« Le chat a abandonné la vie sauvage, fuyant ses difficultés, ses pénuries et ses dangereuses rencontres, et il s'est associé à l'homme pour exploiter son travail sans rien lui donner en échange, si ce n'est le plaisir d'admirer son élégance physique et son caractère altier. Afin d'éviter tout risque , il a inculqué à l'homme la conviction que sa chair est médiocre et sa fourrure méprisable. Mais, comme le seul fait de passer pour un resquilleur le désole, il a conservé un vague souvenir de ses habitudes primitives de chasseur et, de temps à autre, il feint de s'occuper des souris, veillant bien à ce que ses distractions sportives soient suffisamment rares pour être chaque fois louées, sans lui valoir de tomber dans la mesquine régularité de l'emploi. »
Paru en 1925 , ce recueil de nouvelles, plombées par le soleil noir de la mélancolie, met en scène des petits-bourgeois anxieux, une comtesse terrorisée par l'amour physique, un modeste employé , une taupe qui bouleverse la quiétude d'un père de famille. Il est l'oeuvre de l'Italien
Giuseppe Antonio Borgese, germaniste, critique, essayiste, nouvelliste et romancier, qui semble être tombé dans les oubliettes.
Gendre de
Thomas Mann, pour l'anecdote mondaine, il fut l'un des seuls professeurs d'université qui refusa de prêter serment de fidélité à Mussolini et s'exila aux Etats-Unis jusqu'à la fin des années 40.
Ce recueil de dix nouvelles, empreint de la douce mélancolie des souvenirs, de la nostalgie des instants passés, est comme un sablier retourné. Pour les personnages de Borgese, le temps s'écoule et la vie avec.