Je met 5 étoiles à cette lecture, même si mon impossibilité à comparer
Orbital à quoi que ce soit d'autres vide cette note de sens.
Une lecture ardue, plus que tout ce que j'ai lu depuis longtemps.
J'ai mis trois jours a lire les 120 pages, temps pendant lequel j'ai la sensation que mes cheminements de pensée habituels ont été modulé pour pouvoir appréhender ce que je lisais, tellement c'était autre. le texte est singulier d'abord par son écriture, que j'ai trouvé incroyablement belle. Les mots sont associés d'une manière improbable, prennent un chemin qu'on aurait pas imaginé possible. Et ces chemins détournés créent dans l'esprit des possibilités qui sans ça resteraient dormantes.
Pourtant certains éléments de cette lecture sont extractibles, traduisibles pour quelqu'un n'ayant vécu l'expérience du texte. Il y a des personnages, des actions, une histoire, même si elle est annoncée comme sans intrigue, ce mode étant « non disponible ». En effet le livre s'ouvre sur les lignes de code d'un terminal informatique. On apprend que le récit est en fait la lecture texte d'un fichier (les données audio et vidéos n'étant plus disponible). le programme _ _NARRHATOR_ _ est lancé. Les informations contenues dans le fichier (le livre donc) sont annoncées comme étant des « bribes fictionnelles à haute teneur narrative » et « trop parcellaires pour [être] hiérarchisées. »
Malgré ces qualificatifs le texte est tout sauf un fouillis désordonné.
Au fil de la lecture on en apprend plus sur les personnages, sur le maintenant et même sur l'avant.
On apprend à mieux cerner les contours holographiques de la Juge, son obsession du contrôle total et sans faille des individus qui compose la Flotte. A Hope iiiX, extension, programme érotique qui affermit ce contrôle. Sur le Prototype, entité informe et arme suprême qui « existe pour assaillir seulement » (toute forme de vie non autorisée). Sur le Coéquipier, qui l'accompagne lors des Missions, produit en série et sans cesse détruit, sans cesse revenu, car jamais longtemps sans faille.
De l'avant on saura peu de chose. Car la Juge « façonne en continu ce qui existe » et tout ce qui n'est pas maintenant et ici (le passé, le dehors etc.) nuit à « l'immobilité sous les crânes » et est impitoyablement supprimé.
Sans doute les éléments constitutifs de ce récit pourraient-ils être extraits, mis à nus, exposés de manière neutre et objective. Il en resterait des réflexions intéressantes, des éléments de science-fiction captivants et intelligents. En autre on dirait qu'il s'agit d'un roman sur le contrôle et ses rouages qui se passe dans le futur à bord d'un vaisseau spatial.
Mais l'intérêt de ce livre réside dans sa lecture, dans l'expérience crée par l'assemblage des mots et leur ingestion par le lecteur. Dans la structure du récit, sans intrigue peut être mais pas sans direction. Dans ce qu'
Elsa Boyer créée d'indicible et d'inédit.
« Le coéquipier demande à son assistant personnel à quoi ressemblait les fenêtres, de quels matériaux elles étaient faites, leurs formes, les ouvertures. le ciel derrière, les yeux, le voyaient-ils flou, le voyaient-ils loin […] Il peut a peine croire à un ciel, un bleu sur une étendue de dimension non limitée. le bleu a été supprimé pour tous les individus exceptés ceux de la classe Exec ».