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EAN : 9782742796748
110 pages
Actes Sud (09/03/2011)
3.65/5   13 notes
Résumé :

Comment parler de sa mère quand elle vous a été arrachée dans la petite enfance par un amour violent ? Comment penser à elle, maintenant qu’elle est morte, alors que les fragments de sa présence-absence ont habité votre être et ont contribué à, vaille que vaille, fabriquer une identité morcelée ? Ce texte est une confession, une méditation, un apprentissage, un apprentissage de vivre avec un proche qui nous manque maintenant mais qui nous a manqué de son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dans l'introduction de de son récit, Paule du Bouchet nous informe du but qu'elle s'est fixé, à savoir, faire le portrait de sa mère, Tina Jolas, qui vient de mourir, femme « emportée » par sa passion pour le poète René Char très jeune, mariée et mère de deux enfants, origine de sa blessure de petite fille pour toujours marquée par la souffrance de l'abandon. A la fin de l'introduction, elle ajoute qu'elle vient de trouver « par hasard » des lettres de sa mère à une amie proche, parlant de cette passion, et qu'elle a décidé d'en semer des extraits entre les paragraphes de son récit.
Tout est là : la première intention, un portrait de mère, pour dire ce qu'elle fut, lui rendre justice aussi puisqu'elle fut une « maîtresse », et l'on sent bien que pour sa fille cela veut dire souvent bafouée, mais au fil de la lecture, c'est un autre portrait qui se dessine. Celui d'une fille qui tente de comprendre ce qu'est la passion amoureuse, dont elle a été témoin et victime collatérale, comment cette passion de mère a brisé ses rêves d'enfant, détruit sa vie d'adolescente et perturbé sa vie de femme. L'intention augurale est manichéenne, et puis, en une centaine de pages, la vengeance de la fille envers la mère traitresse, le méchant poète, le père absent et faible, se délite peu à peu. Mettant des mots sur ses maux, Paule du Bouchet ressent de l'empathie pour sa mère, et, encore plus incroyable pour elle, s'aperçoit qu'elle lui ressemble. Les faiblesses du livre en font tout l'intérêt. J'ai trouvé que souvent l'auteur tourne en rond, ressasse les mêmes choses, et même assez joliment écrit, c'est ennuyeux. le texte s'articule en petits paragraphes, pensées un peu confuses, un peu vaines… et puis survient le « hasard », les extraits de lettres en italique de la mère amoureuse, et en un sens l'histoire recommence : ces courts extraits sont d'une beauté fulgurante, d'une poésie incandescente. L'autoportrait en correspondance de la mère devient mille fois plus réussi que la tentative de portrait par sa fille. Les quelques lignes balaient tous les arguments moraux, les doutes, devant la passion amoureuse. Tout juste peut-on se dire qu'il aurait mieux fallu en effet que Tina n'ait pas d'enfant. Outre la passion amoureuse, il y a l'appel de la création artistique, plus nécessaire que la création maternelle. C'est cruel mais c'est ainsi, criant de vérité.
Alors, il est vrai que l'on devine ci et là nombre souffrances pour celle qui ne vivra jamais au quotidien avec son amour. de courts séjours dans le Vaucluse, pour se « rapprocher ». Mais l'évidence est là quand ils sont ensemble et Tina ne regrettera jamais rien, dans ce que l'on peut considérer comme un égoïsme monstrueux, quand sa famille passera toujours après sa passion. Rien à ajouter qui ne serait superflu. Paule a longtemps eu du ressentiment pour René, poète génial (vite préoccupé par l'image qu'il laissera à la postérité) mais homme comme les autres avec ses petites lâchetés, ses mensonges et surtout sa trahison finale, sans doute parce qu'elle s'est interdite longtemps d'en avoir pour son père, le vrai mystère du livre.
« Fureur et Mystère » est un recueil de René Char. Plus que « Les dentelles de Montmirail », écrit pour Tina, ce titre colle à la passion de la femme emportée. Fureur de la passion, et Mystère d'une vie pour celle qui, à la fin de son existence, demandera : « L'ai-je vraiment vécue » ?
Ce livre joliment raté est une déclaration d'amour d'une fille à sa mère qui ne répare rien, mais l'a sans doute un peu pacifiée.
Paule du Bouchet, outre la musique qu'elle pratique avec talent, écrit des livres pour enfants.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Le portrait de la mère est tracé en revendiquant l'amour éprouvé pour elle, avec émerveillement ("elle était une fée") devant sa simplicité lumineuse et la force de cet amour. Ce qui transparaît dans les très beaux passages de lettres de Tina Jolas à une amie confidente.
Mais le livre est en effet tout autant le récit d'une enfance, d'une jeunesse brisée, d'une rancune pas seulement contre Char mais contre elle cette mère absente - et curieusement un peu également contre la détresse du père qui ne fut pas protecteur. Et peu à peu la paix s'est faite entre elles, avant même qu'elle devine, en retraçant cette vie, sa part douloureuse.
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La mère de l'auteure, Tina Jolas, vécut une passion si intense avec le poète René Char, qu'elle quitta mari et enfants pour le rejoindre.
Paule du Bouchet retrace par petites touches subtiles et pudiques ce grand amour qui emporta la vie de sa mère mais qui eût aussi des répercussions sur sa vie de petite fille.
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: Livre découvert par hasard dans les rayonnages de ma médiathèque préféree: récit à vif d'une fille qui n'a que très peu connu sa mère (Tina Jolas) , toute entière amoureuse qu'elle était de René Char. Ce beau texte, très cruel par moment, nous révèle la déception de l'enfant qui n'a que très peu connue sa mère, "emportée" toute entière à sa passion pour ce poète
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Ce livre m'a EMPORTÉE. le parcours d'une hyper-sensible, "abandonnée" par sa mère tombée raide-dingue du Mage Poète René Char. Ecrits croisés de la fille avec des lettres de sa mère. Délicatesse, grandeur d'âme, dureté, douceur. Une voix unique. Enorme coup de chapeau à l'auteur qui a su transformer sa douleur en ce gracieux chef d'oeuvre.
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critiques presse (1)
LeMonde
02 juillet 2018
Auteure, éditrice, musicienne, elle abordait son histoire familiale en 2011, avec « Emportée », sur sa mère, Tina Jolas. Aujourd’hui, « Debout sur le ciel » raconte son père, le poète André du Bouchet.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ma mère a aimé plus que la raison ne le permettait. L'amour qui l'a tant portée et guidée, l'amour inconcevable, l'amour pour René Char, aura le paradigme, le modèle, l'absolu de sa vie. Le paradigme de l'amour, de la mort, de la résurrection, de l'incarnation, c'est à travers lui qu'elle l'a vécu. Et ce qui était chose invivable de son vivant, je le perçois aujourd'hui comme le don qu'elle me fait par -delà de sa mort. (p.101)
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"Comment dire sa grâce ? Ce retrait nimbé de présence, cette présence nimbée de retrait ? cette réserve et ce don d'elle-même, cette véhémence et cette foi dans les sursauts de l'âme ? Cette discrétion habitée. Comment dire cette intensité jamais outrancière, même si parfois excessive, ce feu ?"

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C'est pour tenter de faire écho, non apporter une réponse, mais faire écho à ces questions formulées sur la seule page blanche, lieu le plus retiré de son âme, qu'à mon tour je voudrais "me souvenir". L'accès à son âme, je ne l'ai pas davantage aujourd'hui - pas même un semblant de voie vers l'être mystérieux qu'elle fut, mystérieux et pourtant limpide - qu'alors, lorsqu'elle était vivante.
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Mon projet était d'écrire "sur ma mère". Je m'aperçois, en écrivant, que l'histoire qui affleure est aussi celle d'une sorte de rivalité autour de sa figure, le drame, celui d'une appropriation désespérée, dont l'enjeu parait fatal à chaque étape et à chacun, "lui" et moi, mais qui n'est pas de même nature.
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Et puis j'écris des lettres d'amour, je regarde le nom sur l'enveloppe. Ce nom a quelque chose de déchirant de violence et se termine avec un tel coup sourd. Parfois je le trouve par hasard dans les piles de vieilles revues qui traînent ici et là et c'est de nouveau ce flamboiement soudain terrible.
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Videos de Paule du Bouchet (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paule du Bouchet
Paule du Bouchet vous présente son ouvrage "La langue de l'hirondelle" aux éditions Gallimard.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3003831/paule-du-bouchet-la-langue-de-l-hirondelle-recit
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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