Kife la violence

Kife la violence -le titre est mauvais, ce sera mon seul bémol- n'est pas une lecture émotionnellement facile ; c'est une autobiographie, celle d'un "massacreur", comme l'appelait l'une de ses enseignantes : un voleur, un violent, un violeur.
Mais.
Mais la violence découle toujours d'autres formes de violence : celles d'un cadre familial ne laissant guère d'autres choix ; celles d'une société aux règles absurdes - Stéphane note lui-même que les flics lui font subir davantage pour le vol d'un scooter que pour l'agression d'une femme- ; celles d'une école qui encore trop souvent tente de faire entrer les élèves dans des cases plutôt que d'écouter ce qu'ils ont à dire.
A ce titre, la violence de Stéphane, dans toute sa terreur, est révélatrice de mécanismes pourris d'un monde absurde. Il semblerait qu'à peine debout sur ses jambes, Stéphane veut tout détruire, tout le temps, sans cesse. Un Caligula de Camus version réelle.
Il parviendra néanmoins, dans ce livre pour lui thérapeutique, à trouver le désir de sortir de cette spirale. Comme toute lecture difficile, c'est une lecture nécessaire. (De plus, le style est très bon.) Malgré les actes impardonnables commis par l'auteur - qui ne demande jamais une quelconque pitié du lecteur-, on le remercie -je le remercie- de nous en faire comprendre les rouages et les -fausses- fatalités. On finit secoué, mais heureux pour lui qu'il ait pu enfin l'écrire et entamer le chemin de la guérison, car oui, la violence est une maladie qui se refile comme la peste.