L’appartement

Une vie paisible, confortable, dans une certaine situation d'autarcie. Voilà la vie d'Abel, le narrateur et de sa soeur, Léonie, dans un appartement Haussmannien de plus de 200m2. Cet appartement leur est prêté mais Abel ne sait pas pour combien de temps. Il vit côté Est, dans les petites pièces sombres, Léonie a choisi les grandes pièces claires, ensoleillées, hautes de plafond, côté Ouest. Ils se rejoignent le plus souvent dans la cuisine d'un autre temps.

Depuis combien de temps sont-ils là ? Comment font-ils pour vivre ? Les informations pratiques sont pauvres. Il n'y a plus de notion d'espace et de temps.

Abel et Léonie ne veulent pas ressembler à leurs parents. Ils se surveillent, se scrutent, à l'affût de la moindre ressemblance, la moindre faiblesse. Ils ne veulent surtout pas reproduire. Pourtant avec les années, ils ont tendance à imiter leurs parents tellement décriés. L'enfance est leur sujet de prédilection et maintenant ils peuvent s'en moquer. Ils éprouvent d'ailleurs un plaisir féroce à se moquer d'eux-mêmes.

La civilisation ne manque pas à Abel, il ne sort jamais, il est loin de tout, dans une espèce de vide sidéral. Personne pour lui dire ce qu'il doit faire de ses journées, le bonheur pour lui, apparemment. Il a eu une vie amoureuse, avant, et pense souvent à une femme.

Léonie s'occupe du ravitaillement plusieurs fois par semaine. Elle s'absente, parfois longtemps et quand elle rentre, elle abandonne ses chaussures rouges à talons dans un coin. Abel ne nous raconte pas grand-chose sur sa soeur. Est-il sous emprise ?

Et cet appartement, est-il juste un lieu ou un troisième personnage ?

Un huis-clos inquiétant voire angoissant, loin du bruit et de la fureur du monde, un enfermement voulu.

Il faut se plonger dans le cerveau d'Abel pour pouvoir répondre à des questions qui paraissent normales, oublier le temps, la rationalité.