A mes filles

La vie sans idéal est vraiment par trop vide. L'espoir nous est aussi nécessaire que le pain ; manger son pain en restant privé d'espoir, c'est mourir lentement de faim.

J'ai remarqué à quel point nos jeunes Américains souffrent plus que les jeunes des autres pays de cette sensation d'inutilité. On prolonge indûment leur enfance, qui devient alors une sorte de vide, dans lequel ils déversent les sports et les distractions et, ils se démènent beaucoup sans rien faire d'utile, ce qui laisse leur âme insatisfaite. Nul ne peut grandir et connaître une profonde satisfaction de soi s'il n'est pas conscient de contribuer au développement de la race humaine.

La nourriture est indispensable à tous. Pourquoi la considérer comme une marchandise négociable au même titre par exemple que les bijoux que seuls les riches peuvent s'offrir ? Comme l'air ou l'eau, la nourriture devrait se trouver accessible à tous. De même l'instruction est indispensable pour l'esprit, et la santé indispensable pour le corps et tous les êtres humains devraient les trouver à leur disposition dans le monde entier.

Envers ses propres enfants, qui vous procurent tant de joies, on a beaucoup, de responsabilités. On se demande si on les a élevés comme il faut, c'est une question qui tenaille les parents intelligents. Mais que demande-t-on aux grands-parents, sinon beaucoup d'amour et de nombreuses gâteries ? Ils sont assurés de l'impunité puisque les critiques concernant un enfant mal élevé s'adressent aux parents.

Comment tirer du court moment qui nous est dévolu le maximum de bonheur et de bienfaits ? En les répartissant équitablement entre tous. La profonde satisfaction que donne le bonheur d'autrui, un juste partage des nécessités de la vie, procurent un réel bonheur, l'assurance d'une liberté inaliénable. C'est là, et là seulement que résident le vrai bonheur, la vraie liberté.