Quand j'apprends la parution de ce livre, je me dis aussitôt : il me le faut ! Un reportage sur de grands reporters, quelle bonne idée, il me faut ce livre !
Depuis
L'Adversaire d'@
Emmanuel Carrère je me suis prise de passion pour "le journalisme littéraire" : avec ensuite @
Ivan Jablonka ou @
Florence Aubenas... J'adore ces auteurs qui nous content le réel. Or, en parcourant la liste des livres proposés dans la masse critique non-fiction de Babelio de février je découvre avec
le Temps du reportage - naïve que je suis - que les Etats-Unis possèdent une longue et riche tradition dans ce genre ! Je coche ce livre parmi beaucoup d'autres, et je le reçois. Cet ouvrage est une traduction proposée par les Editions du sous-sol d'une parution de 2005. Il s'agit d'entretiens avec 19 des plus grands auteurs contemporains américains de "non-fiction", initiés par Robert S.Boyton, directeur du programme de journalisme littérature à New York. 684 pages : du lourd. Trop pour moi ? 19 entretiens !! je vais fléchir, c'est sûr, au bout de quelques-uns...et puis je ne connais que deux écrivains :
Jon Krakauer et
William Finnegan... Je commence par la préface, très éclairante, qui précise ce l'histoire et l'importance du nouveau journalisme de
Tom Wolfe et de ses continuateurs. Une bonne entame. Ensuite je me décide pour une lecture à l'aventure, en commençant par l'auteur de
Into the Wild et Everest,
Jon Krakauer. Après une brève présentation du parcours de l'écrivain, commence une conversation absolument passionnante, au cours de laquelle il confie toutes les joies et les douleurs de son travail. J'apprends par exemple qu'il doit "accepter d'être le ver dans le fruit" pour accéder aux informations souhaitées, et qu'il veut apporter un éclairage au lecteur "face aux réalités dérangeantes" des situations extrêmes qui l'intéressent particulièrement. Enchantée par cette première lecture, je continue. Et là, surprise : aucune lassitude ! Même si la lecture complète de l'ouvrage me prend du temps - une semaine, nécessaire étant donnée la richesse du contenu - aucun entretien ne se ressemble ! C'est fort, car il faut bien s'enquérir des mêmes aspects pour tous les auteurs : manière de mener les recherches et les rencontres, routines et temps de l'écriture, questions éthiques, buts poursuivis, thèmes de prédilection... Les entretiens sont menés assez subtilement pour ne pas donner l'impression de lourdeur, l'ordre et la formulation des questions varient d'un auteur à l'autre. de plus, chacun d'entre eux révèle une personnalité forte et originale, si bien qu'on les confond jamais malgré leur nombre ! Ainsi
Ron Rosenbaum, qui s'intéresse au Mal, et se définit " comme un "obsédé des obsessions" ;
Adrian Nicole LeBlanc qui nous apprend qu'elle a mis 12 ans pour écrire Les enfants du Bronx, et voit son travail comme un moyen de "susciter un moment de connexion humaine profonde entre le lecteur et un monde qu'il ne connaît pas" ;
Richard Preston qui dès 2003 s'intéressait aux nouveaux
virus ; Alex Klotlowitz qui développe le journalisme d'empathie et détruit les préjugés... et tous les autres ! Vraiment une réussite, un livre qui place le lecteur au coeur du travail de ces conteurs du réel, une mise en abyme extrêmement intelligente qui n'a qu'un défaut : allonger la liste des livres à lire ! Merci à @
Adrien Bosc , directeur des éditions du sous-sol ( que j'ai écouté récemment dans l'Instant M sur France Inter), et à ses traducteurs - notamment @
Michael Belano -de nous donner accès à "ce bréviaire passionnant du genre" venu d'outre-Atlantique.