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EAN : 9782330005306
330 pages
Actes Sud (10/03/2012)
3.77/5   85 notes
Résumé :
Avec virtuosité et panache, Rosalinda nous fait partager sa façon d'affronter la misère matérielle et spirituelle de son pays l'URSS des années 1980, marqué par les pénuries et la corruption. Lorsque sa fille Sulfia tombe enceinte mais ignore de qui, Rosalinda remue ciel et terre pour empêcher l'arrivée
d'une nouvelle bouche à nourrir. En vain. Une petite fille est née. Contre toute attente, Rosalinda se transforme en grand-mère fervente et donne aussitôt à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Rosalinda est tatare et orpheline et son éducation dans un orphelinat russe en a fait un pur produit soviétique peu enclin à la sentimentalité.
Rosalinda est belle, débrouillarde, travailleuse, rusée et très autoritaire : elle régente sans état d'âme la vie de son mari, de sa fille mal aimée et de sa petite fille adorée. La vie est rude en URSS, les privations y sont légions et la vie dans un appartement collectif n'est pas facile tous les jours, mais Rosalinda déploie une énergie formidable qui lui permet de résister plutôt bien à une existence terne et difficile, et même d'enjoliver sa vie quotidienne. Lorsque sa fille « tombe » enceinte des oeuvres d'un inconnu, Rosalinda ne perd pas le nord et prend les choses en main avec son pragmatisme coutumier, et de la même façon, lorsqu'elle considèrera que la vie en Russie n'offre aucun avenir à sa petite-fille, elle mettra tout en oeuvre pour réussir à émigrer en Allemagne. Car Rosalinda ne se laisse jamais abattre et croit de toutes ses forces en un avenir radieux qui justifie les moyens… Ce qu'elle ne comprend pas, en revanche, c'est qu'on puisse avoir des aspirations différentes des siennes !
Dans ce savoureux portrait de femme russe, Alina Bronsky esquisse avec humour et beaucoup de dérision la réalité de la vie en Russie soviétique dans les années 80. Mais aussi, avec pudeur , la difficulté de vivre dans un système peu propice à l'épanouissement et à l'expression des sentiments, un système où le matérialisme prime par nécessité sur tout le reste… Drôle et triste à la fois, mordant et douloureux, c'est aussi l'histoire d'un peuple un peu déboussolé par des années de privations et d'oppression. Touchant et réjouissant à la fois !
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Livre trouvé au hasard de ma déambulation dans la médiathèque de mon quartier...
Couverture attrayante, nom de l'auteur à consonance slave, le terme "cuisine" (je suis gourmande) et "descendance" (je suis une adepte des livres traitant des relations familiales)... Il n'en fallait pas plus pour que je tente la lecture!
Bien m'en a pris, ce fut un régal littéraire !
Une écriture absolument délicieuse, à déguster au second degré, à savourer entre les lignes ! Une narratrice piquante, acide, succulente de mauvaise foi, pimentée d'un égoïsme hors-pair, assaisonnée d'une inventivité sans limites, le tout nappé d'une pincée d'informations aussi intéressantes que colorées sur la vie sous le joug soviétique.
Bref, le genre de lecture dont je reprendrais une bouchée avec un plaisir de gourmet !
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Cuisine tatare et descendance nous entraine sur trente ans dans la vie de Rosalinda. le livre commence en ex-URSS, a la fin des années 1970, ou sa fille de 17 ans est enceinte. La survie dans un pays en proie au manque de nourriture, a la corruption n'est pas facile mais Rosalinda a plus d'un tour dans son sac.

En effet, c'est une femme a la poigne de fer, une reine de la débrouille mais aussi une femme tyrannique. Elle est fascinante en tant que personnage de roman et on prend plaisir à lire ses aventures mais on est drôlement heureux de ne pas avoir une femme comme ça dans son entourage.

J'ai adoré le ton qu'Alina Bronsky donne à son roman et je lui tire mon chapeau d'avoir mis autant de légèrement en abordant des thèmes si durs. Je suis conquise par ce premier roman que j'ai lu en 24h tant j'avais envie de connaitre le destin des trois femmes de la famille. Celui-ci me donne envie de lire d'autres romans de l'auteure mais aussi d'en découvrir plus sur la cuisine tatare.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Cette femme est dingue ! Et dangereuse ! Une mère/belle-mère de cauchemar ! Je veux parler de la narratrice, Rosalinda, odieuse avec ses proches, impitoyable, de mauvaise foi, persuadée d'avoir toujours raison, égocentrée, se mêlant de tout ce qui ne la concerne pas, calculatrice, etc.
Elle est prête à tout :
1/ pour garder sa petite-fille
2/ pour une vie meilleure, en l'occurrence échapper à la dégradation des conditions de vie dans l'URSS des années 1980.

Une lecture extrêmement agréable, on prend vite les divagations de Rosalinda avec humour. C'est méchant, grinçant, outré, mais drôle... J'ai commencé cependant à sourire jaune sur le dernier tiers, où l'inconscience, l'aveuglement de la garce vont vraiment trop loin... Puis une douceur s'installe, on s'attache enfin à la - désormais vieille - femme lorsqu'elle devient humaine, vulnérable.

Un joli récit qui aura en plus eu le mérite de m'apprendre qui sont les Tatars (ancien peuple turc qui, au XIe siècle, nomadisait entre la partie orientale de la Mongolie et l'actuel Kazakhstan - source : Wikipedia).
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Portrait d'une grand-mère tatare pour le moins atypique, genre "pète-sec" ; caractère très affirmé, franc-parler, idées bien arrêtées , maniant davantage la baguette que les pincettes, voulant régenter tout son petit monde, en particulier sa fille, indolente, incompétente, une parfaite incapable à ses yeux, et sa petite-fille sur laquelle elle fonde tous ses espoirs.
Roman à l'humour piquant, voire irritant, agaçant !
Cuisine exotique piquante, à goûter et à apprécier….ou pas, selon la sensibilité de ses "papilles linguistiques" !
Je n'ai point craint, mais ne m'en suis pas pour autant léchée les babines !
Toutefois, la fin de l'histoire, où un malheureux événement vient ébranler et humaniser cette grand-mère et mère "paille de fer", avec quelques petites pointes de tendresse, vient contrebalancer un jugement peut-être un peu sévère.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
J'avais entendu dire qu'un nouveau restaurant avait ouvert à Moscou, dans la rue Gorki, et qu'on faisait des heures de queue pour y entrer. Nous avons pris le métro pour y aller et en effet : ceux qui se trouvaient au début de la file d'attente n'en voyaient pas le bout. Bien sûr, nous nous sommes empressées de prendre nous aussi notre tour, comme tout le monde. Je me relayais avec Sulfia : l'une de nous gardait la place dans la queue tandis que l'autre soignait ses courbatures sur un banc ensoleillé. Au bout de trois heures et demie, c'était enfin à nous. Après avoir examiné les plats représentés en grand sur des posters bariolés, nous avons répété sans les comprendre les mots que prononçaient les clients précédents. Nous avons ainsi commandé des bâtonnets de pommes de terre légers et croustillants, de la viande glissée dans un petit pain incroyablement tendre et des chaussons chauds fourrés à la pomme et à la myrtille. Tout était soigneusement emballé dans du papier et placé dans de petites boîtes en carton. "C'est un très bon restaurant," ai-je dit à Sulfia.
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Je suis allée voir mon mari qui mangeait un ragoût de légumes, assis dans la cuisine, et je lui ai demandé si j’étais méchante. Il s’est étranglé et a été pris d’une quinte de toux. Patiente, j’ai attendu. Il toussait de plus belle. Ses yeux ronds étaient figés dans une expression de panique. J’attendais. Il toussait toujours. Je lui ai donné une tape dans le dos.
“Alors, ai-je repris, est-ce que je suis méchante ?” Il a piqué une aubergine du bout de sa fourchette. Avant qu’il ne se la fourre dans la bouche, je la lui ai arrachée des mains. “Est-ce que je suis méchante ?” Mon mari regardait ses pieds. Ses cils noirs et épais – ces cils que j’avais un jour tant aimés – tremblaient comme ceux d’une jeune fille. J’en ai eu chaud au cœur : je me suis rappelé les années de disette de ma jeunesse. Dommage que Sulfia n’ait pas hérité de ces cils, ai-je pensé. Par bonheur, Aminat avait les mêmes, elle. “Bon, alors, ai-je demandé, est-ce que je suis méchante ? — Mais quelle drôle d’idée, ma chérie, a balbutié mon mari. Tu es tout à fait, tout à fait formidable. Tu es la meilleure. Tu es si intelligente… et si belle… et tu sais si bien cuisiner ! — D’accord, mais ça ne dit pas si je suis méchante ou pas, me suis-je obstinée. Je peux très bien être une parfaite cuisinière et faire souffrir tout le monde autour de moi. — Mais non, mon poussin, a dit mon mari en utilisant un surnom qu’il me donnait dans les premières années de notre mariage. Tu ne fais souffrir… personne. Tu es tellement bonne pour nous tous.
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“On m’a dit que vous collectiez des recettes”, ai-je dit dans l’espoir qu’il
s’arrête ainsi de manger. J’avais déjà des haut-le-cœur. Pour Sulfia, c’était
plus facile : en tant qu’infirmière, elle était habituée à pire.
Enfin, Dieter a fait glisser sa gorgée de vin au fond de son gosier.
“Tout à fait, tout à fait, a-t-il répondu de sa petite voix fluette.
— Et que comptez-vous en faire ?”
Il a saisi un coin de la serviette posée sur ses genoux et s’est tamponné les
lèvres pour en essuyer le gras.
“J’écris un livre, a-t-il déclaré.
— Et sur quoi, puis-je vous demander ?
— Sur les recettes, les recettes de cuisine, a dit Dieter. Les recettes anciennes, traditionnelles.
— Et ces recettes, qui devra vous les cuisiner ? Votre femme ? ai-je
demandé sans y croire.
— Je suis quelqu’un qui n’est pas marié avec une femme, a répondu
Dieter dans son drôle de russe.
— Votre mère, alors ?
— Dieu m’en garde.”
Je commençais à avoir mal à la tête. Dieter a souri d’une oreille à l’autre.
“C’est moi qui cuisine, a-t-il dit. Oui, moi, moi.
— Oh”, ai-je fait. Face à moi se tenait un vrai crétin venu de loin –
comme si nous n’en avions pas suffisamment ici.
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Pendant les premières années de notre mariage, il en parlait beaucoup. Je l'écoutais -je savais comment il fallait se tenir, en tant qu'épouse. Le plus important était de ne pas faire remarquer à l'époux qu'il racontait n'importe quoi. L'indulgence de l'épouse était le ciment du mariage.
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La plupart du temps, toutefois, un écriteau "Pas de lait aujourd'hui" y était accroché. Je me demandais par quel mystère le lait était tout à coup devenu si rare. Où étaient passés nos troupeaux de vaches ? Avaient-ils donc tous déserté les pâturages de notre immense pays ?
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Vidéo de Alina Bronsky

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Payot - Marque Page - Alina Bronsky - Cuisine tatare et descendance
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