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EAN : 9782381400181
Viviane Hamy (19/01/2022)
3.38/5   13 notes
Résumé :
Non, non, non, elle n'est pas si sexy. Pas sexy du tout. Ah bon ? Si elle a de la beauté, et elle en a, plus que de la beauté, autre chose que de la beauté, personne ne sait exactement ce que c'est, la beauté, la sienne est généralement ramenée au cliché de la beauté slave, sensuelle et froide. Pour l'instant, elle la gomme. Elle s'oblige, sans y penser, à la gommer ou à ne garder que la froideur. Ou elle y est obligée, question de survie. Comme étrangère, Russe en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Lorsqu'on évoque l'oeuvre de Matisse, on pense tout de suite à ses nus d'un bleu cobalt qu'on nommera le bleu Matisse. L'oeuvre du peintre Henri Matisse, né à la fin du XIX e siècle, est colossale, mais ce que l'on connait moins, ce sont ses sources d'inspiration. Outre son épouse Amélie, nombre de modèles ont été ses muses pour un temps plus ou moins long, comme Hélène Galitzine, princesse russe exilée. Il y aura aussi Monique Bourgeois qui deviendra soeur Jacques-Marie chez les dominicaines et entrainera le vieux peintre à décorer la chapelle du Rosaire à Vence. L'un de ses modèles a été plus que cela pour le vieux peintre, c'est Lydia Delectorskaya. Russe de Sibérie, orpheline et pauvre, elle entre au service du couple Matisse pour un emploi sans qualifications : garde malade et dame de compagnie auprès de madame, intendante toute puissante du foyer.
Enigmatique, efficace et discrète, la jeune fille se fait sa place auprès du couple, entre l'épouse régente et le vieux peintre exigeant. Il faut veiller madame et poser comme modèle pour monsieur, des journées bien remplies mais jamais une plainte. Cela va durer des années jusqu'à ce que l'épouse prenne ombrage de cette fille trop belle dont la sensualité éclate dans les tableaux de son mari. Et puis, le contrat stipulait qu'elle était à son service, et la voilà qui consacre presque tout son temps à Matisse qui ne peut plus se passer d'elle en tant que modèle mais aussi d'assistante. La rupture est totale, on ne veut plus d'elle. Mais le maitre a trop besoin de cette fille qui l'apaise et l'inspire tout à la fois avec son calme et sa sensualité. Et, l'épouse partie, la voilà qui remonte en scène.
Lydia Delectorskaya va se consacrer entièrement au maitre dont elle connait les exigences. Elle le suivra durant la débâcle de la seconde guerre mondiale, tandis que lui refusait de fuir à l'étranger pour ne pas se séparer d'elle, l'étrangère.
A la mort du maitre en 1954, elle a quarante-quatre ans et elle est seule au monde. Elle gagnera sa vie en tant que traductrice de russe et restera fidèle à Matisse jusqu'à sa mort. Autrice de deux livres sur le peintre, elle restera muette quant à la vraie nature de sa relation avec le maitre.
On ne s'étonnera pas que François Vallejo ait été captivé par cette égérie qui garde sa part de mystère et ses secrets. A-t-elle été sa maitresse, ou bien cet amour réel entre eux n'a-t-il été que fantasmé ? On n'en saura rien, et elle sera bafouée, rejetée et traitée en ennemie et en intrigante malgré son altruisme et sa discrétion.
C'est là qu'entre en scène la fiction et l'auteur nous dit : « Seule une narration libre peut avoir la prétention de serrer d'un peu plus près le type de relation inédit qui s'est inventé, puis instauré entre un vieil artiste et une jeune partenaire. »
Tout au long de cette biographie romancée, l'auteur titille notre curiosité, il sait nous captiver tout en nous faisant découvrir la genèse des oeuvres de Matisse. C'est un véritable plaisir que de pénétrer l'intimité de dizaines de tableaux et dessins que Lydia Delectoskaya a inspirés au maitre.
François Vallejo n'affirme rien, il laisse ouverte la porte de tous les possibles. Cette biographie enrichie de l'imagination de l'auteur est écrite dans un style alerte et sans fioritures. Un vrai régal de lecture !

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Certains auteurs ont le pouvoir d'installer d'emblée le lecteur dans un univers familier. On peut citer Murakami qui en deux lignes enveloppe son lecteur dans un brouillard nimbé de poésie. On peut aussi penser à François Vallejo dont l'extraordinaire plume saisit en deux mots .
Car oui, au delà du thème du livre , François Vallejo a son style bien a lui. Brillant, surprenant parfois, il amène son lecteur de tournures en phrases désarticulées dans une histoire où les mots et leur ajustement , la syntaxe, ont autant d'importance que le fond.
Le fond , justement. Henri Matisse et plus particulièrement, sa relation avec Lydia Delectorskaya, jeune orpheline russe échouée à Paris , mariée par intérêt dont la rencontre avec le peintre va changer la vie , leur vie.
Les 22 ans de collaboration sont ici narrés, entre maladie , épouse légitime , commandes de tableaux, érotisme avoué ou non , guerre, schisme familial et bien sur peinture .
On ne prend pas partie ici, on se contente de relater, d'étayer par des témoignages de biographes (on dirait du Vallejo raté !).
Au lecteur de se faire sa propre opinion . Amour , simple relation professionnelle , amenant la moitié des protagonistes à se désaper des heures devant l'autre moitié sans témoin, voyeurisme d'un vieux pervers , abus d'autorité ou au contraire escroquerie globale de la Delector, à vous de vous faire une opinion. Tout ça au milieu de la vie de Matisse , de ses oeuvres dont la confection de certaines est ici détaillée.
C'est un roman , une bio, un essai , je n'en sais rien non plus, mais c'est très fort, remarquablement écrit et très dense culturellement .

Pour ceux qui seraient intéressés par la thématique , l'auteur s'est plongé au moins deux fois dans le monde de l'art avec @groom et @efface toute trace, deux autres brillantes réussites.
Merci à Babelio et aux éditions Viviane Hamy
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La delector, c'est une jeune russe, Lydia Delectorskaya, entrée au service de Matisse en 1932 puis de son épouse à partir de l'année suivante comme garde-malade et dame de compagnie et qui avec le temps deviendra modèle, secrétaire, recruteuse de modèles, intendante… alors qu'à son embauche elle ne maîtrisait pas très bien le français et ne connaissait strictement rien à l'art. Elle va devenir si indispensable que malgré sa discrétion, Mme Matisse la prendra soudain en grippe au point de la chasser. Finalement c'est Mme Matisse qui s'en va et Lydia qui revient quelques mois plus tard à la demande de Matisse. Elle fut très discrète ce qui explique que François Vallejo n'ait pas vraiment écrit une biographie, car il le reconnaît, il brode, émet des hypothèses, pour combler les nombreux non-dits. Enigmatique, Lydia le restera après la mort du peintre en 1954. Elle écrira des livres sur lui, mais restera toujours muette sur sa relation personnelle avec le peintre, on ne saura jamais si elle fut sa maîtresse ou si ce fut seulement un fantasme. Cet ouvrage est donc à la croisée entre récit biographique et roman. François Vallejo explore toutes les hypothèses mais n'en choisit jamais aucune, laissant à la Delector son mystère. Il a le mérite de nous faire découvrir un pan de la vie de Matisse assez largement passé sous silence en France jusqu'à récemment. Et de nous décrire dans un style très agréable à lire des moments de la genèse de quelques oeuvres : la version définitive de la Danse pour Albert Barnes, Les yeux bleus, le jardin d'hiver, … dont certaines n'existent plus comme le Nu rose crevette qui faisait l'admiration de Bonnard. Un livre a mi-chemin entre essai, roman et biographie et d'une lecture très agréable qui nous fait découvrir le parcours incroyable d'une illustre inconnue, débarquée de Sibérie en France dans les années 20 via la Mandchourie. On peut dire au moins que sa vie fut un roman.
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La délector, c'est Lydia Delectorskaya, cette jeune russe qui, entrée au service de madame Matisse en tant que dame de compagnie, deviendra garde malade, secrétaire, recruteuse de modèles et, ce qui passera à la postérité, muse et modèle de Matisse.
Lorsqu'elle le rencontre, Matisse est déjà un peintre reconnu mondialement mais elle, la russe pauvre et qui parle mal le français, ne connait rien à l'art en général et à la peinture en particulier. Pourtant, très vite, elle va se révéler indispensable au vieux maitre qui est en pleine réalisation d'une oeuvre gigantesque : « La danse ». de petite main, elle deviendra modèle lorsque Matisse se laissera séduire par sa beauté slave.
Bien que discrète et énigmatique, elle finira par prendre trop de place auprès de Matisse au point d'offenser l'épouse qui obligera son mari à la chasser. Mais elle reviendra, rappelée par le vieux maitre lorsque l'épouse aura demandé la séparation de corps et de biens. Ils ne se quitteront plus, fustigés par la morale de l'époque qui verra ce rapprochement d'un vieil homme toujours marié avec une jeune femme divorcée contraire aux bonnes moeurs. Mais quelle a été la teneur de leur relation ? L'auteur tourne autour de ces deux êtres si complices dans l'art comme dans la vie, il échafaude des scénarios, remplit les blanc et les silences, car jamais la Delector n'a fait de confidences sur leur relation.
Au-delà d'un beau portrait de femme amoureuse, on se promène dans un musée vivant en découvrant les créations du maitre et particulièrement celles que sa muse lui a inspirées.
Le style est fluide, direct et on ne s'ennuie pas une minute à suivre ce destin singulier d'une orpheline russe séduite par un grand peintre et son art.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Viviane Hamy pour cette agréable et surprenante lecture.


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La delector c'est une femme qui fut modèle de Matisse mais surtout "la dame à tout faire" qui a suivi la famille des années durant.
Le roman nous relate la relation qui s'était établie entre le peintre et son modèle, l'influence qu'elle a pu apporter aux créations de celui-ci, l'emprise importante qu'elle suscita. Où est la part de vérité, d'imagination ? Ce livre m'a permis surtout de reconsulter mes livres sur l'art et de revoir les tableaux décrits dans le livre sous un autre aspect.
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
13 janvier 2022
La Delector n’est ni un essai ni une biographie ni même une fiction. Ou plutôt, c’est tout cela à la fois. Magnifique livre, beau de son entêtement à décrire l’indicible d’un lien, retenant toutes les réponses et n’en privilégiant aucune.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Elle est russe, les moujiks et leurs femmes ou leurs filles ont de l'endurance, elle baisse la tête comme eux, ce ne sera pas un siècle de servage, , seulement quelques jours, semaines ou mois, une œuvre à finir. Un chef-d’œuvre à finir, on ne peut pas le dire trop vite, personne ne le sait encore, sauf le maitre, mais il ne va pas s'étendre sur le sujet devant une aide transitoire.
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C'est pénible d'en arriver à se dire que l'art, pour la majorité des gens, c'est l'humanisme, l'altruisme, la bonté, la solidarité, alors que l'art, à certains sommets, c'est l’égoïsme, le totalitarisme, le surhumain, bref l'inhumain. Personne n'accepte une vérité pareille, peut-être parce que personne n'aime ni ne comprend vraiment l'art. Et il faut continuer à peindre, comme si de rien n'était.
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Il la couchait sur ses toiles pendant qu'elle tendait la sienne pour l'y faire tomber.
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Videos de François Vallejo (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Vallejo
Il est des hommes pour qui l'art est le théâtre de toutes les ambitions et de tous les risques. Il paraîtrait même que certains en sont morts. Avec Paul Greveillac ("Art Nouveau", Gallimard), Dominique Maisons ("Avant les diamants", La Martinière) et François Vallejo ("Efface toute trace", Viviane Hamy). Animée par Laure Dautriche, journaliste à Europe 1.
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