Le sage, dit le maître Zen, accueille d'un coeur égal la flatterie ou le mépris. Il est semblable à la flamme d'une bougie, qui monte droite et claire, et qui, au moindre souffle ne faseye. Nul ne peut nous agresser moralement sans notre consentement, c'est nous qui ouvrons les écluses au chagrin. Aucune injure ne pouvait faire lâcher prise à la tortue. L'insulte, le mépris, l'anathème représentent l'opinion de celui qui les profère, c'est son problème, pas le nôtre. Il se peut au demeurant que le blâme soit justifié, nous l'acceptons comme tel. Qui est parfait?
Il se peut aussi qu'il soit erroné, partial, injuste, nous le laissons dans la bouche de celui qui l'a prononcé. Notre paix, notre destin sont entre nos mains.
"Entre nos dents", bougonne le fantôme de la tortue.
"Maître, montrez-moi la Voie de la délivrance!
- Qui t'a enchaîné? interroge le maître, nomme-le moi!
- Personne, dit le disciple.
- Alors pourquoi demandes-tu la délivrance?"
Le remords est une plaie ouverte. Il a des effets délétères sur les autres, et sur soi. Il convient, dit le sage, d'assumer ses erreurs, d'offrir réparation, et de passer outre.
"A quoi sert de courir le monde? dit le maître zen. Ce que vous poursuivez avec tant d'ardeur et de zèle est là, déjà. C'est en vous que se trouve la nature du Bouddha."