Je ne puis que chanter les louanges de celui qui a le premier extrait la morphine de capsules de pavot. C'est un véritable bienfaiteur de l'humanité.
Le morphinomane a un bonheur dont personne ne peut le priver : la capacité de mener sa vie dans une solitude totale. Or la solitude, cela signifie des pensées importantes, qui ont du fond, cela signifie contemplation, quiétude, sagesse,...
Commencent alors les douleurs, l'angoisse, le noir. Le printemps gronde, des oiseaux noirs volettent d'une brance dénudée à une autre et, au loin, la forêt se dresse vers le ciel telle une ligne brisée, hérissée et noire, et derrière, embrasant le quart du ciel, le premier crépuscule du printemps.
Les bons esprits l'ont relevé de longue date, le bonheur est comme la santé : lorsqu'il est là, on ne le remarque pas. Mais que passent les années, il vous revient en mémoire, et de quelle façon !
Le diable dans un flacon. La cocaine, c'est le diable dans un flacon !
Lorsque je ne prends pas de morphine, je redoute les bruits les plus ténus, les êtres humains me sont haïssables. Ils me font peur. En période d’euphorie, j’aime tout le monde mais je préfère être seul.
Bref, l'être humain n'existe plus. Il est hors circuit. C'est un cadavre qui s'agite, languit, souffre. Qui ne veut rien, ne pense à rien, sauf à la morphine. De la morphine!
La cocaïne, c'est le diable dans un flacon!
Il serait très bon que les médecins aient la possibilité d'essayer sur eux-mêmes de nombreux médicaments. Ils auraient une tout autre idée de leur mode d'agir.
J'ai peur du moindre bruit, je hais tout le monde quand je suis en phase d'abstinence. les gens me font peur. En phase d'euphorie, je les aime tous, mais je préfère la solitude.