St Georges de Bouhélier est un auteur dramatique, romancier et poète, qui a écrit quelques superbes pièces historiques. Il nous offre, en 1931, sur la scène de la
Comédie-Française, une tragédie politique qu'il fait précéder, dans cette édition, d'une superbe préface.
"Nécessité gouverne le monde".
Clémenceau à qui l'auteur parlait, un jour, de sa pièce lui répondit : "Les hommes de la Révolution ne sont pas des hommes extraordinaires. A la Commune et dans les parlements, j'en ai vu qui les valaient. Danton est le plus sympathique, mais il y a en lui bien des choses louches.
Robespierre avait un génie de constructeur. Mais il a échoué dans sa tâche, faute de décision".
"
Le sang de Danton" est le fruit du travail de trois ans de recherche et d'écriture.
C'est une pièce en trois actes et vingt-cinq tableaux. Une quarantaine d'acteurs la font vivre, soutenue par les deux grandes figures de Danton et de
Robespierre.
C'est aussi une épopée, une oeuvre tragique, empreinte de grandeur, qui se meut dans la violence. En dehors des séances du tribunal révolutionnaire et de celles de la Convention, presque toutes les scènes en sont imaginées. Ce qui importe à l'auteur, c'est la façon dont les personnages s'y comportent.
Tout en tenant la balance égale entre Danton et
Robespierre, sans prendre parti dans le duel qui les oppose, St Georges de Bouhélier a tenté d'éclairer la figure de l'homme qui se cache derrière le terrible idéologue attaché jusqu'à l'outrance à la vertu et à la légalité.
L'action se déroule sur quatre mois. le 9 Thermidor y fait fait écho au 9 Germinal. le jour où Danton a été perdu,
Robespierre l'était aussi.
Dans cette oeuvre magnifique, l'auteur, fait parler à ses personnages un langage digne d'eux et les apostrophes mémorables, que la postérité a conservé, sont enchâssés dans des dialogues qui conservent le souffle prodigieux des circonstances.
C'est au final une pièce ambitieuse, écrite avec talent, qui traverse le temps, à l'exemple du "Théâtre de la Révolution" de
Romain Rolland, sans perdre ni sa force, ni son élégance et dont le propos conserve son actualité.
St Georges de Bouhélier disait du Théâtre "qu'il avait, sur le plus brillant cinéma de l'Univers, cette supériorité d'être une création de l'esprit ayant ses lois propres. Des hommes en chair et en os, dont les lèvres sont habitées de phrases et de cris, qui viennent du coeur, voilà ce que le Théâtre a toujours pour but de réaliser".