«
le Meneur de lune » ou l'insurrection de l'âme dans la mort du corps.
Blessé à l'âge de 21 ans, pendant le Première Guerre mondiale, par une balle qui lui traversa la colonne vertébrale.
Joe Bousquet (écrivain et poète français) restera paralyser, toute sa vie, jusqu'à sa mort (1897-1950) dans sa chambre à Carcassonne.
De cette infirmité, la poésie deviendra son moteur de vie, ou comme il le dit, lui-même : «son sens du langage et de l'être ».
Joe Bousquet au corps meurtri, cassé, fragilisé, et vulnérable, est impuissant ; et, devant une telle déchéance, il la ressent comme une vive douleur.
Mais il la transcendera par la poésie qui surréalise le réel (comme miroir de son corps et de sa douleur qui est devenue son corps même !).
L'homme au vol arrêté, a survolé et la solitude et le temps en tissant dans sa toile (sa chambre) autant de belles correspondances, «
Lettres à une jeune fille », «
Lettres à Poisson d'Or » que de beaux textes : «
Traduit du silence », « le Médisant par bonté », «
La Connaissance du soir », «
D'un regard l'autre » ou encore «
Papillon de neige ».
Toute son oeuvre est un chant sublime de l'amour de la vie : « La peur de vivre est cachée dans l'amour. Et, ainsi dissimulée, elle ne s'appelle plus la peur de vivre, mais bien l'amour de vivre ».
Joe Bousquet fait parti de ces hommes qui font subir un renversement de leur vulnérabilité pour en faire une force ! le handicap limite nos capacités physiques mais n'obère en rien les possibilités infinies de l'être : on est d'autant plus fort qu'on se connaît et s'assume vulnérable.
Aussi,
Joe Bousquet compose, certes pour s'exprimer, mais c'est avant tout pour s'emparer de la vie et lui rendre sa hauteur.
Pierre Reverdy disait : « la valeur d'une oeuvre est en raison du contact poignant du poète avec sa destinée ».