AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782493402226
169 pages
Les éditions de la trémie (23/11/2022)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Début des années 1990. Un jeune Français est depuis toujours attiré par certaines contrées de l’hémisphère austral, mais son esprit trop raisonnable l’empêche de s’y aventurer. Puis, les circonstances font qu’il s’embarque pour les antipodes de ses destinations rêvées. Un monde peuplé de figures du passé et de peuples anéantis prend alors forme sous ses yeux, tandis que trois hommes lui montrent le chemin, doublant le périple géographique d’une initiation amoureuse.... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Vers le monde bleuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Il y a un moment entre deux genres d'humanités où l'on en arrive à se débattre dans le vide. »
Céline, Voyage au bout de la nuit.
Guy Bordin est ethnologue et réalisateur (huit films avec Renaud de Putter), riche d'un premier roman, prometteur « L'amant fantasmatique), « Vers le monde bleu » est matière ardente, un monde olympien qui tient en haleine. La clé de voûte d'une littérature intrinsèque, comme une maison du monde flottant sur le bleu. L'azur à peine voilé par cette fiction qui navigue entre réalité, songe et quête.
On a l'impression (pour avoir lu le précédent ouvrage) d'un récit écrit face à l'horizon. Crépusculaire, surdoué, on aime de suite la douceur du ton et la maturité d'un style qui hypnotise.
La lenteur est une gageure. Un arrêt sur image, sur ce qui fût réellement du narrateur (double de l'auteur) sa vie et ses périples, ses désirs et ses renaissances.
Guy Bordin délivre un journal à peine romancé. Il y a dans le coeur de ce livre sensible et confident, la fusionnelle impression d'une rencontre rimbaldienne.
Des myriades de saveurs ethnologiques, tremblantes. L'importance de l'autre, l'étrange (er) et les relations amoureuses qui adviennent dans une orée entre les latitudes et les solitudes, les destinées Terre de Feu et les corps sublimés.
Les terres spéculatives, les errances de par le monde. Ce livre est à l'instar d'un parchemin, d'un périple salvateur, une urgence du dire appliquée.
L'initiation d'un homme qui désire résolument voyager. S'approprier le cosmopolite, les fusions des quatre éléments et les mystères des sciences-humaines. le Je du livre est une invitation.
« Mes pensées ont toujours été dirigées vers le sud, je veux dire vers Le Grand Sud, comme d'autres ne jurent que par le Grand Nord. »
La trame est une conférence à ciel ouvert, documentée, altière et apprenante. On est en transmutation. On écoute cette voix douce contée sa vie. Son départ pour saint-Pierre-de-Miquelon, jeune professeur qui profite de l'opportunité d'enseigner au plus près du Sud qu'il vénère. Il va se lier avec Jacques, connivence et attirance. Découvrir l'île, de Mirande jusqu'à la presqu'île du Cap et Grande Miquelon et plus encore.
Ils ont le même désir d'approfondir leurs savoirs, les fondements mêmes des habitus des peuples ancestraux. Ils ressentent le même désir, l'appel de l'autre, l'union charnelle dans cette beauté assumée. C'est en cela aussi que ce livre, ce monde bleu est un voyage des grandes importances. « Les dévastés du vaste monde. »
Retrouver la Tasmanienne et la Béothuk. Entre le triptyque sensuel, pur, trois hommes reliés, siamois et cette trame grandiose, spéculative. L'aurore-boréale d'un renom. le narrateur (l'auteur) décide de partir, quitter son poste, s'envoler dans l'altérité de ses vérités vers le monde bleu.
C'est un livre stupéfiant, charnel, viril, magnétique, et grandiose. L'immensité d'un homme qui délivre une multitude d'univers. Il y a toute la bienveillance pour l'humain. L'essentialisme dans sa sincérité la plus radicale. La sensualité : marée-basse, volcan et libre si libre.
« Vers le monde bleu » est une myriade d'oiseaux migrateurs en plein vol. Une histoire fusionnelle, comme du linge frais claquant au vent. Un homme, et sa vie, et dans cette justesse d'une parole qui chante le monde et l'amour pour son prochain. Publié par les majeures éditions de la Trémie. Prix du roman Gay 2022.
Commenter  J’apprécie          70
Pour son deuxième roman, Guy Bordin, ethnologue de profession, nous invite à suivre un jeune Français fraîchement muté à Saint-Pierre-et-Miquelon pour y exercer son métier de professeur. Un point de chute bien loin des contrées qu'il rêve de découvrir puisque ce qu'il l'attire, le passionne, lui, ce sont des terres du Sud comme la Terre de Feu ou la Tasmanie.
De ce point de départ, Guy Bordin construit le roman d'une double quête guidée par la soif de découverte : une quête tout ce qu'il y a de plus ethnologique d'abord, puisque le narrateur se retrouve lié à Jacques, un collègue prof de sport, passionné par la culture des peuples disparus de cette région du globe, qui veut se lancer à la recherche de trois petites statuettes censées avoir été sculptées par Shanawithit, femme qui fut dans les années 1820 le dernier membre vivant connu du peuple Béothuk, à Terre-Neuve (Canada) ; et une quête personnelle, intime, puisque notre héros va découvrir, en parallèle de l'histoire des peuples disparus de ces terres boréales, l'amour, tout épris qu'il est de Jacques avec qui il vit une relation secrète et passionnée.
« Vers le monde bleu » est un roman documenté qui n'est pas pour autant un cours d'ethnologie. Certes, il y a une mine d'informations sur les peuples auxquels s'intéressent Jacques et, par intérêt personnel autant que par amour et mimétisme, le narrateur, mais cela n'empiète pas sur la soif du lecteur de découvrir si oui ou non le narrateur aura bel et bien déniché et les poupées et l'amour et si porté par ses rencontres, son rêve d'un jour voyager en terres australes se réalisera. Et l'on tourne les pages avec une curiosité portée par l'écriture fluide de l'auteur, sans les fioritures savantes ou sexuelles auxquelles on pourrait s'attendre à l'énoncé des deux quêtes susmentionnées. Oui, il y a de l'histoire, oui, il y a du sexe, mais ni l'un ni l'autre ne sont dans l'excès, à mon goût. J'étais par exemple davantage perdu par les détails de la géographie des lieux que par la culture des peuples autochtones ou les aventures sexuelles du héros. le thème du souvenir, du devoir de mémoire à l'égard de ce qui a disparu, que ce soit un peuple, un être cher ou même un rêve, marque l'intégralité d'un récit qui marie avec justesse réalité et monde onirique. Alliance qui semble chère à l'auteur car on la retrouvait déjà dans « L'amant fantasmatique », son premier roman. Bref, même si la narration de certains événements qui marquent des tournants dans l'histoire se fait avec un tel détachement que c'en est, de prime abord, déconcertant, l'ensemble se lit avec un réel plaisir.
Commenter  J’apprécie          30
Il y a des livres auxquels nous souhaitons donner une chance même si cela semble assez délicat de parier sur eux tant ils sont loins de nos habitudes de lecture. Tous les récits n'aboutissent pas à un coup de coeur mais nombreux sont ceux qui réservent de belles surprises. "Vers le monde bleu" de Guy Bordin, édité par les éditions de la trémie, pourrait ainsi vous ravir notamment si vous partagez avec son auteur un intérêt certain pour l'ethnologie.

Guy Bordin nous fait faire la connaissance d'un jeune français métropolitain amoureux des terres australes. Après des études d'histoire-géographie, le CAPES en poche, il devra attendre de nombreuses années avant de voir son employeur lui proposer un poste sur une des terres lointaines de notre pays. C'est à St Pierre et Miquelon qu'un poste se libère et lui offre les opportunités d'une nouvelle vie. Ce n'est certes pas la destination de ses rêves mais c'est une première étape dans son périple initiatique. Il y fera de belles rencontres et plus particulièrement celle d'un professeur de sport avec lequel il partagera de nombreuses passions...

Mon intérêt grandissant sur la première moitié du livre s'est malheureusement étiolé après l'événement tragique qui mettra à mal l'équilibre précaire mais chaleureux qui s'était mis en place tant entre les différents personnages qu'entre le récit et moi. J'ai poursuivi ma lecture sans réussir à lui redonner le goût de l'envie pourtant partagé par notre héros et ses rencontres. Mes efforts furent vains et j'ai arrêté ma lecture aux deux tiers alors que j'ai horreur de ça. Que s'était-il donc passé ?

Ce livre est un savant cocktail d'ethnologie tant sur des civilisations anciennes que sur une communauté très actuelle finalement. Je n'ai malheureusement pas apprécié le dosage qui m'a obligé à arrêter avant la page de trop. Je suis pourtant certain que ce breuvage littéraire pourra en ravir plus d'un. Je vous invite donc à lire les autres avis.
Commenter  J’apprécie          50
Quelle ravissante histoire, qui me transporta dans ces contrées froides et balayées par les vents que sont les îles constituant la collectivité d'outre-mer française Saint-Pierre-et-Miquelon, située au sud de Terre-Neuve. Ce fut aussi une introduction ethno-historique plus que fascinante aux peuples qui vivaient sur ces terres jadis et, en partie, y vivent encore, notamment les Indiens Beothuk et Mi'kmaq.

L'on suit le narrateur, un jeune prof, gay mais plutôt dans le placard (davantage par discrétion et manque d'opportunités que par honte), qui se passionne depuis toujours pour le grand Sud (plus c'est près de l'Antarctique, plus ça le botte) et pour les peuplades autochtones, surtout celles désormais disparues. Il n'arrive pas trop à se l'expliquer, mais son plus grand rêve est d'aller à la rencontre des derniers survivants, si tant est qu'il y en ait, et de fouler ces rives lointaines. Bon élève, issu d'une famille de classe moyenne sans grande fortune, très terre-à-terre, il voudrait bien faire des études d'ethnologie. Mais son caractère cartésien l'en dissuade – il ne voit pas trop de débouchées à ce plan de carrière. Il se rabat donc sur la géographie et l'histoire. Diplôme en poche, il se fait embaucher sans problème par l'Éducation nationale et occupe son premier poste dans une petite ville de l'Est. Dès qu'il le peut, il dépose sa demande de mutation en sélectionnant des destinations qui le rapprochent le plus possible de son rêve : la Nouvelle-Calédonie et, après de tortueuses ratiocinations, la Guyane.

Ce que l'on lui propose est un poste à l'extrême opposé, bien plus près de l'Arctique que de son antipode tant fantasmé par le jeune homme : justement, Saint-Pierre-et-Miquelon. N'étant plus à une torsion de logique près, il accepte en se disant que, partir pour partir, le saut ultime sera plus facile à faire, psychologiquement parlant, que depuis la métropole. Une fois arrivé sur place, il fait la connaissance de son collègue Jacques, prof de sport, qui en une seule conversation réussit à vaincre le penchant du jeune homme pour la solitude. Il l'attire dans le filet de ses propres lubies, qui tournent autour d'un sujet auquel notre narrateur est bien sensible, à savoir les peuples perdus locaux, surtout les Indiens Beothuk et l'histoire de sa dernière survivante, morte au XIXe siècle à Terre-Neuve. Surprise encore plus grande pour notre prof d'histoire-géo : Jacques, quoique marié, le séduit, ils deviennent amants, ils tombent même éperdument amoureux l'un de l'autre. Mais c'est là que l'histoire prend une tournure d'abord tragique, puis romantique à souhait…

J'ai été immédiatement happé par ce récit contant la vie d'un « aventurier en mocassins à glands, effrayé par ses propres ombres », comme le narrateur, qui parle à la première personne, s'auto-décrit. C'est le deuxième roman de Guy Bordin que j'ai la chance de découvrir (après L'amant fantasmatique), et je n'ai pas été déçu, une fois de plus. Avec lui, tout ce je sais, c'est que je ne sais jamais ce qui m'attend, je ne devine pas les tournants, pas même les tenants et aboutissants. Tout a l'air neuf, frais, inattendu. le personnage principal est touchant par son manque d'assurance, ses questionnements, sa soif de rationalité même dans les domaines a priori les plus irrationnels (les émotions, les sentiments, les rêves). On connaît son caractère moins par ce qu'il dit sur lui-même (il reste assez pudique) que par la façon de laquelle il amène ses petites touches personnelles. Il vit, il prend forme, couleur et chair par sa belle prose claire, quelque peu désuète (joliment désuète, je dois dire), mais toujours directe, sans fioritures baroques.

C'est donc par le bout de mon attirance pour les belles phrases que j'ai été tiré dans cette narration, elle aussi claire et directe. Il n'y avait aucune longueur, pas un mot de trop, pas un passage superflu. Je me suis laissé entraîner, ballotter, charmer par une plume de maître, je dois le reconnaître. Que ça fait du bien de voir autant de traitement respectueux, amoureux de cette belle langue qu'est le français ! Tout était en douceur, en discrétion, et paragraphe après paragraphe, la vie de ce narrateur a pris forme. C'était touchant de suivre ce jeune homme qui faisait quand même un peu « vieux garçon » et qui éclot quand il découvre la beauté de l'amour, les délices de la chair, l'intimité de passer du temps avec un être chéri.

Après ces louanges écrites au superlatif, vous ne serez donc pas surpris si je vous exhorte à vous procurer ce petit bijou, que je recommande vivement. C'est différent, et c'est du coup très rafraîchissant.
Lien : http://livresgay.fr/vers-le-..
Commenter  J’apprécie          20
Aujourd'hui je vais évoquer Vers le monde bleu roman initiatique de Guy Bordin.
Ce roman est écrit à la première personne du singulier, le narrateur est un jeune homme français professeur d'histoire-géographie passionné d'ethnologie qui rêve d'ailleurs et de paysages du sud. L'incipit débute ainsi : « mes pensées ont toujours été dirigées vers le sud, je veux dire vers Le Grand Sud, comme d'autres ne jurent que par le Grand Nord. Dès l'enfance, lectures et rêves m'y ont transporté ». Il expose les trois destinations qui représentent les graals qu'il souhaite connaitre dans sa vie. Au début de l'histoire, dans les années 1990, il exerce dans l'est de la France mais espère ardemment une mutation vers l'outre-mer. En Lorraine il n'a pas de relation sentimentale ni de vie sexuelle avérée, il est célibataire et voit régulièrement ses parents lors des vacances. Alors qu'il fantasme les latitudes australes son destin (ou plutôt les postes vacants de l'Éducation Nationale) le conduit vers des contrées boréales. Sa destination est Saint-Pierre-et-Miquelon où il est affecté comme enseignant. Il est ravi de partir là-bas et d'exercer sa profession auprès d'élèves issus d'un environnement socio-culturel différent. le jour de la rentrée des classes il rencontre un collègue qui va le révéler à lui-même. Il était conscient de son orientation sexuelle mais à trente ans il était encore vierge. Aux côtés de Jacques, le breton professeur d'éducation physique marié à une îlienne, il va vivre une discrète, fougueuse et intense passion. C'est comme s'il devait rattraper le temps perdu et profiter de tous les plaisirs charnels offerts. Vers le monde bleu est à la fois un roman d'amour homosexuel et un parcours ethnographique, une quête dans le milieu des Inuits. Les amants passent des jours tranquilles à Miquelon où ils se promènent et font l'amour à l'abri du regard de la population locale. Quelques scènes charnelles ponctuent la narration, les descriptions sont explicites, la découverte du plaisir et de la jouissance partagés transforme le protagoniste. L'amour entre les deux hommes est incandescent et lumineux, de l'ordre de l'évidence. A partir De Saint-Pierre les deux hommes vont voyager vers Terre-Neuve et les contrées nordiques du Canada. Les descriptions des paysages et des road-trips sont réussies. Ils sont à la recherche de poupées et de statuettes autochtones, dont la légende révèle l'existence, ils cherchent des pièces uniques et visitent d'improbables musées pour trouver ces pièces. Au gré du calendrier scolaire les deux amants apprennent à se connaitre et rêvent d'un futur sentimental partagé, leur amour est réciproque, Françoise la femme de Jacques ne l'a jamais connu aussi heureux. Il meurt subitement d'une crise cardiaque et laisse son amant désemparé et seul. Ce dernier se rapproche alors de Paul un jeune indien (rencontré lors de leur périple, à l'instar de Serge autre personnage de ce récit) avec qui il va s'exiler en Patagonie abandonnant son métier et ses attaches pour vivre enfin son rêve. Quelques années après ils sont heureux ensemble, leur couple résiste au temps qui passe.
Vers le monde bleu est un texte attachant même s'il est parfois trop didactique avec les nombreuses références ethnographiques comme si l'auteur ne choisissait pas pleinement l'écriture romanesque. Les citations littéraires d'auteurs (Chatwin, Coloane et d'autres) sont intéressantes mais parfois un peu en décalage avec le propos narratif.
Voilà, je vous ai donc parlé de Vers le monde bleu de Guy Bordin paru aux éditions de la Trémie.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
Commenter  J’apprécie          20


Les plus populaires : Roman d'amour Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage en Italie

Stendhal a écrit "La Chartreuse de ..." ?

Pavie
Padoue
Parme
Piacenza

14 questions
599 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , voyages , voyage en italieCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..