Après nous avoir offert une magnifique synthèse de la révolution française dans "
Le sang de Danton",
Saint Georges de Bouhélier s'intéresse avec sa nouvelle pièce "Napoléon" à l'épopée impériale.
Mais, négligeant l'ascension et l'apothéose de l'empereur, il nous fait redécouvrir son déclin, le crépuscule de l'Aigle.
A la manière de Michelet, il fait revivre sous nos yeux
L Histoire afin de mieux nous l'expliquer.
Son plus grand talent est sûrement de s'appuyer sur une documentation scrupuleuse pour pénétrer la psychologie de ses personnages, qu'il montre portés par les courants irrésistibles de leur temps.
L'action commence durant la campagne de Russie et finit à Sainte-Hélène. Cette pièce est une fresque, un grand morceau de Théâtre dont la représentation des 84 tableaux dure plus de 4 heures.
(Tous ne sont pas retranscrits intégralement dans ce numéro de "La petite illustration").
Georges de Bouhélier est un dramaturge puissant et habile qui signe là une oeuvre littéraire ambitieuse.
Certaines scènes - la dispute des généraux, l'altercation de Blucher et des Anglais,... - sont des tableaux de maître qui placent leur auteur au sommet de notre Théâtre historique.
L'auteur se place en historien, développant quelques théories nouvelles et originales, notamment concernant l'évasion de Napoléon de l'île d'Elbe qui aurait été voulu par l'Autriche et accepté par l'Angleterre pour rabaisser la superbe du Tsar et tendre un dernier piège à l'Aigle déchu ; mais il se place surtout en homme de lettres, écrivant une pièce puissante, élégante, intelligente et même parfois poétique.