Jules César

Bien sûr, les biographies sur Jules César sont légions, ha, ha, ha! Celle de Joël Schmidt a le mérite d'être de lecture agréable et le propos est très clair. Nul besoin d'être expert en histoire ancienne pour l'aborder.
J'ai toutefois plusieurs remarques à formuler.
Je ne partage pas le point de vue sur les raisons qui ont conduit Marius à faire du jeune César le nouveau "flamen dialis". le flamine de Jupiter était en effet une prêtrise assortie de tant d'interdits qu'elle écartait son titulaire de toute carrière politique et militaire. Loin de protéger César, elle le neutralisait.
Je m'étonne ensuite que lorsque l'on se prétend un historien sérieux, on puisse se laisser aller à écrire cette bêtise: "[Le Colisée] date du temps de Néron, plus de cent ans après".
Page 47: César n'est pas nommé questeur; il est élu comme tous les questeurs.
Page 65: le maître de cavalerie n'est pas un titre honorifique, il est l'adjoint constitutionnel du dictateur.
Sénat, ordre sénatorial, ordre équestre: ces trois notions sont confusément évoquées, comme si l'auteur peinait à bien les différencier.
Page 86: confusion entre l'Esquilin et Subure!
Page 90: c'est le contraire! Quand le drapeau rouge flotte sur le Janicule, les comices centuriates peuvent se réunir, car aucun ennemi n'est en vue!
Page 102: il est anachronique de parler de "peine de prison", une sanction inconnue alors.
Page 148: patricien, il est Claudius. Une fois plébéien, il devient Clodius.
Page 198: "un duel à deux". On a du mal à faire des duels à trois!...
Page 208: il est erroné de parler de "population civile" dans le contexte en question.
Page 217; non, la loi n'est pas votée par le Sénat! Depuis la "lex Hortensia", le pouvoir législatif est confié selon le cas à l'Assemblée du Peuple romain et à l'Assemblée de la Plèbe.
Page 237: nouvelle bourde sur le processus électoral. Pour se faire élire, il faut être à Rome, sauf si on reçoit l'autorisation de se présenter "in absentia". Et une fois que l'on n'est plus magistrat, on redevient justiciable comme tout autre citoyen. Les élections ne se tiennent qu'à Rome, sur le Forum ou sur le Champ de Mars selon le cas.
Page 254: hormis l'exception signalée plus haut, le drapeau en tant que symbole tel que nous le connaissons n'existe pas encore. Un légionnaire ne peut pas être "sous les drapeaux"!
Page 311: le bougre persiste dans l'erreur! C'est sous Vespasien que le Colisée est construit. Il est inauguré par cent jours ininterrompus de spectacle par son fils Titus.
Page 321: "Plût à Dieu que tu fusses encore en vie, Brutus!" Pour l'heure, le ciel est encore la propriété des dieux, sous l'autorité de Jupiter!

A la réflexion, je me montre peut-être trop généreux avec autant d'étoiles...

En 350 pages, on suit la vie de Jules César de sa naissance à sa mort. On le voit étudiant, capturé par des pirates, et grimper au sommet du pouvoir. de nombreuses citations de textes de ses contemporains illustrent le texte et donnent une image complète du personnage. le texte est fluide, facilement compréhensible et sans chichis. Certains épisodes auraient toutefois mérité un peu plus de narration pour être mieux imaginés dans la tête du lecteur.