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Qui à notre époque a encore entendu parler de Ménie Grégoire ? Peut-être les plus de 60 ans s'en souviennent-elles et se rappellent aussi les scandales et les hostilités que l'émission radiophonique "L'heure des femmes" a provoqués, mais qui a tellement apporté à la cause féminine.

Adèle Bréau, petite fille de Ménie Grégoire, a entrepris ici, dans ce roman passionnant mêlant fiction et éléments véridiques, de lui rendre un bel hommage et de réparer l'oubli dans lequel est tombé cette femme exceptionnelle, cette "dame de coeur" ainsi qu'elle était surnommée.

Nous sommes en 1967, les françaises ont acquis le droit de vote vingt ans auparavant, mais ce sont toujours les hommes qui règnent en maîtres dans leur quotidien et qui conditionne leur vie. La loi Neuwirth qui autorise l'usage de contraceptifs, de la pilule en particulier, vient d'être votée, mais se heurte à de nombreuses réticences. Quant à l'intervention volontaire de grossesse, elle est lourdement pénalisée, ce qui n'empêche pas un grand nombre d'avortements clandestins pratiqués dans des conditions abominables.

Ménie Grégoire, femme élégante et distinguée, issue de la grande bourgeoise de province et épouse d'un haut fonctionnaire, a passé la cinquantaine lorsque la station radiophonique RTL lui demande d'animer une nouvelle émission entièrement dédiée aux femmes. le créneau horaire, pour leur donner la parole, est soigneusement choisi. Ce sera 15 heures, moment privilégié pour les ménagères et mères de famille. Elles ont terminé leurs travaux domestiques, leurs enfants font la sieste ou sont encore à l'école, la ligne est à elles ! Qu'elles saisissent l'opportunité qui leur est donnée de discuter de tout et de rien ! de leurs problèmes quotidiens liés aux traditions machistes et religieuses : charges ménagères, grossesses à répétition, violences conjugales, absence d'informations sexuelles...

Le succès de l'émission sera immédiat, les appels téléphoniques vont se multiplier au standard de RTL et les courriers émouvants de femmes, souvent en détresse, vont être lus et commentés à l'antenne, provoquant une prise de conscience et l'espérance d'une prochaine émancipation.

Ce roman est passionnant, une fois commencé, j'ai eu du mal à le lâcher. D'une part c'est le portrait magnifique d'une femme dynamique et résolument féministe, qui, bravant les tabous et les hostilités, a tant oeuvré pour la cause des femmes leur donnant l'espoir de prendre leur destin en main. C'est aussi une peinture sociale sur quelques décennies, avec des personnages fictifs mais attachants, et des situations bien réelles extraites des lettres d'auditrices, méticuleusement archivées.

Que de "chamboulements", que chemin parcouru depuis les années soixante, que de libertés durement acquises pour ces générations de "femmes si longtemps baillonnées dans un bonheur imposé" par des mentalités machistes rétrogrades et des traditions religieuses. Mais attention aux régressions ; rien n'est jamais acquis et la lutte ne doit pas cesser.

#Challenge ABC 2023 / 2024
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Qui se souvient de Menie Grégoire, la journaliste à l'écoute des femmes à la radio, dans les années soixante ? C'était une émission un peu révolutionnaire pour l'époque, dans le sens où elle était programmée l'après-midi, lorsque les femmes dans leur majorité se trouvaient seules à la maison et pouvaient libérer leur parole. Menie Grégoire leur offrait une écoute bienveillante, sans jugement et pouvait aussi donner des conseils.

Adèle Bréau, la petite fille de Menie redonne vie à cette dernière dans ce roman où quatre femmes sont mises en scène, Mireille et sa soeur Suzanne, Menie elle-même, et Esther une documentaliste.

Esther sort d'une liaison destructrice et est à la recherche d'enregistrements ou de transcriptions d'enregistrements de l'émission de Menie. Mireille mère de famille nombreuse et Suzanne, toutes deux victimes de grossesses non désirées, vont petit à petit reprendre leur vie en main grâce à l'émission.
Menie, elle, anime avec coeur cette émission au succès croissant au détriment de sa vie personnelle. Il lui faut du courage pour lutter contre les idées préconçues de l'époque qui restreignent la liberté des femmes, pour affronter les attaques, les insultes et parfois les menaces. Surtout lorsqu'on parlait contraception, consentement, avortement, liberté de travailler, épanouissement personnel et sexuel.

C'est un roman témoignage intéressant qui a le mérite de rappeler ce qu'était la condition des femmes en France dans les années soixante. Ménie Grégoire y apparait comme une ouverture sur un autre monde possible, un monde qui n'est plus subi. Un portrait d'une femme en avance sur son temps sur bien des points et que fait revivre Adèle Bréau dans un livre qui se lit plutôt agréablement.
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Contrairement à de nombreux lecteurs - et surtout lectrices, je ne connaissais pas Adèle Bréau, mais je me souviens très bien de Ménie Grégoire et de son émission de l'après-midi sur RTL dans les années 1970.

Adèle Bréau a réussi à éviter les pièges d'une biographie de sa célèbre grand-mère en mettant en évidence autant le rôle qu'elle a joué dans la vie de nombreuses femmes, que son rôle au sein de sa famille bourgeoise, déstabilisée par la célébrité tardive et ô combien sulphureuse à l'époque.

Il y a certains aspects de la société des années 1960 et 1970 qui auraient mérité d'être plus approfondis et examinés d'un oeil plus critique. Son arrivée à Radio Luxembourg n'étant pas seulement dû à l'amitié entre le nouveau directeur des programmes et son mari, mais sans doute par le fait qu'aucun journaliste ou présentateur aguérri ne souhaitait se compromettre avec une émission qui présentait aussi peu de prestige et à une heure d'écoute de femmes au foyer.

Dans les années 1980, lors d'une participation à l'émission Les grosses têtes, Ménie Grégoire avait avoué que ses émissions étaient entièrement enregistrées et non diffusées en direct, étant donné parfois la violence et de la crudité de certains témoignages.
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Après avoir lu les critiques élogieuses sur ce roman, je me suis laissée tenter. Je ne connaissais Menie Grégoire que de nom. Ma grand-mère aimait écouter son émission, mais je n'en savais pas davantage. Cette biographie mêlant réalité et fiction a été écrite par la petite-fille de la journaliste.

Menie Grégoire (1919-2014) est originaire de Cholet en Maine-et-Loire. Issue d'une famille bourgeoise, elle fait des études d'histoire et d'archéologie. Mariée à un haut fonctionnaire d'État et mère de trois filles, elle décide dans les années 1960 de devenir journaliste pour la presse féminine. On lui confie ensuite une émission à la radio sur RTL dans laquelle elle donne la parole aux femmes. À l'antenne, elle évoque des sujets tabous tels que la sexualité et la contraception. Son émission s'intéresse à la vie quotidienne des femmes et leur donne la parole. Menie Grégoire devient une personnalité admirée mais elle est aussi l'objet de critiques et de moqueries.

Dans ce roman, les chapitres alternent pour nous faire découvrir les parcours de plusieurs femmes. À travers les expériences de chacune, plusieurs problématiques sont soulevées. Menie cherche à s'émanciper de l'éducation inculquée par sa mère. Elle rencontre des difficultés à concilier sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Mireille, mère de famille nombreuse et femme au foyer dans les années 1960, subit son devoir conjugal sans sourciller, son corps est épuisé par la succession des grossesses. Pour Suzanne, la soeur de Mireille, il est question de la méconnaissance de son propre corps, de l'avortement ou encore l'émancipation par la voie professionnelle. Enfin, nous découvrons aussi le personnage d'Esther, une documentariste qui effectue des recherches sur l'émission de Menie Grégoire au XXIème siècle. Esther cherche à se libérer de l'emprise d'un homme violent.

Ce roman se lit facilement. Il traite de nombreux aspects de la vie des femmes sur plusieurs décennies. C'est un sujet qui m'intéresse personnellement et me touche. Ce livre donne un aperçu du climat de la société française de la fin des années 1960. À cette époque (qui n'est pourtant pas si lointaine), la contraception est encore très mal vue, mal expliquée et n'est pas remboursée. La détresse des femmes qui enchaînent les grossesses est perceptible dans ce livre. Beaucoup de femmes mariées se croient frigides, mais en réalité, il s'agit bien souvent d'une méconnaissance, de lacunes en matière d'éducation sexuelle aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

De 1967 à 1981, l'émission Allô, Menie, va permettre aux femmes de s'exprimer, d'apprendre à mieux se connaître et à s'affirmer. Les témoignages recueillis aideront de nombreuses femmes à se sentir moins seules face à leurs problèmes. Aujourd'hui, ces archives sont des ressources intéressantes pour les études de sociologie. À noter, la journaliste donnait aussi la parole aux hommes (même s'ils étaient peu nombreux).
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L'Heure des Femmes est une lecture très prenante qui, à travers trois récits qui s'entremêlent, nous offre le portrait de Ménie Grégoire et de son influence sur la société de son époque et sur celle d'aujourd'hui.

Il y a d'abord Mireille et Suzanne, deux soeurs élevées dans une petite ville pour être de bonnes épouses et de bonnes mères, entièrement dévouées à leur famille. Leur histoire illustre de ce que pouvait le quotidien ordinaire d'une femme entre grossesses à répétition, corvées ménagères, époux à satisfaire... quand elles avaient la chance de se marier et de ne pas être considérées comme des vieilles filles décrépites passé vingt-cinq ans.
On découvre comment leur situation évolue juste parce qu'elles reçoivent enfin des informations (sur le fonctionnement de leur corps, la contraception,...) et quelques encouragements à s'émanciper, notamment grâce à l'émission de Ménie Grégoire qui leur montre que c'est possible.

Il y a aussi Esther qui, plus de cinquante ans après, se lance sur les traces de Ménie Grégoire afin de réunir la documentation pour une biographie, alors qu'elle essaie de se remettre d'une relation amoureuse avec un homme violent.
Son parcours nous fait prendre conscience que, alors que les lois, l'éducation et la société ont évolué et devraient assurer l'égalité hommes / femmes, les femmes ne sont pas à l'abri d'un compagnon abusif, d'institutions peu à l'écoute ou pire, de leur propre conception de leur place dans la famille, l'entreprise, la société...

Et puis bien sûr, il y a Ménie Grégoire, mère et épouse de la bourgeoisie parisienne, qui deviendra à la cinquantaine passée une figure médiatique controversée à cause de l'émission radio où elle donne la parole aux femmes de toutes conditions. On découvre une femme décidée à se libérer d'une éducation traditionaliste sans pour autant remettre en question le mariage ou la maternité, une femme curieuse de ce qui se passe autour d'elle dans d'une société en mutation (mai 68 n'est pas loin), une femme pleine de volonté et d'empathie désireuse de faire changer les choses.

Des trois histoires, c'est finalement celle de Ménie Grégoire qui m'a le moins plu. le récit est très fragmenté et j'ai parfois eu l'impression de redites, notamment sur la façon dont elle néglige un peu sa famille pour son émission, le tourbillon social qu'elle adore, le poids des confidences reçues...
A l'inverse, j'aurais aimé en apprendre davantage sur ce qui se passe pour les jeunes femmes des deux autres histoires. En effet, là aussi le récit est morcelé et plusieurs années peuvent être passées sous silence avant qu'on ne les retrouve alors que bien des choses se sont passées pour elles.

Je me suis cependant laissé complètement happer par ce roman qui est un très bel hommage de l'autrice à sa grand-mère.
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Ce roman offre une perspective fascinante sur l'évolution des droits des femmes à travers différentes époques, en se concentrant sur l'impact d'une émission de radio animée par Menie Grégoire. Voici un résumé des points clés :
1. Portraits de femmes à différentes époques: le roman explore les histoires de plusieurs femmes à différentes époques, toutes influencées d'une manière ou d'une autre par les émissions de radio de Menie Grégoire. Ces femmes, comme Mireille, Suzanne et Esther, représentent une diversité d'expériences et de défis rencontrés par les femmes au fil du temps.
2. L'héritage de Menie Grégoire: Menie Grégoire, animatrice de l'émission "Allô, Menie" sur RTL, est présentée comme une figure inspirante qui a abordé des sujets tabous à la radio, encourageant ainsi l'émancipation des femmes. Son courage et sa ténacité dans la discussion ouverte de questions telles que la contraception, la sexualité et les violences conjugales ont eu un impact profond sur la vie de nombreuses femmes.
3. L'entraide et l'émancipation : Les destins croisés des personnages du roman démontrent l'importance de l'entraide entre les femmes et de la prise de conscience individuelle et collective pour l'émancipation. Les émissions de radio de Menie Grégoire ont joué un rôle crucial dans cette prise de conscience, offrant aux femmes une plateforme pour s'exprimer et prendre le contrôle de leur vie.
4. L'hommage et la continuité : le roman rend hommage à Menie Grégoire en explorant son impact sur les générations suivantes, y compris sa petite-fille qui écrit le livre. En intégrant des extraits de courriers reçus par Menie Grégoire, le roman offre également un aperçu émouvant de la réalité vécue par de nombreuses femmes à l'époque.
En résumé, ce roman offre une méditation poignante sur le combat des femmes pour l'égalité et l'émancipation, tout en rendant hommage à une figure inspirante de l'histoire des médias.
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« Chère Ménie, j'en ai gros sur le coeur ».
Des lettres qui commençaient ainsi, Ménie Grégoire, « la dame de coeur » de la radio en a reçu des milliers.
Des femmes de toutes conditions, mariées, mères de familles, célibataires, elles ont toutes le même sentiment de passer à côté de leur vie, de n'être ni comprises ni respectées dans leur quotidien.
Un mari, de beaux enfants en bonne santé, une maison, que pouvait-elle demander de plus ? La majorité des hommes étaient convaincus que les femmes devaient rester à la maison.
« L'heure des femmes », c'est le milieu d'après-midi. Les maris sont au travail, les enfants à l'école. L'oreille attentive, elles prennent le temps d'écouter l'émission de Radio Luxembourg où elles existent par l'attention que leur porte Ménie Grégoire.
Adèle Bréau retrace le portrait de Ménie Grégoire, sa grand-mère, qui bien que née avec une cuillère d'argent dans la bouche, a toujours été attentives au sort de ces femmes qui n'avaient jamais été écouté.
Ménie Grégoire est arrivé sans crier gare dans l'univers machiste du journalisme et de la radio en osant parler de la sexualité des femmes, de la contraception, de l'avortement, de l'orgasme féminin, de l'amour et de la famille et de bien d'autres choses.
Adèle Bréau met en parallèle le sort des auditrices mais aussi la vie de sa grand-mère femme volontaire et déterminée.
Je me souviens très bien de ces émissions que j'écoutais parfois, mais que ma mère ne ratait jamais. Retrouver Ménie Grégoire à travers le regard de sa petite fille a été un réel plaisir.
J'ai apprécié l'écriture de l'auteure que je connaissais déjà pour avoir lu « Frangines » et « L'odeur de la colle en pot ».
« L'heure des femmes » est un roman très réussi.
Merci à NetGalley et aux Editions JC Lattès.
#Lheuredesfemmes #NetGalleyFrance
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Je ne connaissais Menie Grégoire que de nom, ayant souvenir de l'avoir entendu à la radio lorsque ma mère écoutait ses émissions sur son transistor, en jardinant, mais étant trop jeune moi-même pour y prêter attention plus que ça.

Je découvre donc avec ce livre écrit par sa petite fille, une personnalité hors du commun, une bourgeoise avant-gardiste, féministe, qui a contribué à libérer la parole des femmes avec son émission sur Radio Luxembourg, devenue RTL, qui dura de 1967 à 1981.

Mais ce livre n'est pas une biographie de Menie, c'est un roman qui met les femmes en avant. On jongle avec les années, les différentes époques, naviguant de 1930 à 2023. On suit l'évolution de la condition féminine, des mentalités, à travers plusieurs portraits de femmes, Menie bien sûr, mais aussi Mireille et Suzanne, les deux soeurs qui évoluent dans les années 60, 70, Esther, notre contemporaine, documentariste/écrivaine, chargée d'un travail de recherche sur Menie Grégoire, et beaucoup d'autres.

Pour rappel, la pilule contraceptive a été autorisée par une loi promulguée en décembre 1967, et la légalisation de l'avortement en 1975. C'est à la fois loin et tout près. Menie a été une bouée de sauvetage pour beaucoup de femmes à l'époque. Elle les écoute, les comprend, les conseille. Elle est véritablement en empathie avec elles.

Avec Menie en figure de proue, entremêlant la réalité et la fiction, ce roman rend un bel hommage à cette "dame de coeur", ainsi qu'à toutes les femmes qui ont traversé ces décennies avec plus ou moins de bonheur, plus ou moins de réussite, plus ou moins de combativité, mais qui ont toutes à leur niveau contribué à faire avancer la condition féminine.
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Adèle BREAU. L'heure des femmes.

Adèle BREAU, nous livre un roman-biographie, dévoilant la démarche innovante que sa grand-mère Menie GREGOIRE, a réalisé de 1967 à 1982. En effet, cette dernière a animé sur les ondes de RTL, une émission pour les femmes. La thématique développée au sein de ses interventions quotidiennes permet aux femmes de parler de la sexualité, de l'ignorance de leur corps, d'éducation, de leurs désirs sexuels et de leur attente du plaisir, de la contraception, de l'interruption volontaire de la grossesse, des problèmes dans le couple, de la violence, de l'inceste, etc.… Au cours de ses débats, des femmes et parfois des hommes l'appellent et lui font part des problèmes rencontrés dans le couple, du chômage, des enfants souvent trop nombreux, toutes ces grossesses qu'elles subissent, de la difficulté de concilier travail et famille, etc... de femmes soumises aux bons désirs de ces hommes, à leurs exigences, elles sont toutes, du fait de la méconnaissance de leurs corps en quête de liberté sexuelle, de jouissance, de bonheur, d'équilibre, d'harmonie sexuelle. Pourquoi, n'auraient-elles pas, comme les hommes droit au plaisir, à un épanouissement complet lors de leurs relations amoureuses ? Elles ne veulent plus être uniquement des mère, des porteuses d'enfants souvent non voulus : elles ont participé activement à l'effort de guerre lors des deux précédentes guerres mondiales, remplaçant les hommes sur le front, que ce soit dans les travaux agricoles, et la mécanisation n'était qu'à ses balbutiements, dans les usines où elles ont fabriqué des bombes, des cartouches destinés à chasser l'ennemi hors de nos frontières. Elles méritent la reconnaissance des hommes, leur gratitude, leur respect…

Grâce à cette femme, issue de la bourgeoisie, nous avons aujourd'hui, une liberté sexuelle, une contraception adaptée à notre vie, une certaine reconnaissance de nos qualités de gestion, du relationnel, de l'éducation. Cependant de graves déviances règnent encore et dans toutes les classes sociales. Oui, l'inceste est encore à nos portes, les violences conjugales existent et hebdomadairement, il n'est pas rare, de voir dans nos quotidiens ou d'entendre à la radio, à la télévision qu'un nouveau féminicide a eu lieu... La machine est en marche : chacun doit faire un pas vers l'autre, non dans la violence mais dans l'amour, le respect, la déférence, la tolérance, l'estime de soi et d'autrui. Il nous faut donc être très vigilant, éduquer nos enfants, leur inculquer les bonnes règles de conduite. Mais je constate, à mon grand regret, le rôle néfaste des réseaux sociaux et la sexualisation à outrance de nos jeunes. Tous ces jeunes gens qui utilisent la toile pour envoyer des photos plus ou moins dénudés de leur corps entraînent une érotisation des rapports entre eux… Il nous faut veiller encore plus sur notre jeunesse, afin d'éviter des drames.

Merci à Adèle, la petite-fille de Menie pour ce bel hommage rendu à cette femme chère à notre coeur et qui a su, plaider avec justesse, la cause de ces femmes en détresse. Elle est à l'origine de l'introduction de la pilule, en France, de l'ouverture d'un plus grand nombre de plannings familiaux et le la loi sur IVG, défendue avec beaucoup de conviction par Simone VEIL, à la tribune de l'Assemblée Nationale. Je vous conseille de vous pencher sur le destin de cette femme qui nous a ouvert la voie du plaisir sexuel partagé avec nos partenaires et qui doit mettre fin à la satisfaction personnelle de leurs instincts primaires... Je me permets de vous signaler les livres de Ivan JABLONKA, « Des hommes justes », traitant du patriarcat aux nouvelles masculinités, et celui de Mathieu PALAIN, «Nos pères, nos frères, nos amis », parlant des violences faites aux femmes. Bonne journée à toutes et tous.
(08/11/2023).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Les lettres, les appels, les témoignages affluent. Derrière le micro de la radio, elle est l'oreille et les conseils de toute une population. Parce que si c'est surtout des femmes dont il est question, leur vie, leur rêve, leur difficulté, c'est aussi les couples, les familles que touchent l'émission de Menie. Et elle résonne encore aujourd'hui…

L'heure des femmes est un roman tout aussi addictif qu'instructif. C'est tout autant un témoignage que l'histoire romancée d'une époque. C'est un livre qui éclaire notre passé, et recentre la femme dans tout ce qui l'élève et la grandit…

Plusieurs époques, plusieurs personnages : l'histoire est habilement construite. Elle nous bouscule un peu au départ, le temps de comprendre qui se situe où. Mais les liens se tissent rapidement et le rythme se lance.

Menie Grégoire est une femme qui a marqué l'histoire de la radio. Elle animait une puis deux émissions qui ont libéré la parole des femmes. Souvent enfermées chez elles, elles se sont aperçues qu'elles vivaient souvent les mêmes blessures, qu'elles étaient confrontées aux mêmes difficultés. La solidarité, le partage, ont alors été leur force et cette envie de liberté est devenue commune à toutes ces mères, ces jeunes femmes soumises à la loi du plus fort.

Il reste encore du chemin… l'équilibre est précaire… En mettant en lumière d'une si belle façon le début du combat, Adèle Bréau encourage chacun et chacune à rester debout. Elle pose les mots, délicatement, sur les plaies encore à vif qui demandent du temps et des mains tendues. La liberté n'a pas de prix, sauf peut-être celui de la parole et du partage…
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