La Toile de l'araignée - La Tangence des parallèles

"Prenez garde !"
A peine eut-il proféré ces mots - avec un frisson dû en parties égales à la brusque transition de l'excitation à l'inquiétude et à leur passage d'un climat subtropical à un climat subarctique - qu'il se rendit compte de leur absurdité, adressés à un aveugle. Mais Mustapha était habitué à son infirmité, au bout de...combien de temps ? Quinze ans, cinquante ? Ce n'était pas une question à poser.
Il obéit cependant, se raidit et entra dans cet état de totale attention qui, avait parfois imaginé Hans Dykstra, pouvait réellement arrêter pour lui le passage du temps, lui permettre de se distancier du monde des gens ordinaires pour en dresser, sans le voir, un inventaire exhaustif.
Cela provoque chez Hans un nouveau frisson, malgré sa combinaison climatisée.
Puis il comprit : bien sûr ! Des toiles d'araignée !
Hans se contraignit à prendre une profonde respiration, et la peur s'évanouit, tandis que l'air glacé pénétrait dans son masque. Il n'y avait pas de lumière, sinon celle de la puissante lampe de poche qu'il avait emportée, et la toute première chose qu'il avait vue en arrivant, c'était ces fils gris pelucheux lui interdisant la sortie du tobohu.