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EAN : 9782021459654
288 pages
Seuil (04/02/2021)
3.48/5   75 notes
Résumé :
Lucie est conservatrice d’un petit musée de l’Oise. Rien ne va vraiment mal dans sa vie, rien ne va vraiment bien non plus. Le jour où une amie l’embarque dans un groupe de prière, son existence prend une couleur plus joyeuse. Elle se sent revivre. D’autant que le Berger et maître à penser de la communauté lui fait intégrer le cercle restreint des initiés. Sans le mesurer, elle consacre bientôt toute son énergie à la Fraternité, négligeant son entourage. L’incompréh... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
3,48

sur 75 notes
En racontant l'histoire de Lucie, Anne Boquel m'a entraîné dans la spirale infernale de l'emprise psychologique d'une secte religieuse et de son gourou, le Berger.
C'est poignant, angoissant et au final, passionnant. J'ai eu, par moments, l'impression d'être dans un polar. Voilà encore un livre que je n'aurais sûrement pas lu si Babelio et les éditions du Seuil ne me l'avaient gentiment proposé. Je les remercie d'autant plus que l'immersion que j'ai vécue au cours de ma lecture, au fil de l'excellente plume d'Anne Boquel, m'a tenu en haleine jusqu'au bout.
Lucie, à vingt-neuf ans, est conservatrice d'un musée d'art religieux à Bessancourt, entre la forêt de Montmorency et l'A 115. Très consciencieuse, elle qui est titulaire d'une thèse sur l'héritage de l'art byzantin dans l'art roman, n'est pas heureuse. Elle vient de rompre avec Louis. Elle est lasse et ce ne sont pas ses relations avec ses parents qui la réconfortent, elle, qui est timide, vulnérable, sans attraits.
Voilà que Mariette, employée au musée, l'entraîne un dimanche à la Fraternité où l'accueil est chaleureux. Prières, chants, incantations, cordialité, simplicité, échanges plaisent à Lucie, subjuguée par le Berger, Thierry, qui harangue les fidèles et s'entoure de beaucoup de mystère.
Dans cette secte affiliée à l'église évangélique de France, si l'on est accueilli, il faut donner aussi puis se conformer aux préceptes, se priver de nourriture, pratiquer le yoga, méditer… et se rapprocher ainsi des meilleurs membres. Bref, l'emprise psychologique est lancée et Lucie, prise dans les filets d'une captation bien organisée, plonge de plus en plus.
Avec beaucoup de talent, Anne Boquel montre, par petites touches, l'engrenage infernal qui rend Lucie heureuse mais captive, prête à tout pour s'attirer les faveurs du Berger.
Non seulement sa vie personnelle est bouleversée pas sa pratique assidue mais elle commet l'irréparable en cédant aux demandes pressantes de Thierry qui exige un prêt d'objets du culte appartenant au musée. Comme ils sont encore dans la réserve, Lucie cède après avoir beaucoup hésité, se méfiant, à tort, de Yves, le restaurateur de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles). Elle, si consciencieuse, si pointilleuse dans l'exercice de son métier, ne parvient pas à réagir.
Son musée a peu de succès malgré ses efforts. Sa vie sentimentale est au point mort, comme sa vie familiale et Lucie est complètement piégée. Pourtant, elle constate beaucoup de choses bizarres comme cette jeune Christelle qui débarque, enceinte, puis met au monde un enfant dont on ignore qui est le père, ou encore ces couples qui se forment à la nuit tombée lors du séjour à Maranatha, dans les montagnes, près de Grenoble. Là, il faut travailler, restaurer les bâtiments, prier, se priver de nourriture en attendant l'apparition du Berger qui a su se faire désirer au maximum.
À chaque page tournée, je me demandais quand Lucie allait enfin se révolter, réagir, alors qu'elle subit une emprise totale de la part de Thierry. Jeune femme intelligente, cultivée, diplômée, elle est entièrement soumise à la volonté du Berger qui en profite au maximum, comme il le fait avec d'autres, d'ailleurs.
Le Berger est un roman remarquablement écrit, conduit avec maîtrise. J'ai regretté qu'il s'arrête subitement, laissant en suspens le sort du plus sinistre personnage mais l'essentiel était démontré.
C'est assurément un roman à lire !

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A bientôt trente ans, Lucie, conservatrice d'un petit musée de l'Oise, s'étiole dans une existence morne et solitaire. Invitée par une amie dans un groupe de prières, elle découvre une communauté qui prend bientôt une place essentielle dans sa vie, surtout lorsque Thierry, le leader, la fait entrer dans son cercle d'initiés. L'emprise de la secte se resserre peu à peu sur Lucie…


Pas à pas, le récit est une glissade lente et subreptice vers un danger que Lucie ne voit pas. Aussi stupéfait et impuissant que les quelques proches de la jeune femme, le lecteur assiste à son parcours, comme aimanté par l'influence insidieuse qui entreprend de l'envelopper et d'annihiler chez elle toute volonté de s'échapper. Les mécanismes de manipulation utilisés ressemblent au déploiement d'une toile d'araignée, où viennent librement s'engluer des victimes, d'abord attirées par l'espoir de combler les manques plus ou moins conscients qui pavent leur existence, puis de plus en plus incapables de résister à la paralysie grandissante qu'on leur inocule savamment. L'insertion dans la secte est une entreprise de démolition : manipulations et chantage affectifs, isolement par éloignement des proches, éviction de tout centre d'intérêt en dehors d'une doctrine basée sur l'obéissance pure, mise en place de routines contraignantes et hypnotiques, anéantissement physique par le jeûne et autres sévices, annihilation de la volonté et de la personnalité par une emprise humiliante et asservissante… le résultat sur les plus fragiles est proprement terrifiant.


Le roman ne juge ni n'explique. Il se contente de montrer la progressive descente aux enfers de ces personnes tombées dans les mains de gourous machiavéliques et sans scrupules, entièrement occupés à sucer leurs victimes jusqu'à la moelle. L'on referme ce livre avec le sentiment de n'avoir jamais aussi bien compris le pouvoir et les pratiques des sectes, ici à visée purement vénale, mais complètement extrapolables à toutes sortes d'endoctrinements, notamment terroristes… Et l'on ne peut ensuite que s'interroger sur le vide et les manques, affectifs et spirituels, qui semblent marquer tant d'existences, dans notre ère scientifique et matérialiste…


D'une facture sobre et agréable, ce roman factuel et précis sur les méthodes de vampirisation employées par les sectes s'avère intéressant et instructif. Un livre à mettre entre toutes les mains, pour sensibiliser et prévenir.


Merci à Babelio et aux Editions du Seuil de m'avoir offert cette lecture.

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Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil...

Lucie, jeune femme de 29 ans timide et peu sûre d'elle, mène une existence plutôt morne et solitaire. Un petit copain qu'elle voit de loin en loin, des parents avec qui elle partage peu, excepté le repas dominical, et très peu d'amis. Heureusement que son boulot en tant que conservatrice au musée de Bessancourt la passionne. Depuis maintenant un an, elle travaille avec Mariette, une assistante efficace et énergique, devenue son amie. Mais, ces derniers temps, celle-ci l'ennuie beaucoup en lui demandant sans cesse d'assister aux cérémonies organisées par un groupe de prière évangélique qu'elle avait découvert récemment, grâce à sa professeure de yoga. D'abord réticente, Lucie finit par accepter son invitation, Mariette vantant sans cesse la Fraternité. C'est là qu'elle fait la connaissance du Berger. Si elle éprouve dans les jours suivants une sorte d'étonnement plein de réminiscences, sa curiosité grandit et elle décide, au bout de quinze jours, d'accompagner à nouveau Mariette...

Lucie est une jeune femme, ni heureuse ni malheureuse, qui se laisse porter par la vie. Si son quotidien est morne et sans surprise, elle voit en la Fraternité et, notamment en la personne du Berger, une nouvelle et très vite meilleure façon d'entrevoir sa vie. Lucie, de par sa vulnérabilité, sa timidité, voire sa docilité, est-elle une proie idéale ? Par le biais de cette jeune femme, Anne Boquel, pour son premier roman en solo, traite, avec émotions et empathie, de l'emprise sectaire, des dégâts qu'elle peut engendrer, aussi bien socialement, psychologiquement que physiquement mais aussi de l'étau qui enserre petit à petit Lucie. Sans parti pris, l'auteure ne juge ni le comportement du Berger, ni les raisons des petits frères et petites soeurs d'intégrer la Fraternité, elle décrit, avec finesse, la lente et progressive manipulation opérée par le gourou. Un roman délicat, sensible, passionnant et servi par une écriture tout en finesse...
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Et pour débuter, un grand merci aux Éditions du Seuil et à l'équipe de Babelio qui , dans le cadre d'une masse critique privilégiée m'ont permis de découvrir le premier roman d' Anne Boquel , " le berger " .
La première chose qui m'a plu dans ce livre , c'est sa couverture que je trouve très en harmonie avec le sujet traité , la douce image , lumineuse au milieu de l'obscurité , d'une jeune fille en quête..En quête de quoi ? Peut - être de la même chose que Lucie , l'héroïne, pas vraiment à plaindre , pas vraiment heureuse non plus dans sa vie quotidienne , en quête sans doute d'un quelque chose d'un peu indéfini...Le mal- être, l'insatisfaction , le vague sentiment d'inutilité , les échecs sentimentaux ... jusqu'à ce qu'une main amicale lui ouvre les portes de la maison de la Fraternité. Immédiatement , la séduction opère et chaque jour qui passe conforte Lucie dans son désir de tourner le dos à son ancienne vie et de " sauter à pieds joints " dans un monde nouveau ...Le bonheur est là , à portée de main . Va , cours , vole , Lucie ...
Pour un premier roman , l'auteure s'est lancée " en littérature " avec un sujet bien délicat tant ses codes semblent échapper à toute logique . Peu d'actions , des mots , des gestes , des regards , des mensonges , un travail de longue haleine érodant lentement mais inexorablement l'éventuelle résistance des " petits frères et petites soeurs " . le rythme lent du récit colle parfaitement au long travail de sape décrit et les champs lexicaux qui " suivent au mieux " l'entreprise sont des révélateurs puissants et efficaces du malaise qui grandit , grandit dans un cadre hermétique et oppressant qui se referme peu à peu sur les protagonistes , nous entraînant dans l'angoisse avec eux .
Nous l'avons dit , il s'agit d'un premier roman et d'un sujet très délicat et mystérieux pour lequel les zones d'ombre sont nombreuses pour les " non - initiés " . Ce roman ne nous " éclaire " donc pas vraiment sur les " pouvoirs sectaires et leur explication " mais on apprécie de rester aux côtés de Lucie , pour l'accompagner et l'aider dans un roman " vivant " , " sensible " et prenant , écrit avec sobriété mais justesse et efficacité et , sans doute , coeur et émotion.
Puis- je dire que j'ai passé un bon moment ? Oui , assurément, cette lecture n'a aucunement été un pensum, loin de là, mais , dans le contexte sanitaire actuel , on ne peut pas dire qu'il nous remonte trop " le moral " ....allez , les dernières lignes laissent " filtrer " un rai lumineux . Pas si mal , non , après la grisaille de ce dernier jour de janvier !!!
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Lucie vit seule. Elle occupe le poste de conservateur d'un petit musée d'art religieux, très peu fréquenté. Par désoeuvrement elle accepte de se joindre à sa collègue qui fréquente une communauté spirituelle, elle qui n'a jamais manifesté un quelconque intérêt pour la religion quelle qu'elle soit. D'abord distante, mais jamais critique, elle se laisse peu à peu séduire par le charme charismatique du Berger, le gourou de l'assemblée. le mécanisme est en marche et peu à peu la secte envahit son existence, jusqu'à commettre l'irréparable.

Parcours classique de l'emprise, par un manipulateur qui sait repérer ses proies, et Lucie correspond sans aucun doute au profil type. Solitude, ennui, peu de relations, qu'elles soient familiales ou amicales.

Tout est plausible et évoque ces récits de presse qui relatent ce type d'arnaque, concernant parfois des familles entières, embrigadées peu à peu jusque'à se dépouiller de l'ensemble de ses biens.

Le style est cependant très factuel, et hormis la question de l'issue d'une telle histoire, la lecture ne suscite que peu d émotion. le roman aurait gagné en intérêt si l'écriture avait exprimé plus de passion, de parti-pris même.

Merci à Babelio et aux éditions Seuil.

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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
La tendresse qu’elle avait pour lui se réveilla de nouveau. Il lui faisait cet effet chaque fois qu’elle le voyait, sans qu’elle pût l’expliquer autrement d’une façon assez piteuse : son corps robuste lui rappelait l’apparence rassurante de son père lorsque, petite, elle venait se blottir dans ses bras après s’être fait mal. Il y avait encore ce regard insistant, un peu lourd, mais toujours bienveillant, qu’il posait sur elle, lorsque par hasard ils étaient seuls. Alors, certes, elle avait peur, un peu. Mais cette peur était délicieuse. (page 71)
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Jamais le rationalisme triomphant de [ses parents] ne s'était démenti. Farouchement hostiles à toute forme de religiosité, ils avaient leur vie durant pratiqué un athéisme militant, tout en veillant à ce que leur fille reçoive une culture religieuse solide. Lucie avait donc appris, à côté des mythes grecs, à se familiariser avec les histoires de la Bible, et même, plus tard, avec celles des saints. Le hasard avait voulu que sa carrière la mène à travailler dans un musée d'art religieux, mais les choses de la foi ne l'avaient guère préoccupée jusqu'à présent, en tout cas, pas d'une façon personnelle. Il lui était difficile d'y voir plus qu'un substrat culturel.
(p. 26)
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Lorsque Lucie avait demandé comment la communauté se finançait, Mariette avait haussé les épaules. Beaucoup d'entre eux faisaient des dons réguliers, il y avait des ventes caritatives organisées régulièrement, et puis Thierry vendait ses livres et ses brochures, avec un certain succès. (...)
Et puis, avait ajouté Mariette, lorsqu'on entrait à la Fraternité, on prenait vite l'habitude de se débarrasser du superflu : c'était tellement plus simple, grâce à Thierry, de distinguer l'essentiel, et de monnayer ce qui pouvait l'être pour aider la communauté à survivre dans les meilleures conditions.
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On devait passer une bonne partie de la nuit à danser, avant de dormir sur place, les matelas de camping et les duvets avaient été déposés dans un coin. Dans quelques heures, de nouveaux couples se formeraient, allongés dans les herbes hautes, et la cérémonie mystérieuse des corps, une nouvelle fois s’accomplirait. (page 203)
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Enfin, elle avait osé. Elle avait exécuté docilement, dans une sorte de semi-brouillard, tous les gestes qu’on attendait d’elle, poussée par une force qui la dépassait. Cette violence intime, qu’elle sentait toujours en elle, et qui la poussait à plier sous la volonté de Thierry, avait fini par la vaincre. (page 150)
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Videos de Anne Boquel (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne Boquel
C'est au tour d'Anne Boquel de vous présenter son roman " L'Enfant de la rage ", l'histoire d'un adolescent, blessé dans une descente de CRS sur la ZAD où il militait. La déflagration sur la famille et les activistes racontée avec virtuosité.
En savoir plus sur son roman : https://www.lisez.com/livre-grand-format/lenfant-de-la-rage-rentree-litteraire-janvier-2024/9782221274231
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