en ce sens à l'égard de Joseph Proudhon , dont la pensée remarquablement profonde se résume mal dans sa fameuse phrase : " se distinguer pour être , s'unir pour être plus " , est importante .......
Les kurdes du Rojava ( Kurdistan Syrien ) expliquent que leur évolution cruciale d'orientation politique se reconnait principalement dans la redéfinition des enjeux de la lutte kurde synthétisée par Abdullah Öcalan , leader historique du PKK ( considéré comme un terroriste par les états-unis alliés épisodiquement avec la Turquie et aussi par l'union Européenne ) . Emprisonné par la Turquie sur l'île déserte d'Imrali depuis 1999 , celui que les kurdes surnomme affectivement Apo a pu repenser en profondeur la réponse à apporter à la question kurde .
Cette démarche , dont le parcours intellectuel avec celui de Nelson Mandela en prison est relativement proche l'a notamment amené à comprendre que le projet d'un Kurdistan ethniquement kurde était irréalisable et donc que tout projet politique crédible devait prendre en compte et composer avec la pluralité ethnico-nationale intrinsèque de la région . Ce parcours intellectuel doit beaucoup à la lecture en prison par Öcalan de l'oeuvre du philosophe anarcho-libertaire Murray Bookchin .
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Peu lu et peu connu en France, Murray Bookchin met au centre de ses écrits la démocratie participative qui alimente justement beaucoup de débats et réflexions notamment lors des différents « mouvements des places », et se trouve mise en pratique de façon radicale par les zapatistes et les kurdes du Rojava par exemple.


Article complet en suivant le lien :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Un plaidoyer du penseur anarchiste américain Murray Bookchin pour ce qu'il appelait le municipalisme libertaire, c'est-à-dire une forme de démocratie participative et communale. Intéressant.
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J'entendais parler de Bookchin, à la rencontre des militantismes écologistes et libertaires et j'ai donc lu. le texte est court, peu développé et fait évidemment l'impasse sur les conditions psychologiques et sociales de réalisation de l'idéal présenté. L'anarchisme, c'est beau, mais on ne sait jamais comment on y va et comment le modèle tient dans la durée. La croyance s'impose donc ici encore à la science, politique pour celle qui nous concerne.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L‘État, nous le savons, est un artefact particulier produit par les classes dirigeantes, un monopole professionnalisé de la violence dont le but est d’assurer la sujétion et l’exploitation de l’humain par l’humain.
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Le lieu civique, que ce soit la polis, la ville ou le quartier, est littéralement le berceau du processus de civilisation des êtres humains au-delà de la socialisation accomplie par la famille. 
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Un des buts nécessaires du socialisme sous la forme libertaire et utopique sera l’abolition de l’usine par une technologie écologique, par le travail créatif, et, affirmons-le, par des dispositifs cybernétiques créés pour satisfaire à des besoins humains.
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Les mots de l’expression « démocratie représentative » se contredisent mutuellement. 
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Lecture : Murray Bookchin et la révolution en Aragon, par Floréal Romero Lecture du livre Agir Ici et Maintenant de Floréal M. Romero - Partie 1, Chapitre 2, Section 5 : La révolution en Aragon, le confédéralisme en action.
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